





La schizophrénie pour les nuls
La schizophrénie est un trouble mental complexe qui suscite encore beaucoup de questions et de stigmatisation dans notre société. Pourtant, une meilleure compréhension de cette maladie pourrait contribuer à améliorer les conditions de vie des personnes touchées et à réduire les préjugés. Nous proposons ce guide à destination des « nuls », qui est une introduction accessible et détaillée à la schizophrénie, abordant ses causes, ses symptômes, ses traitements et les moyens d’aider les personnes concernées.
Qu’est-ce que la schizophrénie?
La schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique et sévère qui affecte profondément la vie quotidienne des personnes affectées. Elle modifie la manière dont une personne pense, ressent et agit, entraînant une altération significative des relations sociales, de la perception de soi et de la réalité environnante. Contrairement à une idée reçue qui s’avère très répandue, la schizophrénie n’implique pas une « double personnalité » ou une « personnalité multiple ». Cette confusion découle souvent d’une interprétation erronée du terme lui-même, qui trouve son origine dans le grec ancien : « σχιζο- » (schizo, fendre) et « φρήνα » (phrēn, esprit), signifiant littéralement « esprit fendu ».
Contrairement à une idée reçue qui s’avère très répandue, la schizophrénie n’implique pas une « double personnalité » ou une « personnalité multiple ».
Ce terme ne doit pas être pris au pied de la lettre : il ne suggère pas une fragmentation de la personnalité, mais plutôt une division entre les fonctions mentales, telles que la pensée, la perception et les émotions. Cette altération entraîne souvent des difficultés à interpréter la réalité, à établir des rapports sociaux harmonieux et à maintenir un fonctionnement autonome dans la vie de tous les jours.
La schizophrénie se manifeste de manière hétérogène, avec des variations importantes dans l’intensité et la nature des symptômes d’une personne à l’autre. Ces manifestations touchent généralement trois domaines principaux : les capacités cognitives, les émotions et les comportements. En conséquence, les personnes atteintes peuvent rencontrer des défis majeurs, notamment une stigmatisation sociale, des obstacles à l’emploi et des relations personnelles fragiles. Une compréhension approfondie et bienveillante de cette condition est essentielle pour offrir un soutien adapté et réduire les barrières auxquelles elles font face.
Cette pathologie psychiatrique chronique complexe se manifeste ainsi par une perturbation des fonctions cognitives, des émotions et des comportements, entraînant des difficultés dans les interactions sociales et les activités quotidiennes.
Les symptômes de la schizophrénie
La schizophrénie se caractérise par une variété de symptômes regroupés en trois catégories principales. Ces symptômes affectent divers aspects de la vie mentale, émotionnelle et comportementale de la personne atteinte, rendant souvent difficile la distinction entre la réalité et les perceptions déformées. Voici un résumé des symptômes, dont plusieurs sont répertoriés par la Société québécoise de la schizophrénie.
1. Les symptômes positifs
Les symptômes positifs, dits « productifs », désignent des comportements ou des états mentaux supplémentaires qui ne sont pas présents chez les personnes en bonne santé mentale. Ils incluent ceci :
- Hallucinations : Ces perceptions sensorielles sans stimulus réel peuvent concerner tous les sens, bien que les hallucinations auditives (entendre des voix) soient les plus fréquentes. Les voix entendues peuvent être variées : critiques, encourageantes ou même neutres. Certaines personnes rapportent entendre des dialogues entiers entre plusieurs voix ou des ordres directs à suivre, ce qui peut être extrêmement perturbant.
- Délires : Ce sont des croyances erronées et souvent rigides, qui semblent logiques pour la personne concernée, malgré leur incohérence avec la réalité. Les délires peuvent inclure des thèmes de persécution – être suivi ou surveillé par quelqu’un –, ou de grandeur, c’est-à-dire croire qu’on est une figure importante ou dotée de pouvoirs surnaturels. Il y a aussi le thème de référence, à savoir penser que des événements ou des messages ont une signification personnelle.
- Pensées désorganisées : La pensée désorganisée se manifeste par une incapacité à suivre un fil logique. Ça peut être observé dans des discours incohérents, des changements soudains de sujet ou des associations d’idées inattendues. Par exemple, une personne parlant de la météo se met soudainement à évoquer un complot mondial, sans transition apparente.
- Comportements désorganisés ou catatoniques : Les comportements désorganisés peuvent inclure des actions bizarres, comme mettre des vêtements inappropriés pour la saison ou répéter des mouvements sans but. La catatonie, quant à elle, se caractérise par une immobilité prolongée, des postures rigides ou une absence totale de réaction aux stimuli extérieurs. Dans certains cas, une agitation extrême peut également être observée.
Ces symptômes « positifs » sont souvent les plus visibles et spectaculaires, ce qui peut contribuer à la stigmatisation. Ils nécessitent une prise en charge rapide pour éviter que la personne ne se mette en danger ou ne souffre davantage d’isolement social.
2. Symptômes négatifs
Les symptômes négatifs se traduisent par une réduction ou une absence de certaines fonctions normales. Ils touchent souvent la motivation, les émotions et la capacité d’interaction sociale, affectant profondément la qualité de vie des personnes atteintes. Ces symptômes comprennent :
- Apathie ou aboulie : Une perte marquée de motivation ou d’intérêt pour les activités, même celles qui étaient auparavant agréables ou significatives pour une personne souffrant de schizophrénie. Ça peut conduire à une négligence des tâches quotidiennes, comme se laver, cuisiner ou entretenir son espace de vie.
