On a discuté avec Marc Fournier et Frédéric Cloutier alias Yves Jacob et Jérôme Langevin
JE N’AI PAS BEAUCOUP DE TEMPS LIBRES DANS MA VIE, MAIS DEPUIS TROIS ANS, MON PLUS GRAND PASSE-TEMPS, C’EST REGARDER DISTRICT 31. SANS BLAGUE, CETTE SÉRIE QUE PRESQUE TOUS LES QUÉBÉCOIS REGARDENT ASSIDÛMENT A CHANGÉ NOTRE VISION DES TÉLÉROMANS QUOTIDIENS. ON A EU LA CHANCE CETTE SEMAINE DE DISCUTER AVEC MARC FOURNIER (YVES JACOB) ET FRÉDÉRIC CLOUTIER (JÉRÔME LANGEVIN) ET, ÉVIDEMMENT, LE DISTRICT LE PLUS POPULAIRE DU GRAND MONTRÉAL ÉTAIT UN SUJET PAS MAL IMPORTANT DANS NOS CONVERSATIONS! PREMIÈRE PARTIE DE DEUX, ENTREVUE AVEC MARC FOURNIER.
Marc, c’est un plaisir d’avoir la chance de discuter avec toi. D’abord, je dois te dire que je suis une fan finie, assidue et peut-être un peu trop intense de District 31. Dis-moi, est-ce une petite journée de congé pour toi dans ton horaire de fou? Dans mon horaire de tournage oui, mais dans ma vraie vie, non! Je suis présentement à ma shop à bois, en Mauricie, en train de faire une grosse table en bois massif. C’est comme mon petit dada à côté quand j’ai des journées de congé, je m’en viens dans ma belle-famille à Saint-Étienne-des-Grès et je travaille le bois avec mon beau-père et d’autres employés là-bas. Je prends une petite pause de bran de scie pour te parler.
C’est vraiment drôle, ça! C’est une passion que tu as depuis longtemps? Depuis longtemps… [Il réfléchit] Disons que ç’a pris forme il y a environ un an et demi. Disons que j’ai toujours aimé faire de la réno; mon beau-père est agriculteur, je venais lui donner un coup de main une fois de temps en temps ici à la ferme et, il y un an et demi environ, il s’est équipé pour travailler le bois. J’ai décidé d’embarquer là-dedans avec lui. C’est artisanal. On ne se met pas de carnet de commandes qu’on ne pourrait pas remplir, mais le bouche-à-oreille se fait dans la région. On fait du recouvrement de chalet, des petits meubles en bois, des projets un peu plus personnels; j’ai des amis qui ont ouvert un bureau à Montréal et ils voulaient un mur en vieux bois, par exemple. J’aime ben, ben, ben ça! (Rires)
C’est un peu le rêve caché de tous les p’tits gars, je pense, d’être un jour capable de faire une table! Travailler avec de gros outils pis toute! (Rires) C’est drôle parce qu’au départ, j’avais une vision un peu romantique de toute la patente et, finalement, quand je suis dans la shop à bois, j’ai des lunettes de protection, un masque avec une visière, des gants. Y’a un côté un peu usine de la patente, mais lorsque je mets les huiles ou les finis à la fin, c’est une grande satisfaction de voir le produit final et de dire qu’on est partis d’un arbre pour faire ça.
