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Ces ligues qui n’existent plus…

Chroniqueur Michel Bouchard
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Les ligues de sport professionnel connaissent énormément de succès en Amérique du Nord, avec des athlètes qui empochent le magot et une industrie qui génère des revenus à grands coups de milliards de dollars.

La National Hockey League (NHL), la Major League Baseball (MLB), la National Basketball Association (NBA), la National Football League (NFL) et, dans une moindre mesure, la Major League Soccer (MLS) constituent toutes des ligues à succès qui attirent énormément de spectateurs et qui profitent de contrats de télédiffusion d’envergure.

Vous en avez peut-être déjà entendu parler, mais il a présentement une pandémie de COVID-19. Cette épidémie a mis à mal le sport professionnel en forçant l’annulation de saisons partielles ou complètes et en empêchant les spectateurs de se présenter dans les stades. Pour boucler les saisons déjà entamées, la NBA et la NHL ont même dû jouer en plein été et la saison de baseball a été réduite à 60 parties… Alors qu’on s’attendait à des audiences records, les résultats ont été mitigés : pas de spectateurs pour acheter des billets et se goinfrer de hotdogs, et des cotes d’écoute plus que décevantes à la télévision… de quoi remettre en question les fondements de l’industrie. Certaines ligues, pourtant majeures, sont présentement sur le qui-vive quant à leur avenir, qui paraissait pourtant sécurisé il n’y a pas si longtemps.

Par exemple, la Canadian Football League (CFL) n’a pu disputer sa saison 2020, faute de revenus, générés en grande partie par la présence de spectateurs. Cette ligue offre un excellent niveau de jeu, même si elle n’est pas du calibre de la NFL. Fondée en 1958, l’historique de la CFL est riche et malgré tout, sa survie est remise en question. Ce qui démontre que même si les bases sont solides et historiques, rien ne garantit la survie…

Pour en arriver à cette renommée, ces circuits professionnels ont eu à commencer à quelque part et à bâtir leur succès. Pour ce faire, il faut des gens fonceurs, fortunés et prêts à encaisser les coups et, surtout, les coûts. Mais ne lance pas une ligue de sport professionnel qui veut. Malgré toute la bonne volonté du monde, certains tentent le coup à grands renforts de publicité et finissent par échouer lamentablement dans leurs projets… C’est parfois triste et c’est parfois risible. Un exemple triste de ligue qui n’a pas survécu au passage des générations est la International Hockey League (IHL), un circuit professionnel assez semblable à la American Hockey League (AHL), qui a tout de même su tirer son épingle du jeu de 1945 à 2001. C’est d’ailleurs dans cette ligue que les Rafales de Québec ont évolué le temps de quelques saisons.

Voici un palmarès de quelques-unes de ces ligues professionnelles qui ont cessé d’exister…

L’AMH : Quand la NHL se sent menacée…

Un des facteurs déterminant dans la montée en popularité et dans la croissance de la NHL est sans contredit l’arrivée de l’Association mondiale de hockey (AMH) en 1971. Elle avait été fondée par un duo de californiens (Dennis Murphy et Gary Davidson) dans l’objectif de rivaliser avec la meilleure ligue au monde, soit la NHL.

Si, au départ, les bonzes de la NHL regardaient de haut les petits nouveaux qui s’essayaient, le départ de certains de leurs joueurs vedettes vers l’AMH, avec Bobby Hull en tête, a commencé à les chicoter. Tranquillement pas vite, la ligue de « second tiers » prenait de plus en plus de galon et semblait en voie de tenir sa promesse de changer la face du hockey à jamais.

Outre Hull, qu’ils attirent avec un contrat de 1 million $ pour 10 saisons, le vénérable Gordie Howe sort de sa retraite pour aller jouer avec ses deux garçons au sein de la franchise de Houston. Bernard Parent, Gerry Cheevers, Derek Sanderson et Jean-Claude Tremblay sont d’autres exemples de joueurs qui avaient fait défection en signant de lucratifs contrats avec la « p’tite nouvelle ligue ».

