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Slipknot

Chroniqueur Charles Laplante
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Au moment d’écrire cet article, la planète métal traverse une rude épreuve. Au lendemain du dernier concert de l’année de Slipknot, Jay Weinberg, fils du batteur de Bruce Springsteen, Max Weinberg, et métronome humain ayant pris le trône de Joey Jordison il y a 10 ans a été évincé du monstre à neuf têtes. Scandale! C’est qu’il n’est pas le premier à se faire montrer la porte de Slipknot inc. Voici l’histoire de ce phénomène qui ressemble aujourd’hui davantage à une corporation qu’à un band!

Des débuts modestes

Le monde du métal a vu naître de nombreuses légendes, mais peu ont eu un impact aussi marquant que Slipknot. Ce groupe originaire de Des Moines, en Iowa, a émergé dans les années 90 et a depuis révolutionné le genre en fusionnant l’agressivité du métal avec la provocation visuelle du cinéma d’horreur et une énergie brute unique. L’histoire de Slipknot commence au milieu des années 90 lorsque Shawn Crahan, plus connu sous le nom de Clown, Paul Gray et Joey Jordison décident de former The Pale Ones, un groupe qui refléterait la colère et la frustration de leur jeunesse à Des Moines. Ces débuts chaotiques et underground ont façonné l’essence même de ce qui est ensuite devenu Slipknot. Le groupe obtient d’abord un succès mitigé avec son premier chanteur Anders Colsefni et les guitaristes Josh Brainard et Donnie Steele. Le concept n’est pas achevé et l’identité sonore n’est pas non plus aboutie lorsque le premier album du groupe, Mate. Feed. Kill. Repeat, voit le jour à l’Halloween 1996. Une longue reconfiguration verra d’abord partir les trois membres susmentionnés pour en laisser arriver d’autres, dont le chanteur Corey Taylor, les guitaristes Mick Thompson et Jim Root, le responsable des échantillonnages Craig Jones, le DJ Sid Wilson et le percussionniste Chris Fehn, faisant monter le décompte des membres à neuf, ce qui était surtout observable dans les groupes ska auparavant.

La grande percée

Le « premier » album éponyme de Slipknot, sorti en 1999, a représenté un virage à 180 degrés pour la carrière du groupe, qui a été propulsé sur la scène internationale grâce à leur son unique, mélange de métal alternatif et de nu-métal, rapidement adopté par les masses. Ce disque est rapidement devenu un classique du genre, avec des titres emblématiques, tels que Wait and Bleed et Spit It Out. Les percussions furieuses, les guitares lourdes et les cris déchirants de Corey Taylor ont su captiver une nouvelle génération de mélomanes. En l’espace de quelques mois, le groupe passe de première partie de Coal Chamber au Spectrum à la tête d’affiche au Métropolis. C’est le début de leur ascension phénoménale.

Le masque, l’image et le mystère

L’une des caractéristiques les plus marquantes de Slipknot est l’utilisation de masques par les membres du groupe. Ces masques, associées à des combinaisons d’abord identiques, ont créé une image iconique qui renforce le mystère entourant le groupe. L’anonymat partiel de chaque membre a suscité des spéculations et des discussions infinies chez les fans et les médias. Ce concept d’anonymat, combiné à l’expression brute de la colère à travers leur musique, a permis à Slipknot de se créer un culte dévoué de fidèles auditeurs. Cette stratégie d’image distincte et provocante est un facteur clé de leur succès continu. Que serait le groupe Ghost sans ses costumes? La question se pose aussi pour Slipknot.

La Maturité Musicale

Iowa voit le jour trois ans plus tard, en 2001 et propose la même recette, mais un tantinet plus agressive. C’est à la sortie de Vol. 3: (The Subliminal Verses) en 2004 que l’on remarque la capacité des membres du groupe à évoluer et à mûrir en tant qu’artistes. C’est un album qui nous propose une approche plus mélodique et expérimentale qui a élargi l’accès du groupe au public « mainstream ». Le succès continu de Slipknot ne s’est pas limité à sa musique. Le groupe est devenu un pilier de la revitalisation du métal à l’échelle internationale. Son énergie brute sur scène a établi de nouvelles normes pour les performances « live », et la présence scénique des membres de Slipknot est tout simplement inégalée. Leur participation à des festivals majeurs, tels que Ozzfest et Download Festival, a permis de populariser le métal auprès d’un public plus large. Rares sont les groupes qui ont maintenu une telle force de frappe aussi longtemps sur scène.

Le défi de la tragédie

À la suite de la sortie d’un quatrième album moins bien reçu par la critique, All Hope Is Gone, le groupe a dû faire face à des tragédies personnelles. La mort par surdose de Paul Gray en 2010 a été le premier coup dur pour le groupe et ses fans. Gray était le bassiste et l’un des membres fondateurs de Slipknot, et sa perte a laissé un vide difficile à combler. Malgré tout, le groupe a continué à créer de la musique et à tourner, démontrant sa résilience et son dévouement envers son art. Ensuite, des circonstances nébuleuses entourent le départ de Joey Jordison, remplacé dès le début de 2014 par Jay Weinberg, jeune fan devenu rockstar qui sera le batteur des trois derniers albums du groupe, soit le correct .5: The Gray Chapter, le spectaculaire We Are Not Your Kind et le très ordinaire The End… So Far. Le sixième album du groupe, sorti en 2019, a été acclamé par la critique et a démontré que le groupe pouvait rester pertinent et innovant après plus de deux décennies de carrière. Le single Unsainted est devenu un hymne pour de nombreux fans, tandis que des morceaux comme Nero Forte et Solway Firth, qui évoque le divorce de Corey Taylor, ont continué à repousser les limites du genre. 

