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Arbre généalogique de l’enfer: qui sont les grands patrons ?

Chroniqueur Jean-François Cyr
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L’enfer est partout. Du moins, on y réfère régulièrement pour toute sorte de raisons. C’est l’enfer! – Allez au diable – Mener un train d’enfer – Mon démon – L’enfer est pavé de bonnes intentions. Un bruit d’enfer… Bien des occasions sont bonnes pour référer aux personnages des Ténèbres. D’ailleurs, qui sont ces êtres mesquins, retors, malveillants et détestables qui habitent cet univers de feu et de terreur? Qui sont-ils? Peut-on les identifier? Quel démon dirige ce monde de chaos? Peut-on créer un arbre généalogique de l’enfer? 

Chose certaine, c’est une idée intrigante, voire fascinante que de vouloir présenter une structure hiérarchique des plus vils patrons de l’enfer. C’est d’ailleurs ce que vous propose Summum : un portrait non exhaustif des entités démoniaques les plus importantes à travers diverses cultures et traditions religieuses. Rien n’est très scientifique ici, bien entendu. L’équipe a plongé dans les mythologies, les textes religieux et les récits populaires, chacun apportant sa propre interprétation des origines et des dynasties des démons. Bienvenue dans le monde infernal !

Les racines mythologiques de l'enfer

Les mythologies anciennes posent souvent les bases des concepts modernes de l’enfer et de ses habitants. 

Sumer

Dans la mythologie sumérienne, par exemple, l’enfer est gouverné par Ereshkigal, la déesse des enfers mésopotamiens, qui règne sur le monde souterrain appelé Kur. Ereshkigal, la « Dame de la Grande Terre » est la déesse du monde des morts. Ereshkigal est une figure majeure et ses liens familiaux avec d’autres dieux, comme Inanna, sa sœur, influencent la dynamique des enfers sumériens (Sumer était une région située à l’extrême sud de la Mésopotamie antique).

En Grèce

Dans la mythologie grecque, l’enfer est souvent associé à Hadès, le dieu des morts et le souverain du royaume souterrain. Hadès lui-même est un membre de la dynastie olympienne, étant le frère de Zeus et de Poséidon. Les Érinyes sont également des figures importantes de l’enfer grec, considérées comme les filles de Gaïa (la Terre) ou d’Ouranos (le Ciel), selon les versions. Elles représentent la vengeance et le châtiment, punissant les âmes des mortels pour leurs crimes.

L’Islam

La religion islamique présente une vision détaillée de l’enfer. Iblis, l’équivalent à Satan, est un djinn (une créature surnaturelle) qui a refusé de se prosterner devant Adam et a été expulsé du paradis. Selon le Coran, Iblis a juré de détourner l’humanité du droit chemin, ce qui le place au sommet de la hiérarchie des entités maléfiques.

L’enfer islamique, ou Jahannam, est décrit comme un lieu de châtiment et de souffrance, avec des gardiens appelés les Zabani, qui sont souvent comparés aux anges déchus. Les traditions islamiques mentionnent également des démons mineurs. Les djinns maléfiques, ou Sheitan, travaillent sous les ordres d’Iblis, créant une structure hiérarchique similaire à celle observée dans le christianisme et d’autres religions.

Le christianisme

Le christianisme a grandement enrichi le monde de l’enfer avec ses propres entités démoniaques, principalement basées sur les traditions judaïques, tout comme les apocryphes. Satan, l’ange déchu, est la figure centrale de l’enfer chrétien. Son origine est souvent associée à Lucifer, un archange qui a été banni du ciel pour sa rébellion contre Dieu. Cette rébellion est racontée dans des textes comme le Livre d’Isaïe et les écrits de certains pères de l’Église.

Rassurez-vous, Satan n’est pas seul dans son règne infernal. En fait, c’est tout le contraire… Il est entouré d’une hiérarchie complexe de démons. La démonologie – qui est l’étude des démons – laisse savoir que de nombreux personnages méchants gravitent autour de Satan. Parmi les plus notables, on trouve Belzébuth, souvent identifié comme le prince des démons ou le Seigneur de l’Ordre des mouches. Oui, des mouches! Selon certaines traditions, Belzébuth était autrefois un dieu païen qui fut transformé en démon par la chrétienté. Belzébuth, qui est le fidèle allié de Satan, honore les créatures les plus sales, les plus viles et les plus abjectes. Sa puissance n’est dépassée que par celle du plus grand des malins. 

Ici, il faut spécifier que bien des textes et des traditions orales tendent à mélanger Satan, le Malin et Balzébuth, des noms qui correspondent souvent au même démon infernal, le diable. Mais, pour les fins connaisseurs, le diable est dans les détails… Nous y reviendrons plus loin.

