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Nostalgie : Les clubs vidéo

Chroniqueur Michel Bouchard
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 Si vous êtes nés dans les années 2000, il y a de fortes chances que les clubs vidéo ne soient pour vous, au mieux, qu’un simple souvenir, une anecdote que racontent vos parents ou, au pire, un commerce d’un autre temps classé dans le même « folder » que le magasin général, Zellers, Steinberg et Distribution aux consommateurs dans votre tiroir de la mémoire.

Pourtant, les clubs vidéo ont connu un essor fulgurant et sont devenus, le temps de deux ou trois décennies, les commerces parmi les plus fréquentés par monsieur et madame Tout-le-monde.

Il faut se remettre dans l’esprit de cette ère où Netflix n’existait pas, même qu’Internet n’était qu’un projet semi-secret utilisé par des cerveaux du MIT ou par l’armée… et où le seul canal à présenter des films sans pause publicitaire s’appelait Super Écran et coûtait trop cher pour la majorité des ménages.

Aujourd’hui, pour regarder un film, il suffit de consulter la liste sur Netflix, de choisir le titre et bang, on peut visionner. Mais ça n’a pas toujours été comme ça.

Ainsi, pour visionner un film récent, il y avait deux options : soit il fallait aller au cinéma ou il fallait patienter une couple d’années pour qu’il passe à la télévision…

La démocratisation du cinéma s’est réellement mise en marche au début des années 80, soit quand les clubs vidéo ont commencé à envahir le marché. Très rapidement, les cassettes VHS et BETA des films à peine sortis des salles de cinéma se louaient à grands coups de 3,50 $.

En passant, VHS est l’acronyme de Video Home System… Vous vous réveillerez plus instruit demain matin.

On pouvait déambuler des heures dans un club vidéo pour sélectionner une couple de films. À l’époque, les films loués devaient être rapportés le lendemain avant 18 h, question que le commerce puisse le remettre en location. Avec une cassette que le commerçant payait 50 ou 60 $, il pouvait la louer à sa clientèle à de multiples reprises et générer des profits plus que satisfaisants.

Il y avait même des franchises dans les dépanneurs de petits villages de banlieue, question de tirer un maximum de jus des poches des consommateurs.

La recette était simple : limiter le nombre de copies du film le plus en demande. Ainsi, les gens allaient au club vidéo et constataient que chacune des neuf copies de Rain Man était louée… il n’y avait pas d’autre option que de sélectionner d’autres films et de repartir à la maison pour les visionner. Mais, la beauté de la chose, c’est que le client devait revenir le lendemain afin de rapporter la cassette… et vérifier si Rain Man était enfin disponible! C’est brillant, le marché faisait en sorte que si un client sortait du commerce avec un film, le commerçant savait pertinemment qu’il devait revenir le lendemain… Donc pour chaque transaction, on doublait le nombre de visites pour chaque consommateur et, donc, on augmentait le potentiel de récurrence.

Et dans les clubs vidéo, il y avait évidemment une section nouveautés, une section horreur, une section comédie, une section films de femme au foyer dans le genre Danielle Steel, une section action, une section répertoire – que très peu de gens consultaient – et, évidemment, une section adultes… Quel ado de cette époque révolue n’a pas déjà hésité à entrer furtivement dans la section XXX pour se rincer l’œil? Et combien d’adultes y pénétraient avec une hésitation évidente? Parce que, dans ce temps-là, il ne suffisait pas de taper Pornhub sur un clavier pour voir du porno…

Les clubs vidéo ont aussi profité de l’arrivée des consoles de jeu grand public pour ajouter à leur offre. Rapidement, la location de cartouches de jeux est devenue un marché florissant où les commerçants faisaient des affaires d’or. Le marché de la location de jeux a perduré, contrairement à la location de films.

C’était non seulement un avantage marqué, mais, en plus, l’industrie avait compris des choses que d’autres sphères d’activités n’ont jamais assimilées. Les clubs vidéo avaient le droit de fermer beaucoup plus tard que les autres commerces, comme les épiceries ou les pharmacies. Il n’était donc pas rare de se rendre dans un club vidéo à 22 h 30 pour choisir un film. Les clubs se sont donc mis à vendre des produits connexes. Des posters, des figurines, du pop-corn, des friandises… Et à des prix plus élevés que dans d’autres commerces. Le client est déjà sur place, il acceptait de payer un peu plus pour ses grignotines puisque ça lui évitait un arrêt au dépanneur ensuite…

Des commerces nommés Blockbuster ont aussi émergé à cette époque. Blockbuster, c’était LA place. Rapidement, les succursales se sont mises à pousser un peu partout. C’était LA business dans laquelle investir pour faire un coup d’argent rapide. Vers la fin des années 90 et le début des années 2000, en un clin d’œil, on retrouvait au-delà de 9000 succursales de Blockbuster uniquement au pays de l’Oncle Sam. C’est énorme. Ils se vautraient dans les billets verts. Au Québec, les Superclub Vidéotron ont fait des affaires d’or.

Pour la petite histoire, la technologie a connu une évolution rapide dans les clubs vidéo.

Au départ, les cassettes VHS et les cassettes BETA se livraient une féroce lutte pour le marché du film loué; VHS a remporté la bataille, envoyant paître les BETA. En passant, il fallait rembobiner les cassettes, un geste qui reste difficile à expliquer à une génération qui n’a connu que le virtuel.

Puis les DVD ont envahi le marché reléguant les VHS aux oubliettes. En passant, DVD signifie Digital Versatile Disc.

Puis les Bluray sont arrivés, et presque tout le monde s’en est calissé, ils ont fini par mourir en même temps que les DVD.

Et, soudainement, le Web a fait son arrivée dans les chaumières…

En quelques années seulement, les Blockbuster, usines à imprimer du cash il n’y a pas si longtemps, ont tour à tour fermé leurs portes pour de bon, en totale déroute, si bien qu’actuellement, il ne reste qu’une seule succursale de cette franchise de diffusion d’une forme de culture autrefois si populaire. Le même sort a été réservé aux autres clubs vidéo, à l’exception de quelques indestructibles qui vivotent sur leur dernier souffle à l’heure actuelle.

Ah! Cette époque avait quand même un charme. Il faut l’avoir vécue pour le savoir… ou avoir lu ce texte!

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