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DOOM

Chroniqueur Alexandre Goulet
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Les années 90, là où l’industrie du jeu vidéo était en pleine effervescence avec des progrès rapides dans le domaine des graphismes et du gameplay. C’était les années où le moindre petit détail ajouté en texture nous faisait croire à une production hollywoodienne – une époque plus simple où nous étions facilement ébloui par la magie des jeux vidéo.

Les ordinateurs personnels devenaient de plus en plus accessibles, permettant à une nouvelle génération de développeurs de créer des jeux plus ambitieux – et, surtout, les jeux que ces derniers souhaitaient voir sur le marché. Id Software, fondé en 1991 par John Carmack, John Romero, Tom Hall, et Adrian Carmack, était à l’avant-garde de cette révolution. Ils deviendront les créateurs d’une toute nouvelle génération de jeux vidéo qui changera la donne pour toujours.

Avec Wolfenstein 3D, id Software a réalisé un jeu qui a non seulement captivé les joueurs mais, aussi, redéfini ce que pouvait être un jeu vidéo d’action. Cet engouement résultait d’une toute nouvelle façon de jouer pour le consommateur, celle du first person shooter ( FPS) – une véritable révolution. L’engouement pour ce jeu a montré aux développeurs qu’il y avait un marché énorme pour ce type de jeux, les encourageant à pousser encore plus loin les capacités techniques et créatives avec leur prochain projet, qui allait devenir Doom.

Le développement de Doom a commencé en 1992, peu de temps après la sortie de Wolfenstein 3D et son engouement monstre. John Carmack, principal programmeur d’id Software, voulait créer un jeu qui irait au-delà de ce qu’ils avaient réalisé auparavant tant sur le plan technique que sur le plan de l’expérience de jeu. L’équipe s’est fortement inspirée de la culture populaire, notamment des films de science-fiction et d’horreur comme Aliens et Evil Dead II, ainsi que des jeux de rôle sur table comme Dungeons & Dragons pour amener une toute nouvelle dimension à ce jeu.

Les innovations techniques

Doom est souvent considéré comme le jeu qui a véritablement popularisé le genre du jeu de tir à la première personne (FPS). Bien que Wolfenstein 3D soit reconnu comme le premier FPS, Doom a affiné et défini les mécanismes qui sont devenus des standards : des niveaux non linéaires, une grande variété d’armes, des ennemis intelligents et un rythme de jeu rapide. Ces éléments ont été repris et adaptés par de nombreux jeux par la suite, formant la base de ce qu’est un FPS moderne et faisant entrer Doom dans la légende.

Une des plus grandes innovations de Doom réside dans son moteur de jeu, conçu par John Carmack. Contrairement à Wolfenstein 3D, où les niveaux étaient construits sur un plan de jeu essentiellement plat, Doom permettait la création d’environnements tridimensionnels plus complexes avec des niveaux de hauteur variés, des textures détaillées, des effets de lumière dynamiques et des surfaces inclinées. Ç’a permis une immersion encore plus grande pour les joueurs, renforçant l’atmosphère oppressante et surnaturelle du jeu. Et parlons-en, quelle immersion! Aucun jeu n’avait permis d’être autant dans l’action que Doom à ce moment-là dans la grande histoire des jeux de tir. C’était réellement une petite révolution qui s’effectuait devant nos yeux.

Le jeu utilisait également une méthode de rendu appelée « binary space partitioning » (BSP), qui optimisait les performances et permettait de créer des environnements plus vastes et plus détaillés. Doom a aussi introduit des concepts novateurs, comme les salles non rectangulaires, les plateformes en mouvement et les effets de lumière stroboscopiques qui contribuaient à l’ambiance effrayante. Toutes des choses qui semble bien anodines quand on y pense maintenant, mais qui étaient à des années-lumière de ce qui se faisait à l’époque pour les jeux vidéo. Doom offrait ainsi une véritable expérience de jeux d’arcade, mais dans le confort de son salon.

L’atmosphère et le design

L’atmosphère de Doom est un autre aspect fondamental du jeu. Les développeurs ont créé un monde de science-fiction où le joueur, incarnant un Space Marine anonyme (souvent surnommé « Doomguy »), se retrouve sur une base martienne envahie par des forces démoniaques issues d’une expérience scientifique ayant mal tourné. Le joueur doit naviguer à travers des niveaux labyrinthiques, affronter des monstres terrifiants et survivre à des situations de plus en plus périlleuses. Et dire que ça brassait pour l’époque serait un euphémisme, c’est réellement à des lieux de ce qui se faisait à l’époque. Les monstres arrivaient de toutes parts et sautaient réellement au visage du joueur. C’était une expérience de jeu comme on en avait rarement vue.

Le design sonore et musical, composé par Bobby Prince, a également contribué à l’expérience immersive du jeu. Les sons gutturaux des démons, les explosions des armes et les morceaux de musique heavy metal en arrière-plan ont tous joué un rôle crucial pour plonger les joueurs dans l’univers de Doom, qui a littéralement marqué une génération complète.

La sortie

Doom est sorti le 10 décembre 1993, d’abord en tant que shareware. Le shareware est un modèle de distribution qui permettait aux joueurs d’accéder gratuitement au premier épisode du jeu tout en devant payer pour débloquer les épisodes suivants. Ce modèle s’est révélé extrêmement efficace pour diffuser le jeu à grande échelle. Le mot se passait rapidement et le jeu profitait d’une promotion organique comme rarement nous en avions vue. En quelques semaines, Doom s’était répandu dans le monde entier, principalement via les réseaux d’échange de fichiers sur Internet, les disquettes échangées entre amis et les BBS (Bulletin Board Systems). Nous assistions à un véritable phénomène culturel! 

La réponse du public face à Doom a été phénoménale. Le jeu est devenu un succès commercial et critique, captivant les joueurs avec son style de jeu rapide, son atmosphère intense et ses graphismes avancés pour l’époque. Le jeu a également favorisé une communauté active de joueurs qui ont commencé à créer et à partager leurs propres niveaux grâce aux fichiers WAD (Where’s All the Data?). Ces fichiers contenaient des cartes, des textures et des sons que les joueurs pouvaient modifier ou remplacer, permettant une personnalisation du jeu sans précédent. Le début d’une nouvelle ère commençait!

Cependant, Doom n’a pas été sans controverse. Sa violence graphique et son imagerie satanique ont suscité des débats intenses sur les effets des jeux vidéo sur les jeunes joueurs – comme à peu près tout ce qui arrive de nouveau dans le domaine du divertissement. Certains politiciens et groupes religieux ont accusé le jeu de glorifier la violence et de promouvoir des thèmes occultes. Cette controverse a renforcé la notoriété du jeu, contribuant à sa légende, mais elle a aussi ouvert la voie à des discussions plus larges sur la régulation des contenus dans les jeux vidéo. Mais il faut bien avouer que du sang, même s’il est en pixel, il y en a une certaine quantité!

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