Les démons les plus puissants

On peut classer les démons selon leur puissance et leur influence, des princes démoniaques jusqu’aux créatures inférieures. Il faut toutefois noter que cela varie en fonction des civilisations, des cultures. Il y a des centaines de démons. On peut même dire que leur nombre est même incalculable. Cela dit, il y a des démons plus importants que d’autres. Il existe deux types de hiérarchie des démons. Comme si notre civilisation occidentale avait décidé un jour, pour se simplifier la vie démoniaque, de conserver deux propositions d’univers de l’enfer. La première est établie dans le grimoire d’Abramelin, un mage ayant vécu au XIVe siècle. L’autre est celle de Jacques Collin de Plancy, un auteur, occultiste et démonologue français du XIXe siècle.

Pour sa part, Abramelin place quatre princes des enfers en haut de sa hiérarchie : Lucifer, Satan, Léviathan et Bélial. Par la suite, il y a huit sous-princes : Astaroth, Orias, Magot, Paymon, Asmodée, Ariton, Belzébuth et Amaymon.

Pour Collin de Plancy, il existe dix princes : Belzébuth, Satan, Eurynome, Moloch, Pluton, Pan, Lilith, Léonard, Baalberith et Proserpine. Ils sont suivis de grands dignitaires. Ce monde de l’enfer selon Collin de Plancy est conçu un peu comme un gouvernement, qui inclut des ministères, des ambassades, des maisons… Astaroth est notamment le grand trésorier, Baal est général en chef et Léviathan le grand amiral. Voici les noms et fonctions de quelques démons selon Abramelin Le Sage et Collin de Plancy :

La Hiérarchie d'Abramelin Le Sage

Les princes des enfers

Satan : le Diable, qui est l’opposé de Dieu, règne sur les démons. Il est le chef suprême de l’empire infernal.

Lucifer : le démon de la lumière astrale. D’ailleurs, le mot lucifer en latin signifie « porteur de lumière ». Dans les traditions occultes modernes, il est souvent distingué de Satan et considéré comme une figure de connaissance. Il est associé à la rébellion contre la tyrannie divine et est vénéré par certains comme un porteur de liberté et de sagesse.

Bélial : démon de la perfidie et de la colère. Il commande 80 légions de démons. Il est souvent décrit comme étant beau et séduisant, mais extrêmement corrompu et trompeur.

Léviathan : aussi appelé « Le Grand Amiral », c’est une entité démoniaque colossale, symbole de chaos et de destruction. Il est considéré comme une force primordiale du mal. Il est parfois invoqué pour ses pouvoirs présumés de manipulation des forces élémentaires et de protection contre les ennemis spirituels.

Les huit sous-princes

Astaroth : l’un des grands ducs de l’enfer, il est souvent mentionné dans les grimoires et les textes de magie cérémonielle. Il est une figure centrale dans plusieurs systèmes occultes.

Orias : un commandant de 30 légions de démons. Maître en astrologie, il peut transformer les formes humaines et offrir dignité, honneurs et positions. Il est invoqué pour ses capacités à révéler les étoiles et changer d’apparence à volonté.

Magot : démon des trésors cachés, il est le plus puissant le jeudi (il est plus ou moins au repos les six autres jours !) et domine la planète Jupiter. Il est aussi connu pour ses vastes connaissances en sorcellerie et magie.

Paimon : Il commande 200 légions de démons. Expert en arts, sciences et secrets occultes, il peut accorder des connaissances et des trésors. Il est souvent invoqué pour ses conseils. Il enseigne les arts pharmaceutiques. 

Asmodée : il est souvent associé à la luxure et aux désirs charnels. Il commande 72 légions de démons et est réputé pour semer la discorde et la destruction des mariages. Asmodée offre des connaissances sur les arts sombres.

Ariton : également connu sous le nom d’Ipos, il dirige quelques dizaines de légions de démons. Il est maître en arts divinatoires et en prophéties. Invoqué pour ses capacités à révéler des secrets, il confère esprit audacieux, intelligence et charisme.

Amaymon : il est souvent associé à la sorcellerie et aux pratiques occultes. Il est commandant d’une légion de démons et possède des pouvoirs de divination et de manipulation mentale.

Belzébuth : il est souvent identifié comme le Seigneur des Mouches. Second en commandement après Lucifer, il incarne la gourmandise et la corruption. Il est le grand commandant des légions de démons. Il est invoqué pour ses pouvoirs de manipulation, de la tentation, et de la destruction des ennemis. C’est un très puissant malin…

La Hiérarchie de Collin de Plancy:

Princes et grands dignitaires :

Belzébuth : chef suprême de l’Empire infernal, fondateur de l’Ordre de la mouche. Il est essentiellement le même personnage que dans l’autre hiérarchie mentionnée précédemment.

Satan : puissant prince détrôné, chef du parti de l’opposition.

Eurynome : prince de la mort, grand-croix (chancelier) de l’ordre de la Mouche.

