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Ciné KUNG FU!

Nicolas Lacroix
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Quand on entend le terme kung fu, on pense souvent à des moines chauves, en costume d’époque, avec des sons exagérés et une post-synchronisation disons… déficiente. Avec raison… un peu.

Les débuts

Le terme kung fu est ancien : le missionnaire jésuite Jean Joseph Marie Amiot l’aurait inventé dans les années dix-sept-cent. Mais l’expression kung fu a vraiment fait son apparition dans la culture pop occidentale dans les années 70. Bien que plusieurs pensent qu’il désigne le combat à mains nues, il désigne en fait les arts martiaux en général, avec armes ou sans.

Le cinéma d’arts martiaux a ses origines à Shanghai dans les années 20. Fait qui sera étonnant pour certains, une des toutes premières vedettes de ce type de cinéma fut une femme : Wu Lizhu, qui tourna une demi-douzaine de films de 1920 à 1961.

Ce type de cinéma s’inspire de l’Opéra de Pékin, une forme d’art qui remonte au tout début de l’antiquité et trouva sa forme la plus achevée au 13e siècle, sous la dynastie des Yuan. Cette forme d’art combinait le chant, le jeu dramatique, les acrobaties, arts martiaux et costumes très colorés. Les films de kung fu ont donc longtemps repris ce modèle.

Les films de Kung fu de combat à mains nues commencent quant à eux à la fin des années 40 à Hong Kong, notamment avec les films sur Wong Fei-Hung, un médecin, spécialiste des arts martiaux et héros populaire au tournant du 19e siècles. À lui seul, ce personnage folklorique a été le sujet de plus de 100 films et séries télé et fut interprété entre autres par Jet Li, Jackie Chan et Gordon Liu !

Assez rapidement, le cinéma de kung fu est dominé par le studio Shaw Brothers, une compagnie de Hong Kong qui adopte le modèle hollywoodien des premières années du cinéma. C’est à dire que les acteurs sont signés de façon exclusive et que Shaw Bros. devient une usine à films avec des douzaines de productions en chantier en même temps, le studio roulant presque 24 heures sur 24. Les mêmes équipes avec les mêmes réalisateurs et ainsi de suite. Les gens couchent sur place, se reposent quelques heures entre les tournages et recommencent ensuite.

Malheureusement les frères Shaw manquent de vision, refusant de signer des nouvelles vedettes comme Bruce Lee et Jackie Chan et au tournant des années 70, la nouvelle machine à films de kung fu est la rivale Golden Harvest.

Les sommets, gracieuseté de Bruce Lee

C’est Bruce Lee qui permit à ce genre cinématographique de s’implanter pour de bon en occident. Sa fougue, son charisme et le fait qu’il parlait anglais contribuèrent au succès de ce style. Son influence fut telle qu’il proposa une série télé mi-western, mi-kung fun pour la télé américaine. Le réseau ABC accepta et la série Kung Fun devint rapidement la série la plus regardée ! Seul petit hic : le réseau a préféré embaucher un acteur… caucasien, David Carradine, pour le rôle principal ! Déçu du traitement que lui réservait Hollywood, Lee retourna à Hong Kong pour lancer pour de bon sa carrière cinématographique, avec le succès qu’on lui connait. Son décès à 32 ans en 1973 fut un dur coup pour le succès du cinéma de kung fu en occident.

Les années 70 furent aussi propulsées par les Sonny Chiba, Jim Kelly, Gordin Liu et bien, bien d’autres.

Influence sur le hip hop et le breakdancing

Les 40 dernières années

Les années 80 et 90 ont vu l’émergence de nouveaux talents, de nouvelles vedettes du kung fu au cinéma. Adversaire de Lee dans quelques films, Chuck Norris devint un des porte-étendards des arts martiaux dans ses films d’action. Jean-Claude Van Damme aussi, tout comme Steven Seagall quand il pouvait encore bouger !

Jackie Chan fut incontestablement la vedette des années 90 et figure, même en 2020, dans la liste des 10 acteurs les mieux payés au monde et un des plus reconnus sur la planète. Dans un passage du flambeau non-officiel, Chan croisa Bruce Lee sur le plateau des films Fist of Fury et Enter the Dragon.

Jet Li fut également une figure de proue du kung fu dans les années 90, pour aboutir à Hollywood le temps de quelques films dont L’Arme Fatale 4.

Depuis le tournant des années 2000, le cinéma de kung fu délaisse presque totalement son côté ringard pour adopter un réalisme et une brutalité jamais vus. Les techniques de combat et de cascades venues notamment de Thaïlande (le muay-thaï) ou d’Indonésie (le silat) ont totalement revitalisé le kung fu à l’écran. Les films d’aujourd’hui coupent le souffle et mettent en vedette des athlètes de haut niveau comme Iko Uwais, Scott Adkins et Tony Jaa. L’avenir du cinéma de kung fu brille de tous ses feux.

SUGGESTIONS

ENTER THE DRAGON

Comment ne pas commencer par ce classique ? Le plus achevé des films de Bruce Lee on y retrouve aussi Jim Kelly, Jackie Chan, John Saxon et Sammo Hung.

DRUNKEN MASTER 2

Un des films les plus impressionnants de Jackie Chan. Finale incroyable. Difficile à trouver mais vaut l’effort

THE RAID: REDEMPTION

Un bel exemple de la brutalité sauvage du nouveau kung fu au cinéma. À couper le souffle

THE NIGHT COMES FOR US

Si vous avez apprécié The Raid, voici un descendant direct, qui met également en vedette Iko Uwais.

LONE WOLF AND CUB

Basé sur le manga du même titre, raconte les aventures d’Ogami Itto, assassin qui voyage avec son fils de 3 ans.

KUNG FU HUSTLE

Stephen Chow est le roi de l’humour absurde et décortique des genres classiques du cinéma asiatique à sa façon. Kung Fu Hustle en est un brillant exemple.

BLADE OF THE IMMORTAL

Quand le déjanté réalisateur Takashi Miike s’attaque au cinéma d’arts martiaux ça donne un classique réinventé et sanglant.

MAN FROM NOWHERE

Clairement une des inspirations majeures de la série de films John Wick.

IRON FISTS AND KUNG FU KICKS

Un très divertissant documentaire sur le cinéma de kung fu de Hong Kong.

HERO

Une des plus belles illustrations de la beauté que peuvent avoir les films d’arts martiaux, Avec Jet Li, Donnie Yen et Maggie Cheung.

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