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CLAUDE BÉGIN

Chroniqueur Nathacha Gilbert
Artiste Claude Bégin
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L’artiste aux multiples talents

Vous êtes de quel groupe, dites-moi? De ceux qui tripaient sur Accrophone, ou encore vous êtes un fan fini d’Alaclair Ensemble? Au contraire, vous le suivez depuis le lancement de sa carrière solo il y a trois ans, peut-être? On a eu la chance d’attraper le chanteur pendant qu’il était de passage en Colombie-Britannique.

Claude, tu évolues dans le monde de la musique depuis plusieurs années déjà, mais tu t’es fait connaître du public concrètement en 2015, quand tu as sorti ton premier album solo (Les Magiciens). Est-ce aussi à ce moment que tu as vu la différence auprès du public? Je dirais qu’il y a eu une différence dans chacune de mes vies; je me sens comme si j’avais eu plusieurs vies dans ma carrière, en fait.

T’es comme un chat… Ouais, c’est ça. Je suis constamment en transition d’une vie à l’autre; j’espère qu’il va m’en rester à un moment donné. (Rires) Mais oui, effectivement. Après cet album-là, qui était l’époque post-Karim [Ouellet; Claude assurait la réalisation], il y a eu une bonne différence. Ça s’est traduit dans la rue aussi. Les gens ont pu m’associer à quelque chose de concret. J’avais tellement changé de look depuis Accrophone. Là, j’étais le gars aux cheveux longs qui apparaissait nu dans son clip, t’sais. Ç’a changé un peu avec l’arrivée de Cheval-Serpent. Là, j’étais devenu le gars dans Cheval-Serpent. Je le sentais même dans les shows d’Alaclair Ensemble… C’était des cas isolés évidemment, parce que le « crowd » d’Alaclair n’est clairement pas le même que celui de Cheval-Serpent. Ça fait de drôles de mélanges.

J’aimerais ça qu’on parle de tes débuts. Quand as-tu commencé à t’intéresser à la musique?  Je me suis intéressé à la musique, en fait, très tôt, quand on avait 12-13 ans Eman et moi – Eman, qui était avec moi dans Accrophone et qui fait partie aussi d’Alaclair Ensemble. On en est venus à se dire qu’on serait capable de faire des tounes; on aimait tellement ça le rap. On faisait de l’espèce de rock avant, mais quand on a « switché » au rap, il y a eu un : « On va en faire concrètement! » Pis j’ai réussi à enregistrer des chansons avec un petit logiciel pas rapport. On a « zigonné » de quoi pis on a commencé à faire des tounes comme ça. Il y avait vraiment un engouement dans le quartier où on vivait. On était une grosse communauté de jeunes dans les coops à Québec et c’était comme naturel qu’on commence à faire de la musique et des spectacles de façon plus concrète.

Par rapport à Bleu nuit, qu’est-ce que ça représentait pour toi comme consécration?  Avec le premier album, on n’avait aucune attente. On voulait tout miser sur le deuxième, que j’avais très hâte de faire d’ailleurs et je ne me suis jamais donné autant pour faire un album de toute ma vie. Je me suis donné comme un débile. C’est peut-être dans l’emballage que j’aurais un peu travaillé différemment.

Bleu nuit, c’est assez coquin comme titre d’album et de chansons. C’était voulu, pour rappeler de beaux souvenirs aux Québécois de plus de 30 ans? Ben, tu vois, je suis arrivé avec une liste et, à la maison de disques, ils ont trouvé que c’était une bonne idée… Moi j’étais comme : « OK ouais… » et au sein d’Alaclair, ils n’aimaient pas vraiment ça. Tu vois, ça faisait partie de l’enrobage et je crois que ça n’a pas joué complètement en ma faveur. Qu’on se comprenne, je ne veux pas être en mode négatif par rapport à Bleu nuit. Si c’était à refaire, je referais la même chose. Mais je ne crois pas que c’était la meilleure idée de mettre l’emphase sur la sensualité pis la « joke ». J’aurais vraiment aimé que les gens n’aient pas eu peur de l’écouter en raison de l’enrobage.