Cette ligue innovait à bien des égards en tentant des coups audacieux, notamment avec la venue de patineurs européens, et des coups complètement ratés, comme l’utilisation d’une rondelle bleue; mais le grand coup de maître de l’AMH, c’est d’avoir permis à un joueur de 17 ans de jouer au hockey professionnel, alors que les règlements de la NHL interdisaient d’aligner des adolescents. C’est ainsi que le meilleur pointeur de l’histoire du hockey, Wayne Gretzky, a fait ses débuts au hockey professionnel dans l’AMH avec les Racers d’Indianapolis. Après seulement huit parties à Indianapolis, Gretzky est vendu aux Oilers d’Edmonton, le propriétaire du club estimant que le salaire octroyé à la Merveille ne serait jamais rentable.

Même si l’AMH ne comptait que quelques équipes, il y a eu un mouvement incroyable quant aux franchises. En somme, les déménagements d’équipes étaient aussi réguliers qu’un consommateur de All Brand. Se sont succédés les Cougars de Chicago (1972-75), les Stingers de Cincinnati (1975-79), les Broncos de Calgary (qui n’ont jamais touché la glace), les Crusaders de Cleveland (1972-76), les Fighting Saints du Minnesota (1972-77), les Spurs de Denver (1975-76), les Civics d’Ottawa (1976), les Sharks de Los Angeles (1972-74), les Stags du Michigan (1974-75), les Blades de Baltimore (1975), les Raiders de New York (1972-73), les Golden Blades de New York (1973), les Knights du New Jersey (1973-74), les Mariners de San Diego (1974-77), les Nationals d’Ottawa (1972-73), les Toros de Toronto (1973-76), les Bulls de Birmingham (1976-78), les Sharks de San Francisco (qui n’ont pas plus touché la glace que les Broncos), les Screaming Eagles de Miami (qui ont imité les Broncos et les Sharks), les Blazers de Philadelphie (1972-73), les Blazers de Vancouver (1973-75), les Cowboys de Calgary (1975-77), les Roadrunners de Phoenix (1974-77), les Aeros de Houston (1972-78), les Racers d’Indianapolis (1974-78), les Oilers d’Edmonton (1972-79), les Whalers de la Nouvelle-Angleterre (1972-79), les Jets de Winnipeg (1972-79) et les Nordiques de Québec (1972-79). Tout ce va-et-vient d’équipes était évidemment causé par des manques de capitaux et par une instabilité évidente à la tête des formations. Les problèmes financiers étaient nombreux et pratiquement toutes les franchises étaient affectées par différents soucis monétaires.

L’AMH ne fera finalement que passer puisqu’en 1979, elle se voit forcée de cesser ses activités, faute de revenus suffisants. Quatre équipes seulement parviennent à survivre : les Oilers d’Edmonton, les Jets de Winipeg, les Whalers de la Nouvelle-Angleterre et, évidemment, les Nordiques de Québec, qui rejoignent la NHL au cours d’une fusion entre ligues.

Il a fallu beaucoup de préparatifs et de temps aux dirigeants de l’AMH pour mettre leur ligue sur les rails… et pas si longtemps pour la faire dérailler.

La Ligue mondiale de football : Des débuts prometteurs, une issue prévisible

Dans l’optique de créer une ligue de développement pour permettre à des joueurs ayant encore un éventuel potentiel de se retrouver dans la meilleure ligue au monde et ayant terminé leur carrière universitaire de continuer à jouer pro, les bonzes de la NFL ont eu l’idée, en 1991, de lancer une nouvelle ligue de football. C’est de cette initiative qu’est née la WLAF. Oui, il faut admettre que l’acronyme est plutôt moche et sonne comme un chien pas de dents qui jappe. La World League of American Football avait également un autre objectif, soit de faire rayonner son produit à l’extérieur du territoire américain.

Pour lancer les activités de cette ligue à quatre essais nouveau genre, on a choisi des villes clés qui pouvaient permettre à la ligue de croître et d’agrandir le bassin de partisans de ce sport, jusque-là joué presque uniquement sur le continent nord-américain, plus précisément au pays de Donald Trump.

À l’intérieur de trois divisions – une de cinq équipes et deux autres de trois équipes – les clubs de la WLAF étaient éparpillés à Barcelone, à Francfort et à Londres (Division Europe), à Birmingham, à Sacramento et à San Antonio (Division Ouest Amérique du Nord) et à New York, à Columbus, à Orlando, à Raleigh et… à Montréal (Division Est Amérique du Nord). Eh oui, c’est là que, pendant deux ans, la Machine de Montréal a arboré son chandail rouge vin et gris que bien peu d’amateurs de sport ont encore en mémoire aujourd’hui. Avec des équipes séparées par une telle distance et par des fuseaux horaires très différents, cela quémandait une logistique fort complexe.

