En 1980, un petit jeu étrange a commencé à apparaître dans les arcades, les bars ainsi que les centres commerciaux, d’abord au Japon, puis aux États-Unis. Ce nouvel arrivage présentait un labyrinthe, des fantômes colorés et ce qui ressemblait à une meule de fromage partiellement mangée en guise de personnage principal. Contrairement à tout ce qui l’avait précédé, Pac-Man a pris le monde d’assaut et a changé à jamais l’industrie du jeu vidéo. Même aujourd’hui, les jeux vidéo ont une dette envers Pac-Man pour avoir innové à bien des égards. Mais qui sont donc les héritiers de ce classique? Zoom sur cette véritable révolution culturelle.
L’un des jeux vidéo les plus emblématiques de tous les temps a franchi une étape importante de son parcours : Pac-Man fête ses 40 ans ! Bien sûr, il a l’air terriblement basique lorsque vous le comparez à, disons, Call of Duty Black Ops: Cold War, mais le jeu d’arcade imaginé par l’entreprise japonaise Namco a fait tout un tabac lors de sa sortie en 1980, en particulier par rapport aux prédécesseurs en noir et blanc comme Pong et Asteroids.
Les origines du célèbre mangeur de fantômes
Pac-Man est considéré comme la toute première superstar de l’ère des jeux vidéo et on le surnomme d’ailleurs le Mickey Mouse des années 80. Toru Iwatani, le designer japonais et créateur du jeu, a eu la géniale idée à propos de l’apparence physique de Pac-Man en prenant une petite bouchée dans une pizza et en se rendant compte que le reste du plat ressemblait à une tête avec une large bouche ouverte. Il est intéressant de savoir que le jeu s’appelait initialement Puck-Man, d’après un jeu de mots avec le mot « paku », qui signifie gober ou engloutir en japonais, mais que ce dernier a été rebaptisé Pac-Man quand il a été lancé aux États-Unis, de peur que les joueurs s’amusent à remplacer le P initial par un F… Élémentaire, Watson! Ainsi, la première machine du jeu a ainsi été installée dans un cinéma de l’arrondissement tokyoïte branché de Shibuya plutôt que dans une salle d’arcades avec des jeux violents. Et le succès fut immédiat…
Mais comment ça marche au juste ?
Le but du jeu est simple comme bonjour : faire avaler à l’affamé Pac-Man toutes les pastilles du labyrinthe, tout en échappant aux fantômes qui le hantent, lesquels deviennent de plus en plus rapides au fil des niveaux. À propos de ces quatre charmants fantômes – Blinky (rouge), Pinky (rose), Inky (bleu) et Clyde (orange) –, sachez qu’ils ont tous leur propre personnalité. Si Pac-Man se fait attraper par un de ces quatre rivaux, il perd une vie et la joute prend fin lorsque toutes les vies ont été épuisées.
Mais l’attrait le plus jouissif du jeu est sans contredit le fait de pouvoir chasser et gober les fantômes à leur tour, pendant quelques secondes, sitôt que Pac-Man avale l’une des pilules magiques situées dans les quatre coins du jeu. Les fantômes vulnérables deviennent alors bleus, marchent en sens inverse et affichent une expression de peur signalée par des petits yeux et une bouche en ligne cassée. Une fois englouties, les créatures retournent dans la salle centrale du labyrinthe pour reprendre leur aspect original, donnant davantage de temps à monsieur Pac-Man pour terminer le tableau. Mais après un certain temps, les fantômes bleus redeviennent normaux et, surtout, dangereux à nouveau. Bien entendu, bouffer le plus de fantômes bleus possible s’avère payant… Selon le magazine Wired, le plus haut score possible du jeu est 3 333 360 points, soit à la fin du 256e et dernier niveau, à condition de n’avoir jamais été dévoré une seule fois par les fantômes et d’avoir mangé toutes les pastilles, fruits et fantômes disponibles…
À vos marques, prêt, bouffez!
« C’était le bon temps des arcades! En raison des limitations technologiques, les jeux de l’époque étaient très simples. Pas de cinématiques, d’histoire ou de personnage complexes. Pourtant, Pac-Man semblait avoir une personnalité, les fantômes aussi! Se déplacer dans le labyrinthe pour gober les petites boules tout en évitant les fantômes, c’est tout ce qu’il fallait savoir pour commencer à jouer. C’était suffisant pour créer une fascination, voire une dépendance », de dire Pascal Forget, journaliste techno.