On peut sans aucun doute dire que depuis deux ans, ta vie doit avoir complètement changé avec ta participation à District 31, n’est-ce pas? Oui, définitivement. Ç’a changé tranquillement par exemple. Ça fait un bout de temps que je fais le métier, même si j’ai commencé à 30 ans réellement à me dire que mes rêves de jeunesse, c’était le moment de les prendre par les cornes pis d’essayer de faire ma place là-dedans. Et ç’a été un long processus. Je n’avais pas fait les écoles de théâtre, je ne connaissais pas vraiment le milieu. J’avais fait du théâtre à Trois-Rivières et un peu de courts métrages, mais vraiment pour le plaisir… À un moment donné, l’appel s’est fait sentir; j’ai fait une pièce de théâtre à Trois-Rivières en 2000 où j’avais le rôle principal et c’est vraiment ça que je voulais faire [dans la vie]. J’avais un bac en droit, je travaillais en restauration, j’arrivais de faire de la musique depuis six ans pis là, c’était essentiel; fallait que j’essaie. Ça s’est passé tranquillement, donc je ne l’ai pas vécu comme un gros choc. Ç’a commencé par la famille qui disait : « Hey, je t’ai vu dans une publicité » ou « Je t’ai vu ouvrir une porte dans L’Auberge du chien noir », mais avec District 31, ç’a pris une dimension que, oui, je n’avais jamais vécue avant. Je le prends avec plaisir, c’est le fun. Je ne fais vraiment pas le métier pour ce que ça donne « à côté ». J’aime beaucoup la préparation du personnage; c’est ce qui m’intéresse, tout le travail qu’on fait avant. Et surtout quand on constate que le travail que l’on fait rejoint le public, c’est un plaisir inégalable.
Quand on constate que le travail que l’on fait rejoint le public, c’est un plaisir inégalable.
District 31 a, à mon avis, dépassé toutes les attentes en matière de quotidienne et de « fanbase ». Ça dépasse l’entendement! Comme quotidienne, on est très loin de Virginie. Ce qui me surprend le plus, c’est l’élargissement du public que ça amène. Y’a des gars qui me disent, quand je suis au hockey avec mon plus jeune : « Moi, je ne regardais pas ça, la télé au Québec, je trouvais ça plate. Mais là, tous les soirs, je suis assis devant la télé avec ma blonde avec une bière dans les mains et je regarde District 31. Et je suis fâché quand ça finit. » Ça rejoint complètement un autre public que les quotidiennes que l’on était habitués de voir. On n’est pas boudés par les gens qui aiment les séries un peu plus lourdes non plus parce que c’est tellement bien écrit. Même si c’est fait un peu plus rapidement et tout ça, y’a une qualité qui est là. C’est respecté.
Qu’est-ce que ç’a eu comme impact pour toi professionnellement cette production-là? Je commencerais avec un premier volet qui est moi en tant que comédien professionnel. Ça m’a permis de voir ce que c’était, à plus grande échelle, tenir un rôle sur une plus longue période, comment le réinventer, comment ne pas arriver avec toujours le même « habit », d’une certaine façon, prendre de l’expérience sur comment se comporter sur un plateau. Ç’a toujours été les choses les plus importantes pour moi : celui qui roule les fils, celui qui place la lumière, celui qui tient le micro ou la caméra sont des acteurs aussi importants que moi dans le travail qu’on fait, donc ça m’a permis d’encore plus apprécier le travail d’équipe. Ça m’a permis d’avoir une aisance quand j’arrive sur un plateau, de savoir que je suis capable de faire la job. Ensuite, ça m’a permis d’avoir une crédibilité auprès des décideurs – je ne dis pas que le téléphone sonne tous les jours, des fois c’est long à voir [l’impact]… On me connaissait la face, mais on m’avait vu dans 2-3 épisodes dans une série, cinq minutes dans un film; y’avait difficilement des références pour décider de m’attacher à un projet dès le départ. On sait que c’est long et que ça prend un casting super solide pour avoir le feu vert des institutions, donc peut-être qu’avant, j’étais moins considéré. Là, j’entends des agents de casting dire : « Ah, quand on parle de toi, on sait t’es qui » et c’est plus facile de me proposer pour des projets qu’auparavant. On espère que tout ça va continuer à se bâtir. On m’a appelé pour des caméos dans des films ou des rôles où c’est moi qu’on voulait pour ça, sans faire les auditions. C’est sûr que ça fait un velours et j’espère que ça va continuer à faire des petits.
