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Le grand cru cinéma de l’été 1984

Chroniqueur Patrick Marleau
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Pour plusieurs experts et cinéphiles, 1984 représente une des années les plus exceptionnelles pour sa période estivale cinématographique qui débute la fin de semaine du Memorial Day américain. Alors que ces films fêtent leur 40e anniversaire, voici un survol de ces productions qui voyaient le retour d’un personnage aimé, révélaient une nouvelle bande de héros improbables, popularisaient un sport de combat et introduisaient une nouvelle créature maline. Sortez le popcorn et, pour les plus vieux comme moi qui ont eu la chance de le vivre, revisitez ces films qui ont marqué la culture populaire. 

23 mai - Indiana Jones and The Temple of Doom

Trois ans après le phénoménal Raiders of the Lost Ark, les attentes sont très élevées pour cette nouvelle aventure d’Indiana Jones. Heureusement pour George Lucas et Steven Spielberg, le succès est immédiatement au rendez-vous. Lors de son premier week-end en salles, le film récolte des recettes des 25 millions de dollars, brisant par 2 millions le record de Return of the Jedi, sorti un an plus tôt. À sa défense, Indiana Jones est toutefois projeté sur 600 écrans de plus. Cette suite a été un peu plus difficile à produire, alors que Lucas et Spielberg ne s’attendaient pas sur quelle histoire choisir. Dans la version finale du scénario, plusieurs éléments sont tirés d’idées non utilisées du premier film, comme les poursuites dans les rues de Shanghai et celle dans la mine, puis le saut de l’avion avec le bateau gonflable. À sa sortie, les critiques soulèvent la violence plus intense ainsi que le ton sombre de cette suite. D’ailleurs, plusieurs parents jugent le film inapproprié pour de jeunes enfants et décrient la cote « général » que celui-ci avait reçu. Indiana Jones and the Temple of Doom termine au 3e rang du box-office nord-américain de 1984 avec des recettes totales de 180 millions de dollars américains. C’est la première fois depuis 1980 que le film le plus populaire ne soit pas une production de Lucas ou de Spielberg! 

1 juin - Star Trek III: The Search for Spock

En 1982, le deuxième film de la série Star Trek, The Wrath of Khan, reçoit un accueil enthousiaste autant de la part des critiques que des cinéphiles. Puisque la fin du film laissait planer une mort incertaine du populaire personnage de Spock, le studio Paramount donne rapidement l’aval à une suite. Et, à leur surprise, le comédien Leonard Nimoy, qui incarne Spock, se porte volontaire pour le réaliser. D’abord hésitant, la production accepte finalement de lui confier la tâche. Ce choix va créer certaines tensions parmi les autres comédiens, particulièrement avec William Shatner (Kirk). Il est de notoriété publique que Shatner et Nimoy ne se blairent pas particulièrement et qu’ils possèdent une rivalité un peu malsaine depuis les jours de la télésérie. C’est Harve Bennett, le producteur, qui se charge de rédiger le scénario de ce troisième film. Puisque la fin s’annonce prévisible, après tout on sait qu’on n’a pas le choix de faire revenir Spock, Bennett décide de causer la surprise en provoquant la destruction d’une autre figure emblématique de Star Trek : le vaisseau Enterprise. Si The Search for Spock est peu moins bien accueilli que The Wrath of Khan, il connaît tout de même un immense succès au box-office, récolant 76,5 millions de dollars américains, soit seulement 2 millions de moins que son prédécesseur. 

8 juin - Ghostbusters

Passionné des phénomènes paranormaux, l’acteur Dan Aykroyd a l’idée de faire une comédie d’horreur dans la tradition des films burlesques du duo d’Abbott and Costello dans laquelle des chasseurs de fantômes seraient l’équivalent de chasseurs de bestioles. Les visages des Ghosbusters auraient pu être très différents de ceux prévus à l’origine, car le rôle de Peter Venkman (Bill Murray) avait été d’abord écrit pour le bon ami d’Aykroyd, John Belushi, avec lequel il incarnait les Blues Brothers. Malheureusement, Belushi décède tragiquement d’une surdose de drogues dures en 1982. Quant au personnage de Winston Zeddemore, il avait été offert à Eddie Murphy, qui venait de tourner la comédie Trading Places avec Aykroyd. Mais, ce dernier accepte plutôt l’offre d’être la tête d’affiche de Beverly Hills Cop. Le producteur et réalisateur Yvan Reitman propose le projet à la Columbia Pictures qui est intriguée par le concept, mais qui demeure sceptique que le film peut être produit à un coût raisonnable. Reitman promet qu’il peut le livrer pour 30 millions de dollars, quand même une grosse somme, ce que le studio accepte à condition qu’il soit prêt pour une sortie en salles en juin 1984. Reitman possède donc que 13 mois pour produire un film de cette envergure. À quelques mois de la sortie du film, un dernier problème majeur demeure : celui de l’utilisation du titre « Ghostbusters ». Le terme est sous copyright par le studio Universal, propriétaire d’une série animée intitulée The Ghost Busters. On considère donc quelques alternatives comme « Ghostoppers », « Ghostbreakers » ou encore « Ghostmashers ». D’ailleurs, la séquence finale où la foule scande le nom « Ghostbusters » sera tournée avec les différents noms. Finalement, Universal parvient à un accord avec la Columbia en leur vendant le nom pour 500 000 $ plus 1 % des profits du film. Sorti à l’été 1984, Ghostbusters devient un véritable phénomène de la culture populaire, dépassant même la suite très attendue d’Indiana Jones au box-office. Avec une récolte impressionnante de 229 millions de dollars, il termine au deuxième rang des productions de l’année, seulement 5 millions derrière un certain Eddie Murphy et son Beverly Hills Cop!