Si les moyens financiers de la NFL permettaient d’envisager un succès rapide, la manière de faire mise de l’avant par les décideurs ont rendu les choses plus ardues. En quelques semaines, on a embauché des entraîneurs et organisé des entraînements… Les équipes ont été formées en quelques jours seulement. Les joueurs étaient invités à un entraînement et à des tests médicaux d’une durée d’une seule journée, tour à tour selon leur position. Le soir, les clubs procédaient au repêchage des joueurs évalués dans la journée.

Si l’engouement pour ce spectacle a été instantané, il n’aura pas duré longtemps. Au terme de la deuxième saison, on a décidé de changer d’approche. Les équipes sont pratiquement toutes tombées. LA NFL a ensuite changé son fusil d’épaule et, après avoir cessé ses activités quelques années, on a relancé la ligue en Europe seulement, sous le nom NFL Europe. L’aventure a là aussi duré un moment, mais en 2007, tout s’est finalement terminé. Aujourd’hui, pour percer le marché européen, on opte plutôt pour présenter des matchs de saison régulière de la NFL là-bas.

XFL : Quand la WWE se la joue multisports

Au tout début des années 2000, alors que la WWE était à son sommet en termes de popularité, le grand manitou de ce divertissement sportif, Vince McMahon, décide d’élargir ses cadres en créant une ligue de football professionnel plutôt originale, la XFL.

La XFL met alors sur pieds huit équipes qui s’affronteront à l’intérieur de règlements bien particuliers qui maximiseront l’aspect spectacle du football. C’est avec une entente de télé conclue avec NBC que le tout prend supposément des racines solides.

Pour changer de la NFL, que les gens de la WWE qualifient d’acronyme pour No Fun League, on instaure un calendrier complémentaire à la meilleure ligue au monde en organisant les matchs pendant sa saison morte. Parmi les règlements qui différaient de la NFL, on notait une emphase sur la violence, alors qu’aucune pénalité ne pouvait être appliquée pour des gestes agressifs pourtant interdits dans l’autre circuit.

La XFL ne lésinait pas sur l’aspect spectacle. On misait beaucoup sur les nouvelles technologies dans la manière de diffuser, avec des caméras présentes partout dans les vestiaires et des micros sur les entraîneurs. Même que les joueurs portaient eux-aussi des caméras sur leurs casques. Et que dire des cheerleaders, sur qui on misait énormément, en incluant des caméras dans leurs douches! On y retrouvait également des caméras aériennes, une première pour une diffusion sportive. D’ailleurs, plusieurs de ces mesures ont été empruntées dans la NFL après coup, mais pas les caméras dans les douches des cheerleaders, il va sans dire.

Les athlètes élus pour y jouer étaient d’anciens joueurs retranchés par la NFL et même quelques lutteurs professionnels.

Parmi les règlements les plus farfelus, on note le tirage au sort avec une pièce de monnaie désignant la première équipe à prendre possession du ballon, qui était remplacé par une confrontation digne d’un duel moyenâgeux, avec un joueur qui devait battre de vitesse son adversaire en face de lui et être le premier à ramasser le ballon. Cette règle a donné lieu à de jolies blessures d’ailleurs.

Le premier week-end, les cotes d’écoute sont éloquentes avec 14 millions de téléspectateurs, beaucoup plus qu’anticipées. Comme la WWE ne fait jamais les choses comme les autres, on laissait les joueurs porter des surnoms brodés à leur jersey.

Tous ces changements étaient finalement trop drastiques pour les fans de football et, après une seule saison, la ligue a fermé ses portes. On a tenté de relancer la chose en 2019-20, mais encore là, l’échec a été retentissant.

