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Punk QC

Chroniqueur Charles Laplante
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Depuis un bon moment, cette chronique vous sert de micro-cours d’histoire des différents courants musicaux à l’échelle mondiale. Ce mois-ci, par contre, on se concentre sur ce qu’il s’est passé à la maison au cours des 40 dernières années, plus précisément dans le domaine du punk made in Québec. Enfilez vos Doc Martens, sortez le mascara et la teinture à cheveux, on part!

Les années 1970-1980

Si l’arrivée massive du punk au Québec est tardive, elle apparaît dès 1977, embryonnaire. Le groupe Danger de Polo Bellemare (Dédé Traké, les Frères à ch’val), tout comme les 222’S menés successivement par Johnny Frisson et Chris Barry, commencent à se faire entendre dans certains bars québécois et s’inspirent fortement des New York Dolls et des Damned. D’autres jeunes chanteurs sont eux aussi influencés par le mouvement punk anglais. C’est le cas d’un certain Patrick Bourgeois (feu leader des BB) qui mène à l’époque le groupe Les Wipers (à ne pas confondre avec le groupe américain du même nom). Le groupe sortira en 1980 Nome Noma, un 45 tours punk aux influences new wave.

Vers la fin des années 1980, les punks deviennent plus intenses et sont souvent issus de la rue. C’est au sein de la communauté punk anarchiste montréalaise et dans un contexte de rivalités entre skinheads racistes et antiracistes que naît le groupe Flokons givrés à la fin des années 1980. Cette époque verra également naître GrimSkunk et Groovy Aardvark, qui deviendront de véritables piliers de la scène locale au milieu des années 1990.

Les années 1990

Alors que le punk est de plus en plus assimilé par la culture de masse, il continue à influencer une grande quantité de groupes d’ici. Les Green Day, Offspring et autres porte-étendards du skate punk ont une influence majeure sur les groupes de l’époque (notamment From Grass to Cheese, les Marmottes Aplaties, NoVac’nc et les Vulgaires machins). Le ska punk est également très populaire (Subb, Mustard Plug, etc.). Des émissions de télévision sont consacrées au style sur les ondes de MusiquePlus et le festival underground itinérant Polliwog voit le jour. À Québec, les Secrétaires Volantes font beaucoup de bruit avec un punk bien ancré dans la tradition garage. Un peu plus tard, les Breastfeeders poussent davantage l’esthétique sixties et influencent toute une génération de rockers, qui rangent leurs culottes larges pour adopter les skinny jeans.

Les années 2000

Au tournant du siècle, le punk québécois devient plus expérimental grâce aux George Leningrad, un quatuor noise qui influence grandement l’électro-punk délirant de Duchess Says et de leur chanteuse électrique, Annie-Claude Deschênes. C’est également lors de cette décennie que CPC Gangbangs terrorise les bars montréalais et que le collectif Red Mass voit le jour. Dans la vieille capitale, les Goules font beaucoup de bruit avec leur crabe de poche et leurs spectacles irrévérencieux assurent aux musiciens un public conquis à l’échelle de la province.

 

Les années 2010

Au cours de la dernière décennie, les scènes sont devenues plus fracturées et le punk n’est plus le courant à la mode. On voit des groupes du passé se reformer pour jouer dans des festivals, mais en général, les jeunes groupes font davantage dans la pop ou l’indie rock. Doit-on en conclure que la scène punk de la belle province est morte de sa belle mort? Pas d’inquiétude! Certains excellents groupes gardent le fort. Il ne faut certainement pas vendre la peau du punk avant de l’avoir tué.

SUGGESTIONS

Des disques punks québécois, il en existe une tonne. On pourrait même s’obstiner longtemps sur la définition de punk dans le contexte musical particulier de la belle province et plus c’est obscur, plus c’est punk, bien sûr! Voici une sélection d’albums bien de chez nous qui ont marqué notre histoire.

