Soyons franc un instant si vous le voulez bien : oui, les téléavertisseurs vocaux et numériques sont une technologie vieillissante. Même s’il leur première version a vu le jour au cours des années 20, leur utilité demeure nécessaire dans plusieurs secteurs d’activité encore aujourd’hui et sont particulièrement utiles dans les zones où la couverture cellulaire est plus que vacillante et dans les cas où plusieurs personnes doivent être contactées simultanément dans un laps de temps limité. Pour les pompiers volontaires, les secouristes ainsi que le personnel hospitalier, par exemple, les téléavertisseurs sont la manière la plus simple, la plus rapide, la plus fiable et la plus efficace de transmettre un message entre membres d’une même équipe.
Saviez-vous que 80 % des hôpitaux ont encore recours au téléavertisseur pour leurs communications cruciales? Ce mois-ci, SUMMUM dresse le portrait de la grande histoire de ce petit bidule…
Les BALBUTIEMENTS…
Impossible de passer sous silence le tout premier système de type téléavertisseur qui a été créé pour la police au cours des années 20, lorsqu’un patrouilleur s’est associé à un étudiant en ingénierie afin de créer un appareil de transmission radio unidirectionnel s’apparentant au « beeper », qui a ensuite été installé avec succès dans une voiture de patrouille. Et on connaît la suite…
Ceintures vibrantes et yuppies branchés
Alors que les technologies de pointe continuent d’évoluer rapidement autour de nous, il n’est pas rare de constater qu’une vaste majorité de la population est d’avis que le téléavertisseur est aussi archaïque que la disquette, les cassettes VHS ou encore le télécopieur. Mais, bien avant l’invention du téléphone intelligent, voire du téléphone classique, les téléavertisseurs étaient un moyen de communication courant. Plus encore, ce dernier était en quelque sorte un symbole de statut social. Autrefois accroché à la ceinture de tous les yuppies cool de la métropole, les téléavertisseurs sont désormais rarement repérés en dehors des hôpitaux.
Des débuts prometteurs
Puis, en 1949, Al Gross, l’inventeur considéré comme le père fondateur des communications sans fil qui a aussi apporté au monde d’autres appareils indispensables, tels que le talkie-walkie et le téléphone sans fil, a breveté le premier véritable téléavertisseur. Avec ce gadget à tonalité uniquement, le destinataire recevait simplement un avertissement sonore et savait quelle action était requise. Par exemple, un médecin savait qu’il devait se rendre directement aux urgences immédiatement ou encore rappeler une infirmière à l’hôpital pour obtenir de plus amples informations. Ce dernier a été mis en service à l’hôpital juif de New York en 1950.
motorola, roi du beeper
Saviez-vous que le terme téléavertisseur a été inventé par Motorola? En effet, le géant à la lettre M a ensuite entamé son règne de 40 ans en tant que pilier dominant dans le domaine de la radiomessagerie avec le lancement du premier téléavertisseur grand public à tonalité uniquement, le Pageboy I.
la popularité grandissante des années 80
En 1980, plus de 3,2 millions de téléavertisseurs étaient utilisés dans le monde. Cependant, leur portée était encore très limitée et ils étaient principalement utilisés pour les communications entre les membres du personnel d’un bâtiment spécifique, comme un hôpital ou par des personnes vivant dans une zone géographique restreinte, comme le quartier d’une ville, par exemple. Les années 80 ont également vu l’introduction de téléavertisseurs à affichage numérique qui affichaient un code au lieu de diffuser un message audio ainsi que l’introduction de téléavertisseurs à affichage alphanumérique, qui pouvaient envoyer des textos. Révolution en chantier!
l’effervescence des années 90
Mais, même si les téléavertisseurs peuvent paraître un peu ridicules aujourd’hui, dans les années 90, ils étaient partout, accrochés aux tailles des jeunes étudiants ainsi que des yuppies branchés du monde entier. Kobby, Tatoo, Tam-Tam, autant de noms qui ont accompagné ces derniers au milieu des années 90 dans leur vie de télécommunications. Force est de constater que la popularité de ce petit bidule a explosé, car en 1994, il y avait 61 millions de téléavertisseurs en usage dans le monde…
dope 9-1-1
En même temps, les trafiquants de drogue ont trouvé une manière ingénieuse et lucrative et sans trop de risque d’utiliser les téléavertisseurs au cours de années 90 pour faire du commerce, en s’en servant pour organiser des rendez-vous avec des acheteurs. Et c’est d’ailleurs pourquoi les école ont ressenti le besoin de les interdire dans les cours de leurs établissements. Incognito : RDV à 21h pour récupérer bicycle.
le téleavertisseur et la culture populaire
Comme c’est le cas avec de nombreuses autres technologies ayant le vent dans les voiles, la pagette est passée d’une utilisation nécessaire à la vie de tous les jours à un outil social intégré au sein de la culture mainstream. Ainsi, au cours de son essor, ce dernier a fait la manchette parmi la scène hip-hop des années 90. Des artistes populaires de l’époque, dont Ice Cube, Method Man et A Tribe Called Quest (avec le simple Skypager) ont commencé à faire référence à l’importance d’un tel appareil de communication sans fil. 2-Way Freak de Three 6 Mafia, Beepers de Sir Mix-A-Lot et même Bug a Boo de Destiny’s Child ont rendu hommage aux célèbres téléavertisseurs. Rappelez-vous le personnage de Dennis Duffy (Dean Winters) de la sitcom 30 Rock était aussi un vendeur de téléavertisseurs.
le début de la chute libre…
Même s’ils ont régné dans les années 80 jusqu’à la fin des années 90 et au début des années 2000, la montée en flèche des téléphones portables et des smartphones avec fonction de messagerie texte a considérablement diminué l’industrie des téléavertisseurs. Plus près de chez nous, Bell a même cessé d’exploiter son réseau de téléavertisseurs le 30 juin 2019 dernier. Et que dire de la décision d’un autre géant, Vodafone, cette fois-ci, de supprimer également ses services de téléavertisseur : cette annonce a largement contribué au déclin de cette technologie…