Ta copine et mannequin Clodelle t’accompagne sur la chanson titre de cet album d’ailleurs. Comment trouves-tu ça de travailler avec ta blonde? Vous semblez assez fusionnels… Oui. Tu vois, je me suis aussi mis à la photo et c’est comme si je faisais un peu partie de son travail et j’adore ça. Et elle, de son côté, elle a commencé à faire de la musique avec moi. On a quelques chansons sur le « side » pour elle. On avait déjà commencé ce processus-là et la toune s’est fait tout naturellement parce qu’on était déjà habitués de travailler ensemble, elle avec moi et moi avec elle. Je pense qu’on est une bonne équipe.

Avec le recul, qu’est-ce que tu dirais au jeune Claude Bégin qui commence sa carrière musicale? Je lui dirais de faire la même chose, mais de prendre soin de son monde. J’ai pris soin de mon monde, vraiment. J’ai comme tassé du monde en me disant qu’Alaclair et ma carrière solo, c’était déjà assez. Je me suis mis tellement de pression. Y’a fallu que je fasse du ménage et que je ne prenne plus rien. Je me suis rendu compte que j’aimais vraiment ça réaliser et organiser la musique des autres, mais qu’il fallait aussi que je m’organise pour garder ça tout en étant capable de relaxer. Tout ça m’a tellement pesé sur les épaules. Le niveau de stress… T’sais, je regardais ma blonde ou n’importe qui autour de moi et je leur disais : « Votre téléphone ne sonne pas? Vous n’avez pas de courriels, pas de texto? » Ça doit tellement être confortable; j’envie tellement ça.

Es-tu une personne stressée à la base ou c’est un peu tout ça qui t’a donné du stress? Honnêtement, je suis un gars hyper occupé. Dans le bon sens comme dans le mauvais. Et dans le mauvais sens, il y a énormément de stress qui vient avec ça et c’est dur à gérer si tu ne te prends pas d’avance. Je suis en train de régler ça dans ma vie présentement; il faut que je fasse attention, parce qu’à un moment donné, ça va devenir vraiment beaucoup.

JE SUIS CONSTAMMENT EN TRANSITION D’UNE VIE À L’AUTRE

Qu’est-ce que tu fais pour relaxer dans ta vie de tous les jours? C’est un état d’esprit. Tu vois, là je suis venu voir mon fils. Ici, je n’ai pas grand-chose à faire, mais tu vois je suis tout le temps sur mon cellulaire en train d’écrire des courriels et de régler des choses à gauche pis à droite… mais beaucoup moins. Je monte la montagne une fois par jour pis ce sont des moments pour moi où c’est évident que je ne suis pas en train de stresser. La discipline aussi, m’entraîner. Ce n’est même plus pour une question d’esthétique c’est juste quelque chose que je sais faire, que je sais qui me relaxe et ça fait sécréter des choses dans mon cerveau qui me rendent heureux. Faut que je travaille là-dessus. Ce n’est plus tout cuit comme quand j’étais jeune.

On vieillit hein. Comment on dit ça? Petit, petits problèmes. Grand, grands problèmes… Oui, pis on n’est pas à l’épreuve des pressions… Parfois, j’avais l’impression que peu importe ce que je faisais – pis je suis chanceux et je regarde les gens autour de moi, ce n’est pas tout le monde qui est comme ça –, j’étais toujours heureux et bien dans ma tête. Et j’ai senti des affaires cette année… Si je ne fais pas attention à mon sommeil, si je ne fais pas attention à certaines personnes ou à certains aspects de ma carrière, je pourrais sombrer. J’ai senti des faiblesses que je n’avais jamais senties auparavant dans ma vie et, heureusement, je l’ai senti venir avant que ça pète.

Mais là, tu vas bien? Ça va bien, ça va bien!

(Lire l’article complet dans l’édition #159 novembre 2018 –  www.boutiquesummum.com)

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