Pas seulement un jeu vidéo
Depuis sa création à Tokyo et au fil du temps, cette adorable vedette jaune demeure à ce jour la franchise la plus lucrative et le jeu le plus vendu de tous les temps, générant des revenus de
14 milliards $ (en date de 2016) et 43 millions d’unités vendues. Ce mignon bonhomme glouton a donné naissance à plus de 30 jeux vidéo, deux séries animées et est même apparu dans plusieurs films au cinéma (pensons à Pixels, Guardian of the Galaxy 2 et Wreck-it Ralph). Côté produits dérivés, il s’agit là d’une véritable mine d’or et ce sont plus de 200 articles à l’effigie du célèbre personnage qui ont vu le jour depuis sa création : peluches, boîte à lunch, céréales, livres, t-shirts, pour ne nommer que ceux-ci. Les musiciens Jerry Buckner et Gary Garcia ont eux aussi surfé la vague du succès Pac-Man avec leur titre Pac-Man Fever, qui s’est hissé à la 9e place du palmarès Billboard Hot 100 aux États-Unis en mars 1982. Pac-Man a, par la suite, été adapté sur un grand nombre d’ordinateurs et de consoles (Atari 2600, NES, Game Boy, PlayStation, Xbox 360, iPhone, etc.).
Avec Pac-Man, tout le monde était le bienvenu à l’arcade…
Pac a la réputation d’être le premier jeu vidéo à attirer les filles dans les arcades dominées à l’époque par les garçons. À la fin des années 70, ces lieux étaient reconnus pour être des lieux de rencontre exclusivement masculins régis par des jeux vidéo avec des thèmes adaptés aux hommes, à savoir les courses automobiles, les jeux de sport et de guerre, ainsi que les batailles spatiales. Ce changement de dynamique a ainsi permis à tout le monde d’être inclus dans la culture des arcades.
« Pac-Man a la grande qualité d’être accessible, universel et d’être apprécié autant par les femmes, les hommes, les jeunes comme les moins jeunes. Il est facile à apprendre, mais difficile à mettre de côté. Fait intéressant : il fait partie des rares jeux dont la manette ne nécessite pas un bouton pour le jouer. Plusieurs jeux ont donc été influencés par le célèbre mangeur de fantômes, dont Lady Bug, qui pouvait être joué sur la console ColecoVision », raconte Marc Saltzman, gourou des technologies.
Impacts sur l’industrie du jeu vidéo et les héritiers de ce grand classique
Ce titre a été le premier à mettre de l’avant un personnage principal qui servait, en quelque sorte, de mascotte. Ainsi, si Mario et Luigi ont été le visage de Nintendo, c’est grâce à Pac-Man, qui a ouvert la voie pour eux. Avec ses pilules magiques, Pac-Man a également été le tout premier jeu de l’histoire à mettre de l’avant le concept de power-up, ces bonus qui permettent aux joueurs d’avoir plus de puissance. Après la sortie de Pac-Man, l’intérêt pour les jeux de labyrinthes a tout simplement explosé, et des titres comme Taxman, Snack Attack, Jawbreaker et Monster Maze peuvent, entre autres choses, être considérés comme des héritiers de ce classique. De nombreuses suites ont également vu le jour, à savoir Super Pac-Man, Pac-Man World ou encore la ô combien célèbre Ms. Pac-Man (qui est en fait le tout premier jeu avec lequel j’ai joué sur mon Atari 2600 à l’époque). Ainsi, des jeux grand public, comme The Sims, Dance Dance Revolution et Candy Crush, peuvent dire merci à Pac-Man en prouvant que tout le monde peut aimer jouer à des jeux vidéo.
Pac-Man est encore actuel et amusant à jouer aujourd’hui
Enfin, il n’existe pas beaucoup de jeux qui sont transférables et rejouables de génération en génération et qui ont toujours le même niveau de difficulté, de complexité ou de défi, mais, heureusement, Pac-Man en fait partie. C’est sans aucun doute un jeu durable. Qu’on le retrouve encore de nous jours dans les arcades des salles de cinéma, par exemple, ou encore via les consoles vintage, qui sont très populaires par les temps qui courent et qui regroupent les grands classique de l’époque, démontre à quel point Pac-Man n’a pas fini de nous séduire et de nous divertir…