- Anhédonie : Une incapacité à ressentir du plaisir ou de la satisfaction, qui se manifeste dans des activités autrefois aimées, comme écouter de la musique ou passer du temps avec des amis. Ça entraîne souvent un retrait social et émotionnel.
- Diminution des expressions émotionnelles : Une réduction visible des gestes, des expressions faciales et du ton de la voix. Par exemple, une personne peut avoir un visage inexpressif ou parler d’une manière monotone même en discutant de sujets émotionnels.
- Isolement social : Une tendance à éviter activement les interactions sociales, parfois en raison d’un sentiment de stigmatisation ou d’incompréhension. Les personnes peuvent se replier sur elles-mêmes et éviter les conversations ou les lieux publics.
- Retrait émotionnel : Un désintérêt ou une distance par rapport aux événements émotionnels, que ce soit de la joie ou de la tristesse, rendant les relations interpersonnelles plus difficiles à maintenir.
- Manque d’initiative : Les personnes atteintes peuvent éprouver des difficultés à commencer ou à poursuivre des projets ou des activités, même celles qui sont nécessaires pour leur bien-être.
Ces symptômes sont souvent moins spectaculaires que les symptômes positifs, mais ils ont un impact profond et durable sur la capacité de la personne à fonctionner dans la vie quotidienne. Ils nécessitent des approches thérapeutiques adaptées, telles que des programmes de réhabilitation psychosociale ou des interventions comportementales, pour aider les personnes à retrouver un certain niveau d’autonomie et de satisfaction.
3. Symptômes cognitifs
Les symptômes cognitifs affectent la pensée, la mémoire et la capacité de concentration. Ces altérations influencent profondément les performances au quotidien et la qualité de vie des personnes concernées. Parmi eux :
- Déficit d’attention : Les personnes atteintes de schizophrénie peuvent éprouver une difficulté persistante à se concentrer ou à maintenir leur attention sur une tâche prolongée. Ça peut affecter des activités courantes, comme lire un livre, regarder un film ou participer à une conversation sans perdre le fil.
- Troubles de la mémoire de travail : Ce type de mémoire, essentiel pour traiter et utiliser des informations à court terme, est souvent compromis. Les personnes peuvent avoir du mal à se rappeler des instructions simples, des rendez-vous ou des tâches planifiées, entraînant une confusion ou des oublis fréquents.
- Altération des fonctions exécutives : Les fonctions exécutives incluent des compétences, telles que la planification, l’organisation, la résolution de problèmes et la prise de décisions. Leur altération rend difficile la gestion des tâches complexes, comme préparer un repas ou planifier un emploi du temps. Cela peut limiter l’autonomie et nécessiter un soutien externe.
- Lenteur dans le traitement de l’information : Les personnes peuvent mettre plus de temps à comprendre et à réagir à des informations, ce qui peut compliquer les interactions sociales ou professionnelles.
- Difficulté à passer d’une tâche à une autre : Une rigidité mentale peut se manifester, rendant ardues les transitions entre différentes activités ou pensées. Cela entraîne parfois une fixation sur un problème ou une incapacité à s’adapter à des changements imprévus.
Ces symptômes cognitifs, bien qu’ils soient moins visibles que les symptômes positifs ou négatifs, ont un impact majeur sur la capacité d’une personne à fonctionner de manière indépendante. Les interventions ciblées, comme la remédiation cognitive et la thérapie cognitivo-comportementale, peuvent jouer un rôle crucial pour améliorer ces aspects.
Les causes de la schizophrénie
La schizophrénie est une maladie multifactorielle. Bien qu’elle ne soit pas encore entièrement comprise, plusieurs facteurs semblent jouer un rôle dans son apparition.
1. Génétique
Les antécédents familiaux de schizophrénie augmentent le risque de développer la maladie. Cependant, avoir un parent atteint ne signifie pas automatiquement qu’une personne en sera affectée. Des recherches montrent que plusieurs gènes sont impliqués, chacun contribuant de manière marginale au risque global.
2. Biologie du cerveau
Des anomalies dans la structure et le fonctionnement du cerveau, notamment dans les régions associées à la pensée et aux émotions, ont été observées. Une activité anormale des neurotransmetteurs, en particulier la dopamine, semble jouer un rôle central. D’autres substances, comme le glutamate, peuvent également être impliquées.
3. Facteurs environnementaux
Les expériences stressantes, les infections prénatales ou des complications à la naissance peuvent augmenter les risques. La consommation de substances psychoactives, comme le cannabis, est également associée à un risque accru, en particulier chez les jeunes ayant une prédisposition génétique.
Le diagnostic
Diagnostiquer la schizophrénie n’est pas simple. Aucun test biologique ne peut confirmer la maladie. Les professionnels de santé mentale s’appuient sur :
- Une évaluation clinique approfondie comprenant un entretien avec la personne et ses proches.
- L’observation des symptômes pendant une période prolongée, souvent plusieurs mois.
- L’exclusion d’autres causes potentielles, comme des troubles neurologiques, endocriniens ou l’abus de substances.