fbpx
En kiosque

Joker : 85 ans à terroriser Gotham

Chroniqueur Patrick Marleau
Partager

Tout bon héros doit avoir un ennemi tout aussi captivant. Si Batman représente l’ordre et la justice, le Joker est un psychopathe qui incarne le chaos et le crime. Ces personnages représentent les deux côtés d’une pièce de monnaie. L’un pourrait-il continuer d’exister sans l’autre? C’est la question mainte fois abordée dans leurs aventures en bandes dessinées et au cinéma.

Créé en 1939, le personnage de Batman est rapidement devenu la tête d’affiche d’un des comics les plus vendus, Detective Comics. Mais, il suscitait une certaine controverse parmi la brigade de la moralité envers la jeunesse alors qu’on lui reprochait son côté trop sombre et « violent ». Est-ce que l’arrivée du Joker était un pied de nez à ces critiques? On pourrait en être porté à le croire. Dès sa première apparition en 1940 dans le premier numéro de la nouvelle bande dessinée simplement intitulée Batman, il va frapper l’imaginaire. Pourtant, le personnage devait mourir à la fin de l’épisode. Croyant à son grand potentiel commercial, un éditeur de DC Comics oppose son véto en exigeant qu’il survive à Batman. La maison d’édition peut le remercier, puisque le Joker est souvent classé par les experts des comics américains comme le meilleur vilain. Au cinéma, il a créé de grands impacts dans la culture populaire, de la version de Jack Nicholson (1989) à celle de Heath Ledger (2008), qui lui a même valu un Oscar posthume. Il n’est peut-être pas un hasard que le Joker laisse une si grande impression sur le grand écran alors que la première inspiration visuelle du personnage provient du septième art.

il suscitait une certaine controverse parmi la brigade de la moralité envers la jeunesse alors qu’on lui reprochait son côté trop sombre et « violent »

À son image, l’origine de la création du Joker diffère selon qui la raconte. Le scénariste Bill Finger prétend avoir montré à Bob Kane, son illustrateur, une photo de l’acteur allemand Conrad Veidt dans son personnage de Gwynplaine du film L’Homme qui rit (1928). Dans ce roman de Victor Hugo, Gwynplaine subit une opération qui lui donne un rictus permanent avec une longue cicatrice qui traverse le long de son visage. Jerry Robinson, l’assistant de Kane, affirme plutôt avoir dessiné un joker inspiré d’un jeu de carte et que Finger aurait signalé la ressemblance à Veidt. Selon lui, il aurait conçu l’idée de cet ennemi sinistre et clownesque pour Batman. Il désirait un personnage coloré et visuellement étrange qui laisserait une forte impression auprès des lecteurs. Finger et Kane ont toujours démenti l’implication de Robinson dans la genèse du personnage. Malheureusement, tous trois sont décédés depuis longtemps, emportant avec eux la vérité. Mais, peu importe qui dit vrai, il est évident que Veidt a eu un rôle à jouer dans la création du Joker tellement la ressemblance visuelle avec son personnage est frappante.

Après son introduction dans le premier numéro de Batman, le Joker est présent dans les 9 des 12 premiers numéros de la série. Il devient rapidement populaire et s’implante comme la plus grande menace que doit affronter le justicier masqué. Le Joker est sans pitié, alors qu’il fait plusieurs victimes au fil des histoires dans lesquelles il apparaît. Mais, un changement drastique dans les pages de la bande dessinée va s’opérer assez rapidement. Dès le numéro 13, Bob Kane, trop occupé à illustrer la version quotidienne de Batman en strip dans les journaux, va laisser sa place à l’artiste Dick Sprang. Avec l’accord de Bill Finger, ils présenteront une version plus bouffonne du Joker afin d’aller chercher de plus jeunes lecteurs. Bien qu’il demeure fou, le clown-prince du crime n’est plus aussi violent. Cette incarnation du personnage demeurera dans les pages des bandes dessinées pendant une bonne trentaine d’années!

La première origine du Joker est racontée en 1951, dans le numéro 138 de Detective Comics. Bill Finger, qui travaillait également comme scénariste sur ce titre, révèle la cause responsable de l’allure du Joker : à la suite d’un vol raté, il devient défiguré en tombant dans une cuve chimique. Il perd alors la raison et il assume désormais sa nouvelle identité du Joker. Mais, on ne connaît toujours pas sa véritable identité!

Au début des années 60, le personnage disparaît des histoires de Batman en raison de l’arrivée d’un nouvel éditeur en poste chez DC Comics : Julius Schwartz. Schwartz déteste le Joker et il mandate les scénaristes de l’exclure des pages des différentes bandes dessinées dédiées à Batman. Mais, il ne pourra résister longtemps. En 1966, la nouvelle sérié télé consacrée à Batman et Robin connaît un immense succès, surtout chez les jeunes. Avec les ventes de comics en déclin, l’éditeur n’a d’autres choix que de le réintégrer, d’autant plus que le Joker, tel qu’incarné au petit écran par Cesar Romero, est l’un préférés des amateurs. Cependant, on colle la personnalité de ce Joker sur celui de la série qui, curieusement, va s’essouffler rapidement. Après trois saisons et 120 épisodes, la série est annulée par le réseau ABC. Les ventes des comics en souffrent. Un grand coup de balai, qui fera le plus grand bien, s’en vient chez l’éditeur

Partager

Recommandés pour vous

PROCHAIN ARTICLE
En kiosque

Le vampirisme: la maladie, la mort et l’inconnu