8 juin - Gremlins

L’été 1984 est très payant pour Steven Spielberg. En plus de réaliser Indiana Jones and the Temple of Doom, il est le producteur de cette comédie d’horreur qui termine quatrième au box-office avec des recettes de 148 millions contre un budget de 11 millions. C’est ce qui s’appelle un bon retour sur investissement! Gremlins est l’idée de Chris Columbus, qui réalisera plus tard les deux premiers Home Alone et Harry Potter. Dans le scénario original, c’est le mignon Gizmo qui se transformait en méchant gremlin. Voyant le potentiel commercial de Gizmo, Spielberg impose le changement à l’histoire. Il est également celui qui choisit Joe Dante comme réalisateur, après auparavant avoir songé à Tim Burton. Pour animer Gizmo, la production expérimente d’abord avec un petit singe, mais celui-ci fait des crises de panique lorsqu’il enfile un casque. On doit donc créer une marionnette, dont les sons seront faits par l’humoriste Howie Mandel (l’un des juges de la téléréalité America’s Got Talent). Au-delà de son succès, Gremlins et Spielberg sont toutefois liés par une controverse qui viendra changer la façon de consommer le cinéma. Tout comme avec Indiana Jones sorti quelques semaines plus tôt, les parents sont à nouveau choqués par le niveau de violence dans Gremlins alors que le film est également coté PG (surveillance parentale). À la suite de cette grogne, le Motion Picture Association (MPA) décide donc de créer une nouvelle catégorie pour coter les films : 13 ans +.  

22 juin - The Karate Kid

Le studio Columbia Pictures cherche à développer une histoire similaire à Rocky (1976) alors que le réalisateur de ce film, John G. Avildsen, est sous contrat avec eux. C’est le scénariste Robert Mark Kamen qui développe le scénario du film, s’inspirant de sa propre histoire. À l’adolescence, il avait appris le karaté afin de se défendre de ses intimidateurs. Il avait aussi quitté son premier entraîneur qui prônait une approche plus violente pour un Japonais qui ne parlait pratiquement pas l’anglais. Ça ne s’invente pas! Tout le jeune Hollywood ou presque auditionne pour le rôle de Daniel Larusso, qui est finalement offert à Ralph Macchio, à la suite de sa performance dans The Outsiders, sorti un an plus tôt. Pour interpréter le personnage de monsieur Miyagi, la production considère d’abord Toshiro Mifune, l’acteur fétiche d’Akira Kurosawa, mais il ne parle pas l’anglais. Le choix de Pat Morita est d’abord rejeté, car le comédien est trop associé à son rôle humoristique de Happy Days, populaire sitcom des années 70. Lorsqu’il revient passer une audition, il s’est fait pousser une légère barbe et il adopte l’accent japonais d’un de ses oncles. Pour son rôle, Morita se verra décerner une nomination aux Oscars dans la catégorie « Acteur de soutien ». Les chorégraphies des combats du film sont de Pat E. Johnson, un karateka ceinture noire, qui avait auparavant travailler avec Bruce Lee et Chuck Norris. La chanson que l’on peut entendre pendant le montage de la compétition, You’re the Best de Joe Esposito, avait été originalement écrite pour Rocky III. Sylvester Stallone l’avait finalement rejetée au profit de l’iconique Eye of the Tiger, du groupe Survivor. Avec ses recettes de 90 millions aux guichets, le succès-surprise de l’été s’est glissé au cinquième rang du box-office de l’année. Tout comme Rocky pour la boxe, The Karate Kid a contribué à une augmentation substantielle d’inscriptions dans les écoles de karaté les mois qui ont suivi la sortie du film.

22 juin - Top Secret!

Après Airplane! en 1980, le trio derrière cette comédie loufoque, David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker, décide de parodier les films d’espionnages et d’Elvis Presley. D’ailleurs, avoir été repéré dans une pièce de théâtre par les réalisateurs, Val Kilmer se présente pour son audition vêtu comme le légendaire chanteur. Il s’agit non seulement de son premier rôle au cinéma, mais il interprète lui-même les chansons de son personnage Nick Rivers. Si le film déçoit avec une récolte de 20 millions, il connait toutefois un retentissant succès en location lors de sa sortie en VHS. Aujourd’hui, il est considéré comme l’une des comédies incontournables du genre. 