Et personnellement, qu’est-ce que ç’a changé? [Il réfléchit] Outre ce que je t’ai dit en lien avec l’assurance pour faire le travail, d’être capable de creuser plus un personnage encore parce qu’il y a plus de scènes, etc., je dirais que mon travail s’est amélioré, donc j’ai plus de satisfaction. C’est sûr aussi, comme j’ai dit plus tôt, que l’anonymat a pris le bord d’une certaine façon – je ne suis pas Yves Jacob dans la vraie vie, je suis plus socialisant que ça et je suis content de rencontrer les gens et tout ça –, mais tu te rends compte que le regard des autres sur toi change un peu. Malgré qu’au Québec, les gens sont super gentils avec nous, on ne sent pas tant de pression de la part du public, mais oui. Je vais à une partie de hockey de mon plus jeune, je me fais dire : « Hey, toé pis ta face de pet dans District 31, on t’haït! » Tu t’en vas à un rendez-vous de « check-up » à l’hôpital, t’es en jaquette verte pis tu te fais demander qu’est-ce qui va se passer pis si Nadine [Legrand, interprétée par Magalie Lépine-Blondeau] est vraiment morte. Les gens restent respectueux, mais ils sont tellement attachés à la série, c’est tellement ancré dans leur vie qu’ils ont envie d’en parler et quand ils te rencontrent sur la rue, ils ont envie de te communiquer que cette série-là leur plait et que ça termine bien leur journée. Je le reçois avec plaisir. Mais ça change une vie, t’sais. Des fois, les enfants lèvent un peu les yeux au plafond! (Rires) Ils savent que c’est ça que papa fait dans la vie, mais quand c’est la troisième personne au centre commercial qui t’accoste, ils sont comme : « Bon… encore! » Ça change cette dynamique-là, mais à part de ça, juste le plaisir de pouvoir faire mon travail, aller travailler, avoir la chance de le faire plus souvent et développer le plaisir de le répéter et de le répéter… c’est déjà un beau cadeau, je dirais.
Ton rôle dans District 31 est impeccable; autant il est touchant, autant on peut venir à détester Yves Jacob. En quoi pouvez-vous vous ressembler, Yves et toi? Une des choses que j’ai apprises dans les multiples ateliers que j’ai faits pour essayer de me faire connaître comme acteur, c’est qu’il n’y aura jamais plus intéressant dans un personnage que ce qui vient de toi. C’est certain qu’Yves Jacob, il n’est pas sorti d’une boîte de Cracker Jack, il existe en dedans de moi. Je m’amuse souvent à dire que, quand tu prends possession d’un personnage, c’est comme si tu avais une console de son en avant de toi et que tu dis, par exemple : « Bon, la track no. 1, je ne m’en sers pas en temps normal, mais elle serait intéressante pour Yves Jacob, je vais la monter. » Je dirais que ça s’inspire de comment j’étais quand j’avais peut-être une vingtaine d’années. (Rires) Où j’étais un peu plus punk, un peu plus « cocky ». Pis, en même temps, beaucoup d’observation. Y’a beaucoup [d’inspiration] qui part du texte hein. C’est la matière première avec laquelle on travaille. Ce gars-là mesure 5’8’’, il n’est aimé de personne, il faut qu’il parle au commandant Chiasson qui fait 6’4’’ comme si c’était un nain pour essayer d’avoir de l’autorité, donc ça t’amène à avoir une attitude et y’a une carapace qui se fait parce que tu sais que, quand tu vas rentrer dans le district, tu vas te faire crier des bêtises. Je réagis beaucoup à ce que les autres me donnent aussi d’une certaine façon. Si quelqu’un me dit : « Ah non, pas encore toé! », soit je m’effondre, soit je me dis : « Ça ne me dérange pas, ta gueule », t’sais.
