Girl Power!

Il y a quelques mois, il y a eu une levée de bouclier québécoise envers le magazine Rolling Stone. C’est que, voyez-vous, la célèbre publication a oublié d’inclure Céline Dion dans sa liste des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps. Scandale! Mais bon, c’est un mal pour un bien puisque ça nous a donné l’idée de faire notre propre top 10 des chanteuses rock (ou punk ou métal) que l’on préfère! Encore là, Céline brille par son absence. On s’excuse!

Née Brie Joanna Alice Robinson, l’Australienne est arrivée aux États-Unis en tant que femme du leader de Rancid (Tim Armstrong). Après deux albums avec son propre groupe et quelques apparitions dans les albums du punk californien, elle l’a quitté pour Josh Homme avec qui elle aura des enfants et de nombreux litiges réglés en cour. Au-delà de ses frasques personnelles, Brody est une redoutable chanteuse punk et rock. Une version améliorée de Courtney Love, si on veut. Sa discographie, des Distillers à sa carrière solo en passant par Spinerette, est très sous-estimée, selon nous.

Si la musique de la chanteuse islandaise n’est pas particulièrement rock ou pesante, elle mérite amplement sa place dans notre palmarès, ne serait-ce que par sa participation à divers projets punk et à l’œuvre des Sugarcubes. Son œuvre est inclassable et elle repousse les limites de la créativité à chaque parution. De plus, il y a certainement de grosses influences rock derrière Army of Me, Enjoy et Pluto.

Elle voulait être poète et surtout pas chanteuse, mais la New-Yorkaise finira par influencer toute une génération avec son chant imparfait, ses paroles puissantes et son approche non conventionnelle en musique. Le leader de Sonic Youth, Thurston Moore, a déjà dit en entrevue que Horses est son album favori de tous les temps et on comprend pourquoi dès les premières notes. Une très grande rockeuse.

La plupart d’entre vous ne la connaissez probablement pas encore, mais Catherine Jeanne-D’Arc est la chanteuse du band punk Chârogne qui rocke la métropole jusqu’à assurer les premières parties de Hubert Lenoir et de The Sainte-Catherines. Féministe, queer et habituée des shows de drag, l’artiste est une voix très importante pour la diversité et l’une des étoiles montantes de la scène punk québécoise actuelle, qu’elle soit en solo ou avec son groupe.

Une autre New-Yorkaise impossible à ignorer. La voix de mademoiselle Apple est un peu comme une drogue et si elle s’entourait des meilleurs musiciens à ses débuts, la dame a appris à tout faire elle-même et ses parutions gagnent en qualité chaque fois. Incontournable depuis les années 90, tout simplement.

Au début des années 2000, être un groupe de métal féminin était perçu comme une gimmick pour faire saliver les dudes à cheveux longs. Avec ses attaques anti-machos et ses cris de ralliement féministes, Morgan Lander menait le groupe canadien Kittie avec fougue et riffs brutaux. Au grand bonheur de leurs fans, ils ont récemment repris du service.

Avec son rock aux forts accents gothique, folk et métal, la californienne a tout pour intéresser les amateurs de lourdeur. Ses récentes affiliations avec Aaron Turner (sur son album Hiss Spun) et les gars de Converge (pour le projet Blood Moon) ne font que renforcer sa crédibilité dans le milieu. Une grande artiste.

On aurait pu mettre Kate Bush à la même position, mais on est un peu tannés à cause de Stranger Things. Blague à part, Tori mérite amplement sa place parmi nos chanteuses favorites. Elle est là depuis très longtemps et elle a séduit le monde entier dès son premier album solo, après une tentative ratée au sein d’un groupe appelé Y Kant Tori Read. Comparer ses chansons avec celles de Little Earthquakes est un exercice fascinant.

Une autre chanteuse qui flirte ouvertement avec le métal. Emma était auparavant membre du groupe Marriages avec notamment Andrew Clinco, devenu célèbre grâce à son projet Drab Majesty. En solo, sa carrière est le prolongement de Salome, l’excellent album de Marriages. Il faut aussi entendre ses EP collaboratifs avec Thou et l’album On Dark Horses, qui rappelle par moments… (roulement de tambours)

Tout fan de rock se doit de connaître PJ Harvey. C’est aussi simple que ça. Active depuis le tout début des années 90, l’anglaise est un véritable monument du rock, bien sûr, mais pas que. En explorant sa discographie, on découvre une artiste qui ne fait jamais de surplace en matière de créativité. Un album grunge/punk par-ci, un album solo au piano par-là, il y a tant à explorer dans son œuvre magistrale. Commencez par son premier prix Mercury (Stories from The City, Stories from The Sea) et remontez le temps pour découvrir votre nouvelle chanteuse favorite, si ce n’est pas déjà fait.