La Lingerie Football League : Au menu, peu de retenue et petites tenues

En 2004, lors de la diffusion du Super Bowl XXXVIII, des gens à l’esprit assez ouvert ont une idée marketing étonnante et assez flyée. Il faut savoir qu’à la base, la télévision Pay-per-view était à la recherche d’une opportunité pour capitaliser sur un moment de télévision considéré parmi les plus achalandés qui soit et diffusé sur les grandes chaînes et gratuitement…

Comment tirer profit du fan de football, qui a les yeux rivés sur le match, et lui soutirer quelques billets en le forçant à changer de canal le temps de quelques minutes? Et l’idée de génie survint. On décide de présenter un spectacle de divertissement alternatif de la mi-temps pour ceux et celles (mais surtout ceux) qui n’affectionnent pas tant les prestations trop léchées et artificielles des chanteurs et chanteuses populaires. C’est là que la première édition du Lingerie Bowl a vu le jour, un match de football à sept joueuses, mettant aux prises des athlètes féminines aux courbes alléchantes et très peu vêtues et des sportives sexy en petite tenue…

C’était là l’ancêtre direct de la LFL, la Lingerie Football League, fondée en 2009. Pourquoi lingerie? Parce que les joueuses qui y prennent part portent littéralement de la lingerie. Dans les règlements, le code vestimentaire de ce sport comprend tout ce qui implique la protection individuelle comme des épaulettes, un casque, des souliers à crampons, des protège-tibias, des gants, un soutien-gorge, des bobettes et une jarretière… À l’ère des dénonciations et des critiques soutenues envers l’hypersexualisation, cette idée n’aurait pas été bien reçue aujourd’hui direz-vous… Pourtant, cela ne date pas des années 70, c’est tout récent.

La ligue changera de nom à quelques occasions par la suite, passant de Legends Football League pour terminer avec le nom Extreme Football League (X League). Le circuit a présenté des matchs jusqu’en 2019, mais en décembre de la même année, les dirigeants ont annoncé la fin des activités, laissant miroiter un retour sous une autre forme dans un avenir plus ou moins lointain. Il est permis d’en douter, mais après tout, à l’impossible, nul n’est tout nu n’est-ce pas?

Ça roule ma poule?

La Roller Hockey International (RHI) est venue au monde en 1993, alors que les patins à roues alignées, produit nouvellement commercialisé à grande échelle, connaissaient une popularité retentissante.

C’est en prenant exemple sur le livre des règlements de la NHL que la RHI établit ses règles, mais à quelques exceptions près : la ligne bleue n’existe pas, les batailles sont prohibées, le jeu se déroule sur quatre périodes de 12 minutes et la nulle se tranche par une séance de tirs de barrage.

Au début, c’est avec 12 clubs que le circuit prend son envol pour disputer sa première campagne. Parmi ces équipes, une franchise est attribuée à métropole québécoise et deviendra les Roadrunners de Montréal. C’est avec des joueurs de hockey professionnels et semi-professionnels que les clubs sont formés et le calibre de jeu y est plutôt élevé pour un sport jusque-là si peu pratiqué. Les joueurs de circuits professionnels mineurs profitent de la saison morte, et donc de l’été, pour jouer au roller-hockey et faire quelques billets verts.

Le gagnant du championnat se méritait la Coupe Murphy. Pourquoi Murphy? C’est de l’initiative de Dennis Murphy que la ligue a pris son envol, le même Murphy qui était derrière l’AMH. Le même Murphy aussi à l’origine de l’American Basketball Association (1967-76) et de la World Team Tennis (1973-1978), deux autres échecs qui auraient pu faire partie de ce palmarès. Décidément, Dennis était abonné aux échecs, à croire qu’il n’a jamais appris de ses erreurs.

Dès la seconde saison, la ligue voit un engouement des fans et décide déjà d’élargir ses cadres. De 12 équipes, on passe à 24, c’est trop, trop vite et trop optimiste. Il ne faudra que six années pour voir la ligue déclarer faillite et fermer les livres.

Il y a toutefois eu de belles histoires dans cette aventure, notamment Erin Whitten, première femme à jouer un match professionnel de hockey masculin depuis Manon Rhéaume. Et il y a eu Francis Bouillon, qui a passé une saison avec les Roadrunners. Il a aussi joué une saison pour les Rafales de la défunte IHL, ce qui prouve que pour accéder à la NHL, il n’y a pas de chemin prédéfini! Mais de là à faire fermer les ligues après son passage, il y a un pas!

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