L’héritage culturel

Malgré les renvois disgracieux de plusieurs membres (Chris Fehn, Craig Jones et Jay Weinberg), un dernier album très moyen et un futur incertain, l’impact culturel de Slipknot ne peut être sous-estimé. Le groupe a laissé sa marque sur la musique, la mode et la culture populaire en général. Leurs masques et leur image ont inspiré de nombreux artistes et ont contribué à l’émergence d’un style vestimentaire distinctif parmi leurs fans. En outre, leur musique a été un exutoire pour des générations d’auditeurs confrontés à des problèmes personnels. Les paroles brutes et honnêtes de Corey Taylor ont touché un large éventail de personnes, leur offrant un moyen de s’exprimer et de surmonter leurs démons.  

Quoi qu’on en pense, Slipknot a su résister à l’épreuve du temps. Le groupe s’est d’abord imposé grâce à sa puissance brute mais, au fil des ans, il a évolué pour devenir un acteur majeur de la scène musicale internationale. Sa capacité à combiner l’agressivité avec une profondeur lyrique ainsi que son image provocante a captivé des millions de fans à travers le monde. En fin de compte, la carrière de Slipknot est un exemple de ce qui peut être accompli lorsque l’authenticité, la passion et la créativité se combinent pour créer une force musicale et une marque que rien ne peut arrêter, pas même le changement de personnel. L’impact culturel et musical du groupe perdurera longtemps après sa dernière sortie de scène, et son héritage restera gravé dans l’histoire du rock et du métal. 

SUGGESTIONS

Si Slipknot occupe le plus clair du temps de Shawn Crahan, Corey Taylor et les autres, plusieurs de ses membres ont pu prendre des pauses et se concentrer sur d’autres projets musicaux. Voici quelques albums pouvant contenir des traces de Slipknot.

Murderdolls – Beyond the Valley of the Murderdolls (2002)

Les Murderdolls, c’est l’union de Joey Jordison et Wednesday 13, tous les deux amateurs de films d’horreur et de punk rock! Leur premier album est une véritable enfilade de brûlots agressifs et humoristiques bardés de jeux de mots horrifiques douteux. C’est franchement irresistible.

Sur repeat: Slit My Wrist / Dead in Hollywood / Die My Bride

Vanilla Ice – Bi-Polar (2001)


Ok, celui-ci on est allé le chercher loin. En 2001, tout le monde veut sa part du gâteau nü-métal et le légendaire « one hit wonder » du début des années 90, Vanilla Ice, sort la suite de son album rap-métal Hard to Swallow et fait appel à plusieurs musiciens du genre, dont Josh Brainard, guitariste original de Slipknot. C’est davantage cocasse que bon, mais ÇA EXISTE.

Sur repeat : Nothing is Real / Mudd Munster / Primal Side

Stone Sour – Stone Sour (2002)

Grâce au succès de Slipknot, Corey Taylor a pu ramener à la vie son groupe à lui. En effet, Stone Sour existe depuis 1992, mais ce sera seulement 10 ans plus tard que son premier et meilleur album verra le jour. Si les comparaisons avec Nickelback sont parfois inévitables, il y a quand même quelques tubes dans leur œuvre.

Sur repeat : Get Inside / Monolith / Tumult

Deadfront – Nemesis (1998)

Un autre album très niché : celui de Deadfront sur lequel on retrouve un jeune Jim Root à la guitare, tout juste avant son recrutement au sein de Slipknot. Comme beaucoup de groupes de l’époque, c’est un hybride Korn/Limp Bizkit qui serait resté dans l’anonymat le plus complet si ce n’était du fait que son guitariste est désormais une célébrité.

Sur repeat: Retard / Torn Inside / Tweece

To My Surprise – To My Surprise (2003)

Au sein de Slipknot, Shawn Crahan est le clown percussionniste mais, en réalité, il est davantage musicien que son rôle le lui permet d’être. D’ailleurs, il joue de la batterie et chante aussi parfois sur cet album conçu avec ses amis Brandon Darner et Stevan Robinson. Co-produit par Rick Rubin, il a été acclamé par la critique, et ce, même si le public l’a largement ignoré lors de sa sortie.

Sur repeat : In The Mood / Say Goodbye / This Life

Scar The Martyr – Scar The Martyr (2013)

Voici l’unique album de ce qu’on peut presque appeler l’album solo de Joey Jordison, puisque le batteur de Slipknot y joue batterie, basse et guitare rythmique en plus d’avoir composé la grande majorité des chansons. Ceux qui doutent encore du fait que Joey était le principal compositeur du groupe n’ont qu’à se taper cet album pour être convaincus.

Sur repeat: My Retribution / Prayer for Prey / Blood Host

Dirty Little Rabbits – Dirty Little Rabbits (2010)


Après l’échec commercial de son groupe To My Surprise, le clown Crahan est revenu à la charge avec ce groupe qui met en vedette la chanteuse Stella K et son extraordinaire versatilité. En moins de 45 minutes, elle crie, grogne, chante, hurle et rappe sur des chansons expérimentales intéressantes, même si, encore une fois, le public s’en est foutu complètement.

Sur repeat : Simon / Professional Hit / Leave Me Alone

Corey Taylor - CMF2 (2023)

Stone Sour est en pause indéterminée, Slipknot vient de virer son batteur et semble être en questionnement, c’était le meilleur moment pour le chanteur de rappliquer avec son matériel solo qui, bien qu’il bénéficie de la voix incroyable de Taylor, n’offre que quelques rares moments intéressants, c’est-à-dire quand ça ressemble plus à Slipknot qu’à Kid Rock ou à Nickelback.

Post Traumatic Blues / We Are the Rest / Punchline

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