Au-delà de notre palmarès, il y a tellement d’artistes intéressantes à suivre et à écouter. Voici quelques albums que tout amateur de la musique au féminin doit avoir dans sa collection.

Kylesa – Static Tensions (2009)
Sans doute le meilleur album du quintette de Savannah en Georgie. On y retrouve les pièces les plus intenses de Laura Pleasants et ses musiciens et la pochette est l’œuvre de John Baizley de Baroness. Les amateurs du vieux Mastodon y trouveront certainement de quoi s’en mettre plein les oreilles!

Sur repeat: Unknown Awareness / Almost Lost / Only One

Siouxsie and the Banshees – The Scream (1978)
Sorti en plein cœur de l’explosion punk, le premier album de Siouxsie Sioux et ses Banshees a influencé des tonnes de groupes depuis sa sortie. C’est l’une des œuvres fondatrices du courant post-punk et même si le groupe est devenu plus pop avec le temps, sa crédibilité est cimentée à jamais par ses premiers albums.

Sur repeat: Jigsaw Feeling / Carcass / Metal Postcard

Chelsea Wolfe – Hiss Spun (2017)
Avec son rock aux forts accents gothique, folk et métal, la californienne a tout pour intéresser les amateurs de lourdeur. Ses récentes affiliations avec Aaron Turner et les gars de Converge (pour le projet Blood Moon) ne font que renforcer sa crédibilité dans le milieu. Une grande artiste. Hiss Spun est probablement son album le plus pesant.

Sur repeat: Vex / Twin Fawn / Static Hum

L7 – Hungry For Stink (1994)
Le quatrième album du groupe de Los Angeles associé de près à la scène grunge de Seattle est une véritable leçon de rock et de gros riffs bien gras. Donita Sparks est particulièrement en forme et si les chansons ne sont pas toutes pleinement développées, c’est juste un détail. Pas besoin de chanson quand les riffs te foutent une telle râclée! The Prodigy a d’ailleurs repris une chanson de l’album sur son classique The Fat of The Land.

Sur repeat: The Bomb / Fuel My Fire / Talk Box

Blonde Redhead – 23 (2007)
Tous les albums de Blonde Redhead sont excellents mais on a une légère préférence pour ce 7^e album où les influences noise rock, shoegaze et art rock de la formation sont vraiment bien maîtrisées. Comment ne pas aimer cette œuvre magique conçue dans le conflit et l’intensité alors que le groupe de Kazu Makino est entré en studio sans avoir de chansons déjà écrites. Un chef d’oeuvre de spontanéité.

Sur repeat: Dr. Strangeluv / Spring and by Summer Fall / Silently

Helium – The Dirt of Luck (1995)
Le groupe de Mary Timony a frappé fort avec ce petit bijou indie rock toujours très sous-estimé. La voix de la chanteuse, douce et veloutée, offre est une excellente réponse aux musiques souvent noise et rythmique offerte par le groupe, complété par Ash Bowie et Shawn King Devlin. On peut aussi entendre Mary dans le projet Team Sleep de Chino Moreno, chanteur de Deftones.

Sur repeat: Skeleton / Medusa / Honeycomb 

X-Ray Spex – Germfree Adolescents (1978)
Impossible de parler des femmes dans la musique rock, punk et métal sans parler de Poly Styrene. Le premier album de son groupe est sans doute l’un des grands classiques du punk britannique, aux côtés des Sex Pistols, Damned et Buzzcocks de ce monde. Le saxophone n’a jamais été si bien utilisé en contexte rock. On y retourne tout le temps!

Sur repeat: Identity / Genetic Engineering / Obsessed With You

Big Brother and The Holding Company – Cheap Thrills (1968)
Janis Joplin est l’une des premières chanteuses qui a prouvé au monde entier qu’une voix de femme peut facilement être aussi puissante que celle d’un homme sans même essayer d’être cute. Janis est l’intensité même et son départ précoce à l’âge de 27 ans est très regrettable parce que nous aurions probablement eu droit à plein d’autres joyaux musicaux de sa part.

Sur repeat: Piece of My Heart / Summertime / Ball and Chain