





Le vampirisme: la maladie, la mort et l’inconnu
Le vampirisme a fasciné l’humanité pendant des siècles. Son influence s’étend bien au-delà des récits classiques pour imprégner l’imaginaire collectif à travers le monde et se refléter dans des œuvres modernes, telles que la littérature, le cinéma, les séries télévisées et même les jeux vidéo. Des œuvres, comme les films Interview with the vampire (1994) et Dracula (d’après l’œuvre de Bram Stoker, 1992) ainsi que les séries Buffy the Vampire Slayer et Castlevania, explorent des aspects variés du mythe, allant de l’horreur à l’action. SUMMUM vous invite dans un univers fantastique qui flirte avec le réel, où les problèmes humains de base ont alimenté un personnage imaginaire extrêmement vivant.
Les origines du mythe du vampire
En tant qu’archétype, le vampire a évolué pour devenir une figure emblématique, incarnant tour à tour la peur, le désir et l’exploration de la condition humaine. Mais, derrière les légendes de ces créatures nocturnes aux canines acérées et à la soif de sang se cachent des racines historiques et scientifiques liées à des maladies réelles. Ces affections, par leurs symptômes inhabituels et souvent incompris, ont alimenté l’imagination collective, donnant naissance aux récits de vampires que l’on connaît aujourd’hui.
Chez les Grecs anciens, des figures mythologiques comme Lamia, une femme monstrueuse qui dévorait des enfants, ou l’Empousa, capable de boire le sang des dormeurs et souvent représentée comme une servante d’Hécate, sont des exemples marquants.
Les premières mentions de créatures vampiriques remontent à l’Antiquité. En Mésopotamie, on trouve des récits de démons comme les Lilītu, des esprits féminins qui s’attaquaient aux hommes et aux enfants, parfois associés à des malédictions ou à des rites funéraires. Chez les Grecs anciens, des figures mythologiques comme Lamia, une femme monstrueuse qui dévorait des enfants, ou l’Empousa, capable de boire le sang des dormeurs et souvent représentée comme une servante d’Hécate, sont des exemples marquants. Quant à la mythologie romaine, les stryges, des créatures nocturnes ailées, étaient accusées de s’en prendre aux enfants et de boire leur sang… Ces récits démontrent que l’idée de créatures prédatrices exploitant les vivants pour survivre était déjà bien ancrée dans l’imaginaire collectif de diverses civilisations.
Cependant, le concept de vampire tel que nous le connaissons aujourd’hui – un mort-vivant se nourrissant de sang humain – a pris forme principalement en Europe de l’Est, durant le Moyen Âge. Ces régions étaient propices à la propagation du mythe en raison des croyances populaires, des superstitions et d’une connaissance très limitée des sciences médicales. Les habitants attribuaient souvent des événements inexpliqués, tels que des morts soudaines ou des épidémies, à des forces surnaturelles. Les corps exhumés qui présentaient une décomposition différente de la normale étaient souvent considérés comme des preuves de vampirisme, surtout lorsque des « signes » tels que du sang autour de la bouche étaient observés.
Explications médicales du vampirisme
La porphyrie
L’une des théories les plus connues reliant une maladie réelle au mythe du vampire est celle de la porphyrie. Bien que critiquée pour son manque de preuves solides, cette théorie persiste dans les discussions en raison de son pouvoir explicatif et de son attrait populaire. Elle propose des connexions captivantes entre les symptômes biologiques et les traits mythologiques du vampire, permettant ainsi de rationaliser des croyances anciennes avec des éléments scientifiques. On comprend que la fascination pour les origines médicales de tels mythes attire l’attention des chercheurs et du grand public, ce qui renforce sa présence dans l’imaginaire collectif.
La porphyrie est un groupe de maladies génétiques rares qui affectent la production d’hémoglobine, une protéine essentielle au transport de l’oxygène dans le sang. Les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales, des problèmes cutanés et des troubles neurologiques. Certains types de porphyrie présentent justement des symptômes qui peuvent expliquer des aspects du mythe du vampire. En voici quelques-uns qui sont énumérés dans Le Manuel Merck, qui reflète la pratique et les informations médicales aux États-Unis :
- Sensibilité à la lumière : Les patients atteints de porphyrie cutanée tardive, notamment, souffrent de réactions graves lorsqu’ils sont exposés au soleil. Leur peau peut former des cloques et se dégrader, ce qui peut avoir inspiré l’idée que les vampires craignent la lumière du jour.
- Déformation physique : Les dommages cutanés provoqués par la maladie peuvent altérer l’apparence des patients, en provoquant, entre autres choses, un retrait des gencives, donnant aux dents un aspect proéminent semblable à des crocs.
- Urine rouge ou brunâtre : Certaines formes de porphyrie peuvent colorer l’urine en rouge, évoquant l’idée du sang.
La rage
Une autre maladie souvent liée au mythe du vampire est la rage. Des récits historiques et des chroniques locales rapportent parfois des comportements erratiques ou violents attribués à des individus atteints de la rage. Ça n’en prenait pas plus pour alimenter les légendes. Par exemple, des cas d’agressions soudaines ou de morsures, caractéristiques de la rage, auraient pu être perçus comme des attaques vampiriques. Ces descriptions, amplifiées par l’imaginaire collectif, ont sans doute contribué à l’association entre cette maladie et les traits des vampires. Ce virus, qui affecte le système nerveux, provoque des symptômes qui résonnent étrangement avec les caractéristiques attribuées aux vampires :
- • Agressivité accrue : Les personnes atteintes de rage peuvent devenir extrêmement agressives, un comportement associé aux attaques de vampires.
- Hypersensibilité : La rage peut rendre les patients hypersensibles à la lumière, aux sons, à l’eau et aux odeurs fortes, rappelant la manière dont les vampires sont souvent dépeints comme étant dérangés par l’ail et les rayons du soleil.
- Transmission par morsure : Le fait que la rage se propage par morsure alimente également le parallèle avec le vampirisme, où les victimes mordues deviennent elles-mêmes des vampires.
De toute évidence, des épidémies de rage dans des communautés rurales auraient pu être mal interprétées, ce qui a probablement nourri les légendes du vampirisme.
La tuberculose
La tuberculose, une maladie infectieuse qui a fait des ravages sur Terre pendant des siècles, a également joué un rôle dans le développement du mythe du vampire. Cette maladie attaque les poumons et provoque des symptômes, tels que la perte de poids, une peau pâle et des crachats de sang, évoquant l’apparence physique et les comportements d’un vampire.
De plus, les épidémies de tuberculose étaient souvent attribuées à des membres défunts de la communauté, qui « dévoraient » leur famille de leur tombe. Ç’a conduit à des exhumations et à des rituels destinés à « neutraliser » le vampire, tels que planter un pieu dans le corps ou le brûler.