Et en quoi êtes-vous profondément différent? Avec le temps, et aussi avec l’arrivée de mes enfants, ça m’a appris à ne pas m’engueuler avec un gars qui m’a coupé pis à ne pas chercher le trouble. (Rires) Y’a comme une conscience des rapports humains qui s’installe pis je me suis beaucoup adouci avec le temps. J’ai toujours été un gars de gang, qui aime parler au monde. Toute ma vie, j’ai aimé faire des sports d’équipe, faire des projets caritatifs; j’ai même fait un voyage en Haïti pour aller aider là-bas, ç’a m’a ensuite permis de faire des conférences, etc. Je suis beaucoup plus ouvert, et moins susceptible et fermé qu’Yves Jacob.
Est-ce qu’Yves Jacob, c’est un cadeau pour toi? Définitivement… oui. En fait… j’ai failli le refuser, ce rôle-là.
Quoi? Révélation-choc! Pourquoi? C’est une drôle d’affaire, t’sais. J’avais été donner la réplique pour d’autres personnages, des « leads », dans cette série-là pis je suis un gros, gros fan de Luc Dionne depuis Omertà et Bunker, Le Cirque, des séries que j’ai regardées avec beaucoup de plaisir à l’époque et c’est un peu cette télé-là qui m’a donné le goût de devenir comédien. Quand j’ai su que Luc Dionne faisait une série policière, je m’étais dit que je voulais travailler là-dessus. À un moment donné, mon agence m’envoie une proposition de rôle, donc sans audition, pour ce personnage-là d’Yves Jacob, mais étant donné la façon dont la production se déroule, il n’y avait que deux épisodes de prévus au calendrier. Je me disais : « Ah, God. Une série comme ça va durer plusieurs années. Est-ce que je me brûle pour un personnage de deux épisodes ou j’attends de voir si je suis capable de décrocher quelque chose de plus intéressant? » Je me suis dit : « Je vais attendre. » Lucie Robitaille, la directrice de casting, qui est tellement gentille, m’a dit : « Écoute Marc, avec la description du personnage et la scène prévue pour les deux épisodes, d’après moi, ce personnage-là, on risque de le revoir. Je te vois là-dedans. À ta place, je ne mettrais pas ça de côté. » Et j’ai dit : « OK, je le prends. » C’était les deux premiers épisodes où je me pognais avec Poupou [Stéphane Pouliot, joué par Sébastien Delorme] dans la première saison et ç’a fait réagir sur les réseaux sociaux. T’sais, tu t’attaques au plus aimé de la série, c’est sûr que les téléspectateurs te détestent pour mourir! J’ai l’impression qu’à partir de là, ils ont vu que j’étais capable de tenir le personnage et ils ont vu – même si minime soit-il – ce que ce personnage-là pouvait amener à la série. J’arrive, je brasse les cartes. Je leur mets le nez dans leur caca. C’est intéressant et, comme ç’a bien été, je pense qu’ils ont continué à écrire pour ce personnage-là et c’est là que le cadeau est arrivé, car à un moment donné, je jasais avec Luc Dionne et il m’a dit : « Toé là, chaque fois que j’écris ton nom sur le scénario, j’ai envie de sacrer. » Ah, ça c’est bon! Je pense que ça s’est bâti avec le temps. J’ai reçu de nouveaux scénarios et c’est encore ben, ben le fun ce dans quoi ils m’amènent… et je ne peux pas t’en dire plus, évidemment! (Rires)
Ah! Je ne veux même pas le savoir… C’est comme la seule série où ça me dérange vraiment de me faire « spoiler »! (Rires) Les épisodes dans lesquels je ne suis pas, je m’efforce de ne pas les lire parce que, justement, je veux suivre la série avec mes enfants, ma blonde. J’aime les découvrir. Je regarde aussi pour voir où l’histoire s’en va et, quand je prends du retard, je regarde les émissions comme du « binge watching ». Même juste écrit, tu entends les personnages parler et tout.
