Histoires de naufragés

Les aventures réelles de rescapés qui font partie de l’histoire de la navigation témoignent à la fois de la résilience humaine et des défis inhérents à la vie en haute mer, dans les airs ou même dans l’espace. Ces récits poignants dépeignent des moments de survie extrême, mettant en lumière la détermination et la ténacité des hommes confrontés à des conditions météorologiques impitoyables ou encore à des crises majeures nées au sein des équipages. Souvent, ces naufrages sont tragiques et les épreuves terrifiantes. Puisque loin de la civilisation, en pleine nature sauvage, rien n’est normal… Et les êtres se révèlent. 

Des récits de rescapés en mer ont même inspiré des œuvres littéraires et cinématographiques, comme le roman Life of Pi du Canadien Yann Martel, adapté au cinéma par le réalisateur Ang Lee. Le livre raconte l’histoire d’un jeune homme indien qui survit à un naufrage et se retrouve à la dérive en plein océan, à bord d’une grosse chaloupe, avec un tigre du Bengale… L’équipe de SUMMUM vous propose de plonger dans quelques histoires hallucinantes qui ont marqué l’imaginaire des gens au fil des siècles. Certaines sont très connues, mais d’autres vous paraîtront émerger pour la première fois. 

L’une des histoires les plus célèbres de rescapés est celle du naufrage du RMS Titanic en avril 1912, au large de Terre-Neuve. Ce navire luxueux, réputé insubmersible, a heurté un iceberg. Bien que de nombreux passagers aient péri dans cette tragédie, certains ont miraculeusement survécu dans les eaux glaciales de l’Atlantique Nord. Les radeaux et les canots de sauvetage ont été des havres pour ces rescapés, offrant un mince espoir au milieu de l’océan déchaîné. Les récits des survivants du Titanic sont empreints de courage, de solidarité et de la réalité brutale de la vie en mer.

Un autre récit étonnant est celui de la mission Apollo 13, en 1970. Cette fois, il évoque une tragédie en mer spatiale! Lors de cette mission, un problème technique critique a contraint l’équipage à abandonner leur atterrissage sur la lune. En fait, une explosion a endommagé gravement le vaisseau lancé vers la Lune avec trois astronautes à son bord. James Lovell, Jack Swigert et Fred Haise se sont retrouvés à bord d’une capsule spatiale endommagée, à des milliers de kilomètres de la Terre. Grâce à l’ingéniosité de l’équipage et des équipes au sol de la NASA, les astronautes ont réussi à revenir sur Terre sains et saufs malgré les ressources limitées et les obstacles techniques.

Ce récit impliquant le navire Essex et son naufrage en 1820 a inspiré le roman Moby Dick de Herman Melville. Après avoir été attaqués par un cachalot, les membres d’équipage encore vivants ont été contraints de prendre des radeaux de sauvetage dans le Pacifique. Ils ont été confrontés à la faim, à la soif et même au cannibalisme pour survivre.

Une autre histoire fascinante est celle de Sir Ernest Shackleton et de l’expédition à bord de l’Endurance, en Antarctique. Après que leur navire ait été piégé et brisé par les glaces en 1915, le capitaine Shackleton et les membres de l’équipage ont dû abandonner l’embarcation, qui a finalement coulé dans la mer de Weddell, le 21 novembre 1915. Tous les membres de l’équipage (27 personnes) ont survécu au naufrage et ont finalement été secourus en 1916 après avoir utilisé les bateaux du navire pour se rendre sur l’île de l’Éléphant. Shackleton, Frank Worsley, et quatre autres personnes ont alors entrepris un voyage en chaloupe pour obtenir de l’aide. 

Notons que l’épave de l’Endurance a été découverte dans la mer de Wedell par 3000 mètres de fond, en mars 2022, lors de l’expédition d’exploration organisée par le Falklands Maritime Heritage Trust. Cette épave de bois était dans un état remarquable, voire intacte. L’épave a été découverte à environ 6 kilomètres du lieu du naufrage. L’Endurance avait quitté l’île britannique de Géorgie du Sud, dans l’Atlantique Sud, fin 1914, faisant partie de l’expédition Imperial Trans-Antarctic, dirigée par Shackleton. Ce dernier voulait réussir la première traversée du continent antarctique, de la mer de Weddell jusqu’à la mer de Roos, via le pôle Sud. 

L’histoire tragique du naufrage du navire français La Méduse, en 1816, a inspiré le célèbre tableau de Théodore Géricault. Après avoir heurté un récif au large de la côte ouest de l’Afrique, le capitaine et une partie de l’équipage ont abandonné le navire sur un radeau de fortune. Les survivants ont enduré des conditions désespérées, luttant contre la faim, la soif, et le cannibalisme avant que le sauvetage n’arrive. Cette tragédie a mis en lumière les failles du commandement et a eu un impact significatif sur la politique navale française.

