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LE BLOCKBUSTER A TRAVERS LES AGES

Nicolas Lacroix
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Principalement associé aux films, le terme « blockbuster » s’applique en fait à n’importe quelle forme de divertissement fort populaire et est généralement accompagné d’un grand succès financier.

Formé des mots « block », dans le sens de pâté de maison, et « buster », dans le sens de démolisseur, le blockbuster est donc littéralement un démolisseur d’immeubles, inspiré par des bombes lourdes employées pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le terme a été appliqué à un film pour la première fois par la bible du divertissement Variety, en 1943, pour désigner (HAHA!) le film Bombardier… qui n’avait rien à voir avec le père québécois de la motoneige, en passant.

En plus du grand potentiel financier, un film qualifié de blockbuster est plus souvent qu’autrement un film à grand déploiement, un film-spectacle. Bien, bien rare que le petit film sur le cordonnier de quartier dont le commerce est en train de mourir à cause du méchant commerce en ligne soit considéré comme un blockbuster, même si par miracle il devenait un gros succès. S’il y a eu des blockbusters à quelques reprises dans les années 50 et 60, c’est dans la décennie suivante que le concept s’est vraiment installé, pour y rester. Le phénomène a été propulsé par plusieurs facteurs de changement dans les habitudes.

Permettez-moi une note un peu technique nécessaire : jusqu’au années 70, on lançait des films selon une méthode bien précise. Les films étaient propulsés dans quelques grandes villes, histoire de générer des critiques et un bouche-à-oreille. Quelques semaines ou mois plus tard, on déplaçait le film vers des marchés secondaires et ainsi de suite. Le film était à l’affiche plus longtemps et faisait son argent sur une longue période.

En 1975, Universal allait lancer un film-évènement dont le succès reposait sur la période estivale et dont on n’avait pas le temps pour la méthode habituelle. Il fallait frapper fort et vite. Pour une rare fois, on lancerait le film sur un nombre record d’écrans en même temps. Il s’agissait du deuxième film d’un certain Steven Spielberg et d’une adaptation d’un roman populaire publié l’année précédente. Jaws nécessitait d’exploiter la période généralement morte au cinéma, la période estivale, pour avoir un impact maximal.

En trois ans de films réalisés par deux amis, Steven Spielberg et George Lucas, on allait changer à jamais la façon d’exploiter les salles de cinéma. De 1975 à 1977, la période morte du cinéma, l’été, allait devenir son principal gagne-pain avec les sorties de Jaws, puis d’un petit film intitulé Star Wars.

Autre élément-clef de l’avènement du blockbuster, les genres de films généralement considérés de seconde classe, de séries B ou Z, allaient trouver leur légitimité grâce à de plus gros budgets, à des réalisateurs qui les prenaient au sérieux et à la démocratisation du fameux septième art. La science-fiction, l’horreur, l’action et le film familial allaient devenir les courroies de l’engrenage vers le succès commercial. Tous des genres sur lesquels l’industrie levait le nez dans les décennies précédentes.

 

Deux autres changements ont eu un impact majeur sur le cinéma dans les années 80 : l’arrivée du magnétoscope et la transformation des cinémas en multiplexes. Avec l’arrivée du magnétoscope et des clubs vidéo – dont, tiens tiens, Blockbuster! –, le public n’allait plus dans les salles de répertoire de quartier pour découvrir les films moins connus. Comment parer à cette perte? Au lieu d’avoir une salle ou deux, on a commencé à construire des complexes de 4, 7, voire 20, salles! On pouvait ainsi présenter plusieurs fois le gros film-évènement du moment.

Si la mode des années 2000 fut l’adaptation d’œuvres littéraires, comme The Lord of the Rings, Harry Potter et Hunger Games, les années 2010 sont totalement dominées elles par les blockbusters de… Disney, qui écrase tout sur son passage. Jusqu’à ce qu’arrive… mars 2020.

SUGGESTIONS

Les blockbusters existent depuis les années 40, mais, évidemment, l’inflation fait que les dernières décennies dominent les classements. Il est cependant intéressant de recadrer le palmarès en ajustant en dollar constant (donc sans considérer l’inflation). Voici le top 10 ajusté.

10. STAR WARS: THE FORCE AWAKENS (2015)

Après le désastre de la 2e trilogie Star Wars, l’arrivée de J.J. Abrams pour relancer la franchise a piqué l’enthousiasme des fans.

9. DOCTOR ZHIVAGO (1965)

Cinq Oscars pour cette grande fresque adaptée d’un roman de Boris Pasternak. À la fois film d’aventures, fresque historique et drame romantique, ce film du grand David Lean dure plus de trois heures et était présenté avec intermission à l’époque!

8. THE TEN COMMANDMENTS (1956)

Un classique des classiques du temps des Fêtes, ce drame biblique met en vedette Charlton Heston et est réalisé par Ceci B. DeMille, le père du film-spectacle et du blockbuster.

7. E.T. (1982)

Le premier film à surpasser le record de Star Wars au box-office, E.T. l’extra-terrestre est l’ancrage d’une année phénoménale au box-office, qui a aussi vu les sorties de Rocky 3, First Blood, 48 Hrs, Porky’s, Poltergeist et Blade Runner.

6. THE SOUND OF MUSIC (1965)

Eh oui, La Mélodie du Bonheur en a généré beaucoup, de bonheur, à l’époque. Ce drame musical basé sur les mémoires de Maria von Trapp se déroule quand même sur fond d’invasion nazie et est donc qualifié de drame et non de comédie musicale.

5. AVENGERS: ENDGAME (2019)

La culmination d’une vingtaine de films du Marvel Cinematic Universe (MCU), Endgame marque la fin d’une grande étape chez Marvel et les fans sont venus souligner cette étape en nombre record.

4. STAR WARS (1977)

Le film qui a inventé le produit dérivé. Lancé une « religion ». Donné une carrière à Mark Hamill et (éventuellement) tué celle de Jar-Jar Binks. Le phénomène intergalactique et la définition même d’un blockbuster.

3. TITANIC (1997)

Qui aurait cru qu’un film un peu (un peu?) cu-cul sur une histoire dont tout le monde connaît la fin aurait un tel succès? James Cameron, « that’s who »! René Angélil aussi.

2. AVATAR (2009)

Il danse avec les Na’vi, James Cameron, et encore une fois une histoire archi-connue et prévisible devient un monument du box-office. Il faut dire que cette fois, Cameron s’appuie sur une technique 3D révolutionnaire, ce qui nous aide à oublier les aspects moins révolutionnaires de son scénario.

1. GONE WITH THE WIND (1939)

Ça vous donne une idée de la domination de ce drame romantique historique : plus de 80 ans plus tard, il demeure le roi incontesté du box-office de tous les temps malgré les Marvel et Star Wars. Je ne le verrai pas plus, remarquez. « Frankly, I don’t give a damn. »

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