29 juin - Bachelor Party

En 1984, Tom Hanks est révélé au grand public grâce à deux gros succès : Splash, sorti au mois de mars, puis avec Bachelor Party. Cette comédie pour adulte est réalisée par Neil Israel, coscénariste de Police Academy, le film le plus populaire de ce printemps. L’idée pour le film naît lors d’un « bachelor party » auquel Israel assiste en compagnie des producteurs du film. Ses recettes de 38 millions, une récolte très satisfaisante pour ce créneau, le place au 19e rang du box-office de l’année. Comme Police Academy et Top Secret!, il connaît un énorme succès dans les clubs vidéo et il est depuis devenu une comédie culte. Bachelor Party contient un gag qui vous ne fera assurément plus voir les hot-dogs de la même façon!  

29 juin - Conan the Destroyer

Conan the Barbarian a fait d’Arnold Schwarzenegger une vedette planétaire. Deux ans plus tard, il revient dans cette suite beaucoup plus légère. Le studio Universal est convaincu que le premier film aurait fait encore plus d’argent si la violence avait été moins présente. On demande donc aux producteurs de livrer une suite cotée « PG » au lieu de « R », interdit aux moins de 18 ans. Au moment de la sortie de Conan the Destroyer, le nouveau code « PG-13 » n’est pas encore entré en vigueur. Il le deviendra quelques semaines plus tard avec le film d’action Red Dawn, ironiquement réalisé par celui qui a fait le premier Conan, John Milius. Malgré ce compromis, cette suite ne récolte que 40 millions au box-office, soit la moitié moins d’argent que son prédécesseur. À l’écran, on peut y voir le légendaire joueur de Basketball Wilt Chamberlain qui, haut de ses 2,16 mètres, dépassait Arnold par un bon pied. Le célèbre lutteur André « le Géant » Ferré est aussi de la partie pour un rôle non crédité pour lequel il enfilait un costume d’une créature. Les deux Conan ont propulsé la carrière cinématographique de Schwarzenegger. 

20 juillet - Revenge of the Nerds

1984 est l’année de la comédie vulgaire, un genre qui explose grâce à sa popularité dans les clubs vidéo. Après Police Academy et Bachelor Party, cette comédie qui porte sur la rivalité universitaire entre des sportifs et des tronches remporte un succès inattendu en salles. Ses 40 millions de dollars aux guichets le situe à la 16e place du box-office annuel. Le thème du film s’inspire d’un article d’un magazine qui traitait de l’importance des programmeurs informatiques et de leur place vitale au sein de Silicon Valley. La production a été tourné à l’Université de l’Arizona en échange d’un don substantiel de la part du studio Fox. Parmi les personnages de tronches, on y retrouve l’acteur Anthony Edwards, très loin de celui de son « Goose » dans Top Gun! 

20 juillet - The NeverEnding Story

Au moment de sa sortie, ce film familial fantastique était celui avec le coût de production le plus dispendieux en dehors d’Hollywood. Adaptation d’un roman allemand, le producteur du film est persuadé par ses enfants d’en acheter les droits alors qu’ils ont dévoré le livre. La réalisation est confiée à Wolfgang Petersen, dont son film de guerre Le bateau avait récolté six nominations aux Oscars en 1982. Pour le cinéaste, il s’agit de son premier film tourné en anglais. La chanson thème dans la version américaine du film est récemment revenue dans la culture populaire alors qu’elle s’y trouve dans la troisième saison de la télésérie Stranger Things. Malgré un budget costaud pour le créneau, 25 millions de dollars, le film remporte un bon succès planétaire récoltant 100 millions aux guichets. Aujourd’hui, il est considéré comme un classique encore bien apprécié par les familles. 

27 juillet - Purple Rain

Cette production était un projet un peu vaniteux de la part du chanteur iconoclaste. Après le succès de son album 1999, Prince tient absolument à jouer dans un film. Puisque Hollywood se montre réticent, c’est son gérant qui décide de finalement produire le film dont les grandes lignes de l’histoire s’inspire de la relation complexe qu’entretenait Prince avec ses parents. D’ailleurs, l’intrigue se déroule à Minneapolis, la ville natale du l’artiste. Le rôle d’Appollonia, la femme dont s’éprend Prince, avait été tout d’abord offert à Jennifer Beals de Flashdance. Celle-ci le refuse, car elle préfère prioriser ses études universitaires. Si le jeu de Prince est quelque peu inégal, la réelle force du film sont les séquences musicales qui mettent vraiment en valeur l’artiste. Purple Rain est considéré par plusieurs critiques comme l’un des meilleurs films musicaux. Au-delà de son box-office de 70 millions de dollars, une bonne somme à l’époque, le film produit trois énormes succès pour le chanteur : When Doves Cry, Let’s Go Crazy et, évidemment, la chanson titre Purple Rain, qui remportera l’Oscar de la meilleure chanson. Quant à la trame sonore, elle s’est écoulée à 13 millions de copies d’albums en 1984. Prince a donc doublement relevé son pari! 

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