Le Batavia, un navire de la compagnie néerlandaise des Indes orientales, a connu un destin tragique au large des côtes de l’Australie en 1629. Après le naufrage, un groupe de survivants s’est retrouvé sur une île déserte. Cependant, la situation a rapidement dégénéré en mutinerie, en meurtres et en violences extrêmes. L’histoire du Batavia illustre la fragilité de la civilisation en situation de crise et la capacité de l’homme à sombrer dans la barbarie même dans des environnements isolés.

En 1956, l’Andrea Doria, un luxueux paquebot italien, et le MS Stockholm, un navire suédois, entrèrent en collision au large des côtes de Nantucket, aux États-Unis. L’accident provoqua le naufrage de l’Andrea Doria, mais grâce à une réponse rapide des secours, la plupart des passagers furent sauvés. Cette catastrophe maritime est marquée par l’utilisation novatrice de la télévision pour relayer les informations en direct, fascinant le monde entier. Les images de l’Andrea Doria penché sur le côté restent gravées dans la mémoire collective.

Le Mary Celeste reste l’un des naufrages les plus énigmatiques de l’histoire maritime. En décembre 1872, le navire fut découvert dérivant dans l’Atlantique sans son équipage. Aucune explication rationnelle n’a jamais été trouvée pour expliquer pourquoi les neuf membres d’équipage ont mystérieusement disparu. Les hypothèses vont de la mutinerie à des rencontres avec des créatures marines inconnues. Bien que le navire ait été retrouvé en bon état de marche, l’absence de toute trace des occupants du Mary Celeste alimente toujours les spéculations et les théories conspirationnistes.

En février 1952, les pétroliers SS Pendleton et SS Fort Mercer, situés à 32 kilomètres l’un de l’autre, furent littéralement coupés en deux par des vagues atteignant plus de 20 mètres. Cette violente tempête a eu lieu au large des côtes de la Nouvelle-Angleterre, aux États-Unis. Ces navires, qui étaient au sud de Cape Cod dans le Massachusetts, ont laissé les équipages piégés sur les sections arrière des bateaux à la dérive. Leur naufrage a aussi engendré l’une des plus grandes opérations de sauvetage de l’histoire de la Garde côtière américaine. Les efforts héroïques des équipes de sauvetage ont permis de rescaper la plupart des hommes à bord, mettant en lumière la bravoure et la détermination face à l’adversité déchaînée de l’océan. Néanmoins, cinq membres de l’équipage (43 personnes) du SS Fort Mercer sont décédés lors du naufrage. Quant au SS Pendleton, neuf membres de l’équipage (41 hommes), dont le capitaine du navire, John Fitzgerald, sont morts.  

En 1935, le monde de la littérature et de l’aviation a été frappé par le tragique écrasement de l’écrivain-aviateur Antoine de Saint-Exupéry. Né en 1900 à Lyon, en France, Saint-Exupéry avait déjà acquis une renommée internationale avec ses œuvres littéraires, dont Courrier Sud et Vol de nuit, inspirées par ses expériences en tant que pilote de l’aéropostale. Le 29 décembre 1935, Saint-Exupéry avait décollé de l’aéroport du Bourget pour tenter de battre le record de vitesse sur le parcours Paris-Saïgon. Un prix de 150 000 francs était alors offert… 

Accompagné du mécanicien André Prévot, il a parcouru 3700 kilomètres en 19 heures 38 minutes, jusqu’à l’accident. Dans la nuit du 30 décembre, son avion (un Caudron Simon) a percuté un plateau à la vitesse de 270 km/h pour ensuite s’échouer dans le désert à quelques kilomètres du Caire, en Égypte. Saint-Exupéry et son compagnon ont passé trois jours et quatre nuits dans le désert, totalement perdus. Pratiquement sans nourriture et sans eau, ils ont finalement été sauvés par des Bédouins alors qu’ils se voyaient morts. 

L’accident puis le sauvetage de Saint-Exupéry ont fait grand bruit dans la presse européenne. En fait, l’homme a été fêté comme un héros. Quant à sa mésaventure, il en a réservé l’exclusivité au journal L’Intransigeant. Plus tard, il a rédigé et publié (en 1939) Terre des hommes, un recueil d’essais autobiographiques qui lui a permis de recevoir le grand prix du roman de l’Académie française, notamment. 

Cela dit, Saint-Exupéry est quand même décédé en vol… L’auteur du célèbre livre Le Petit Prince (1943) s’est écrasé dans les eaux de la Méditerranée en pilotant un appareil près de Marseille, en France, à l’été 1944. Un ancien pilote de l’armée de l’air allemande sous le Troisième Reich entre 1935 et 1945 a déclaré avoir abattu le Lightning P-38 d’Antoine de Saint-Exupéry, qui effectuait à cette époque une mission de reconnaissance. Le 31 juillet 1944, le commandant Antoine de Saint-Exupéry, 44 ans, avait quitté dans son Lightning P38 l’aérodrome de Borgo, en Haute-Corse, pour un vol jusqu’en Savoie. Il n’a jamais regagné la base…D’ailleurs, deux débris d’avion ont été retrouvés par un pêcheur au large des calanques marseillaises en 1998.