Flokons givrés – Vedgis, Vedgis, Revedgis (1989) 

Dans les années 1990, les jeunes punks des régions ont entendu parler des Foufounes électriques pour la première fois de leur vie grâce à cette cassette, enregistrée avec les moyens du bord par des punks trop punks pour ne pas se faire sacrer dehors du bar mythique de la rue Ste-Catherine. On y retrouve un hymne à la mescaline et diverses attaques contre le système. Inutile de les chercher sur Spotify.

Sur repeat: Barré des Foufs / Mescaline / La mentalité

B.A.R.F – Tumulte (1992)

Même s’ils ont bifurqué vers le métal très tôt dans leur carrière, les gars de BARF ont lancé leur premier assaut dans la cour du punk hardcore aux ascendants death metal. C’était une approche unique du crossover influencée par DRI et autres malfrats amoureux de la vitesse. Tumulte est une excellente synthèse des goûts des jeunes Marc Vaillancourt et Denis Lepage. On le classe sans hésiter dans le punk.

Sur repeat: Je suis le fou / Wô Wô Tabarnak / Mouton noir

GrimSkunk – GrimSkunk (1992)

C’est sur le deuxième album du groupe de Franz Schuller et Joe Evil que la bande s’est vraiment mise à élargir ses horizons. Au-delà des assauts punks, on y retrouve de très grosses influences progressives et hippies. Une reprise de Uriah Heep confirme d’ailleurs cette affirmation. Au fond, être punk, c’est faire exactement ce que tu veux et ça, GrimSkunk l’a toujours bien compris.

Sur repeat: Don’t Hide / Look at Yourself / Circle Square Triangle

Groovy Aardvark – Vacuum (1996)

Le deuxième album de Vincent Peake et sa gang a joué dans tous les partys de sous-sol des jeunes dans les années 1990. On y retrouve un rock foncièrement baveux et très informé par le punk. Gros coup de cœur pour la reprise de Félix Leclerc avec Marc de B.A.R.F., même près de 25 ans plus tard!

Sur repeat: Dérangeant / T’es triss / Le petit bonheur

Les Secrétaires Volantes – Thermoplastique (1997)

Nous aurions pu parler du premier album fort satisfaisant de la bande iconoclaste de Québec, mais c’est leur deuxième effort qui se mérite la part du lion. Un album intense, drôle et violent qui devrait être distribué gratuitement à l’école du punk rock. S’ils ne se sont jamais définis eux-mêmes ainsi, Cocktail, Lubrique, Gourmet et leurs complices étaient quand même furieusement punks. Un essentiel parmi les indispensables.

Sur repeat: Thermoplastique / Récidiviste / Je suce

Les Marmottes aplaties – Épisode sanglant (1999)

Ils sont souvent associés à leurs contemporains du skate punk américain, mais le spectre musical des Marmottes transcende ce son. Ils sont à la fois drôles et furieusement énervés. Leur deuxième album regorge de succès qui jouent encore régulièrement sur les ondes des radios étudiantes 20 ans plus tard.

Sur repeat: Détruire / Bagnole / Boîte à lunch

Les Vulgaires machins – Compter les corps (2006)

C’est grâce à son cinquième album que la formation de Granby est devenue indéniablement populaire. Cette fournée de chansons contestataires de Guillaume Beauregard et Marie-Ève Roy a été réalisée par Gus Van Go, lui-même punk légendaire de la province alors qu’il était le leader de Me, Mom & Morgentaler. Un incontournable de son époque.

Sur Repeat: Puits sans fond / Dans le vide / Jamais assez

Enfants sauvages – Crève ton cœur (2018)

En 2020, la scène punk de Québec gravite essentiellement autour de Rox Arcand, propriétaire du magasin de disques Le Knock-Out. C’est d’ailleurs sa voix qu’on entend sur le premier album de la formation complétée entre autres par Steve Lelièvre (anciennement des Hellcats) et Maéva Verreault (anciennement de La Chose). Il est peut-être un peu tôt pour appeler l’album un classique, mais on vous met au défi de trouver un album plus furieusement punk paru à Québec après 2015!

Sur repeat: Crève / Shot / Serpent

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