Changement de sujet… T’as fait des études en droit! (Rires) As-tu terminé ton Barreau ou non? J’ai presque terminé mon Barreau, en fait! (Rires)
Mais c’est épouvantable, s’être tapé autant de travail mon cher… (Rires) Qu’est-ce qui s’est passé? Ben écoute… Ça avait été un choix sécuritaire de ma part. J’avais toujours eu des ambitions de travailler dans le domaine artistique. J’ai toujours aimé le cinéma, la musique, la télé. Dès mon plus jeune âge, je faisais des courts métrages avec une grosse caméra VHS et en compagnie de mon ami Martin Desgagnés, qui est aussi comédien aujourd’hui. On était en cinquième année. On reproduisait des scènes de nos films préférés avec l’espèce de grosse boîte dans laquelle fallait mettre la cassette VHS et la caméra, qui pesait presque 50 lb, sur les épaules. J’ai toujours aimé ça… Mais je n’avais pas l’assurance que c’était ça que je voulais faire comme métier. J’avais des bonnes notes à l’école, ça allait bien. Des professeurs, alors que je ne savais pas quoi faire dans la vie, m’ont proposé le droit alors j’ai décidé de m’inscrire et j’ai été accepté à l’Université Laval, à l’Université de Sherbrooke et à l’Université de Montréal. Et, en même temps, au cégep, j’avais commencé à jouer de la musique dans un band et le reste des membres du band déménageaient à Montréal alors j’ai décidé d’aller là avec eux. J’ai continué à jouer de la musique parallèlement à mes études en droit et j’étais probablement le seul étudiant en droit de l’Université de Montréal qui avait des « dreadlocks ».
Et qui avait du temps à part étudier… Ouais… J’aimais la musique, on faisait des shows et, à un moment donné, on s’est inscrit à l’Empire des futures stars, qui est un concours de découvertes dans les années 90. C’est de là que viennent Les Colocs et d’autres bands des années 90. On l’avait gagné! La finale était la veille de mon examen en droit fiscal au Barreau… pis ben avec l’euphorie d’avoir gagné le concours et un contrat de disque pis toute la patente… j’ai fait comme : « Fuck off! Je vais faire du rock moi dans la vie! »
Wow… (Rires) On a fait ça pendant six ans environ, jusqu’en 1998. On a fait de beaux shows. C’est juste que, dans ce temps-là, ce n’était pas aussi facile de faire des albums dans son sous-sol et de mettre ça sur Bandcamp, donc on attendait le gros contrat de disque, il y avait de belles négociations et, finalement, ce n’est jamais arrivé. C’en sont suivies quelques années d’errances dans Montréal.
Mais ta passion première restait le jeu… Eh oui. Entre temps, j’ai eu ma fille, mon premier enfant. Je voulais que ma fille voie son père réaliser ses rêves… (Rires) À partir de là, j’ai cherché un agent, j’ai fait des ateliers et j’ai essayé de rentrer dans le métier. À un moment donné, l’opportunité s’est présentée et j’ai décidé de taper sur le clou jusqu’à temps qu’il rentre dans le bois. On se retrouve aujourd’hui pis je suis super content de comment ç’a viré. J’ai été choyé, j’ai persévéré et, avec le temps, on récole ce que l’on sème alors je vais continuer de semer!
Tu as joué dans deux films qui devraient prendre l’affiche en 2019, soit Tu te souviendras de moi, avec Rémy Girard, France Castel et Julie Le Breton, notamment. Ce sont de petits rôles, mais ce sont des rôles qui m’ont été proposés par des réalisateurs avec qui j’avais déjà travaillé, donc ce sont de beaux cadeaux. Quand un réalisateur m’appelle et me dit : « Regarde, c’est une page de texte, mais c’est toi que j’entends là-dedans », c’est un super beau cadeau. C’est arrivé avec Éric Tessier pour Tu te souviendras de moi. Ça va être vraiment génial comme film; un historien qui vient à perdre la mémoire. Puis il y a Rustic Oracle, un film d’une jeune réalisatrice qui se nomme Sonia Boileau. Elle avait fait le film Le dep, un film indépendant sorti il y a trois ans. Rustic Oracle est un film bilingue qui raconte l’histoire d’une mère et sa fille qui partent à la recherche de sa plus vieille fille, disparue dans une réserve amérindienne. C’est un scénario magnifique qui m’a fait pleurer quand je l’ai lu. Elle m’a demandé de faire un petit rôle là-dedans et j’ai dit oui tout de suite. J’étais bien content! Depuis le début, j’ai toujours aimé les projets un peu indépendants – les projets grand public, c’est le fun parce qu’il y a des moyens et tout ça –, mais il y a quelque chose de spécial là-dedans, dans le cinéma d’auteur. Des trucs signés Robert Morin, André Forcier, Robin Aubert… j’adorerais travailler avec des gars de même. C’est le genre de cinéma qui m’allume ben gros. J’avais déjà fait une série web qui s’appelait La Reine rouge… Ce sont des affaires et des expériences de tournage qui ne s’achètent pas. J’ai toujours pensé : je ne suis peut-être pas le comédien avec le plus grand talent, mais câline que je travaille fort. Je pense que ça se sent avec les gens avec qui je travaille parce qu’ils n’hésitent pas à me rappeler et savent que je vais livrer. On essaie de miser là-dessus.
Sinon Marc, à part ta passion pour l’ébénisterie et la musique, t’es qui toi dans la vie? Je suis un gars ben dans le présent, qui aime prendre les opportunités qui passent. Je n’ai pas de plan précis sur comment je veux que les choses se passent. J’aime beaucoup être en réaction. Quelqu’un me demandait, l’autre fois, quel serait mon rôle de rêve. Eh bien, je n’en ai pas. J’essaie de prendre chaque rôle qui m’est offert et d’en faire un rêve pour moi. […] Je suis un gars qui, avec le temps, s’est découvert une fibre familiale. Avec l’arrivée des enfants, ç’a m’a donné un sens des responsabilités et une vision plus à long terme de la vie… d’une certaine façon. Je suis un gars qui est ben humaniste; tout ce qui se passe autour de moi dans le monde me touche beaucoup : le sort des Amérindiens qu’on a laissé de côté ben trop longtemps, je trouve ça inacceptable, l’environnement, la place des jeunes dans le monde, laisser quelque chose qui a de l’allure pour les générations qui nous suivent. Ça motive beaucoup de mes choix dans la vie, à grandeur d’homme je te dirais là. Je ne suis pas le Dalaï-Lama. J’essaie que mes actions aient un impact positif autour de moi. J’aime le monde… On dirait que je vais brailler! (Rires) Je suis un gars qui n’a pas trop la tête dans les nuages et, justement, quand je viens travailler à la ferme, c’est ça que j’aime. J’aime travailler la terre, je vois les saisons, les décors changer… J’ai un petit shack en Haute-Mauricie où je vais à la pêche. J’aime être en contact avec la nature; j’aime aussi la frénésie complètement chaotique de la ville, mais j’ai besoin de me retirer relativement souvent pour me garder un équilibre.
Qu’est-ce qu’on serait surpris d’apprendre à ton sujet? Des choses que tu n’as jamais dites, disons? Je t’en ai déjà donné quelques-unes! (Rires)
Ah oui! C’est clair… Mais mettons que tu vas à Un squelette dans le placard… qu’est-ce qu’on serait surpris d’apprendre sur toi là? (Rires) Que mon père m’a déjà fait faire des imitations d’Elvis sur des bateaux de croisière à Trois-Rivières….
Oh mon Dieu, c’est ben gênant! (Rires) (Rires) Je sais pas pourquoi j’ai pensé à ça…
Mais t’avais quel âge? Environ 5-6 ans… (Rires) Peut-être plus… Gros fan d’Elvis!
En terminant, qu’est-ce que l’on pourrait te souhaiter pour 2019? J’aimerais continuer à faire évoluer mes participations à des projets qui veulent dire quelque chose. J’aimerais refaire du théâtre. J’aimerais travailler avec les réalisateurs que j’admire et continuer à avoir une belle vie à la maison aussi. Et que la population prenne conscience des enjeux vraiment importants qui sont en train de se dessiner dans le moment pour pas faire tout foirer ce qui nous entoure!