Moloch : prince du pays des larmes, il est aussi un grand-croix de l’Ordre.

Pluton : prince du feu, il est le gouverneur général des pays enflammés et grand-croix de l’Ordre des mouches.

Pan : prince des incubes, ces démons masculins séducteurs.

Lilith : princesse des succubes, ces démons féminins séducteurs.

 

Léonard : inspecteur général de la sorcellerie, de la magie noire et des sorciers, il est aussi chef des démons subalternes. Il est également chevalier de l’Ordre de la Mouche.

Baalberith : grand pontife, maître des alliances et des cérémonies. Il est aussi le secrétaire et le bibliothécaire des archives de l’enfer. Il contresigne ou notarie les pactes avec le Diable. Par ailleurs, il pousse les hommes au blasphème et au meurtre…

Proserpine : archidiablesse, elle est souveraine des esprits malins.

Les ministères

Adramelech : grand chancelier, grand-croix de l’Ordre de la Mouche.

Astaroth : grand trésorier, chevalier de la Mouche

Nergal : chef de la police secrète.

Baal : général en chef des armées infernales, il a 66 légions de démons, grand-croix de l’ordre de la Mouche.

Léviathan : grand amiral, chevalier de la Mouche.

Notez que Collin de Plancy ne s’est pas arrêté ici. Il a aussi détaillé les démons responsables de plusieurs autres institutions et organisations démoniaques. Or, la liste est trop longue pour qu’elles soient mentionnées ici avec leurs démons respectifs.

L'Influence des démons dans la culture populaire

Les démons exercent une influence profonde et persistante sur la culture populaire à travers le monde. Leur représentation évolue, souvent teintée de mystère et de danger, captivant l’imagination des créateurs et du public.

Le cinéma et la télévision exploitent grandement cette fascination pour les démons. Des films comme L’Exorciste ont marqué l’imaginaire collectif en représentant des possessions démoniaques, suscitant à la fois terreur et fascination. Quant au film Hellraiser, les cénobites sont des créatures démoniaques qui explorent les limites de la douleur et du plaisir. Pinhead, leur leader, est devenu une icône de l’horreur moderne. Pour ce qui est du film The Witch, le personnage de Black Phillip est une incarnation du diable présentée sous la forme d’un bouc, influençant les membres d’une famille puritaine dans l’Amérique coloniale.

De nombreuses séries télé, comme Supernatural, évoquent aussi un univers peuplé de créatures surnaturelles, où les démons jouent souvent des rôles d’antagonistes redoutables, incarnant le côté obscur et la menace constante. 

Dans les jeux vidéo, les démons sont généralement présentés comme des ennemis redoutables ou des entités à invoquer pour obtenir des pouvoirs surnaturels. Des franchises comme Doom plongent les joueurs dans des confrontations intenses avec des démons venus de l’enfer, accentuant le côté destructeur de ces entités. Il y a aussi la populaire série de jeux vidéo Diablo dans laquelle les joueurs affrontent le Seigneur de la terreur, ainsi que ses frères Baal et Méphistophélès, plongeant dans une mythologie riche en créatures infernales et en conflits féroces.

La musique, quant à elle, explore parfois des thèmes liés aux démons à travers des genres comme le heavy metal et le rock gothique. Les paroles et l’imagerie y évoquent souvent des figures infernales et des luttes intérieures contre les forces du mal. Pensons au célèbre groupe américain Iron Maiden.

Dans les arts visuels, la représentation des démons est aussi importante, mais elle varie énormément, allant de créatures terrifiantes à des figures plus ambiguës et séduisantes. Les artistes, contemporains et historiques, ont souvent utilisé l’iconographie des démons pour explorer des thèmes tels que la dualité humaine, la peur de l’inconnu et les limites de la moralité.

En littérature, les démons ont évidemment une place de choix. Ils sont souvent dépeints comme des entités maléfiques, personnifiant le mal et la tentation. L’imaginaire n’a pas de limite dans les livres, sinon celle de l’auteur. Par exemple, «La Divine Comédie» de Dante a approfondi la vision de l’enfer et de ses habitants. Dans cet ouvrage, l’enfer est divisé en neuf cercles, chacun peuplé de différentes catégories de pécheurs et de démons. Une autre œuvre classique, «Le paradis perdu», de John Milton, explore les thèmes de la tentation et de la chute, mettant en scène des démons, symboles de la rébellion contre l’ordre divin.

La représentation du mal

L’arbre généalogique de l’enfer est un concept riche et complexe qui traverse les frontières culturelles et religieuses. Des mythologies anciennes aux traditions religieuses modernes, en passant par les récits occultes et les interprétations littéraires, chaque civilisation a apporté sa propre contribution à la structure et à la dynamique des enfers. Les figures clés comme Satan, Belzébuth, Asmodée et Iblis, ainsi que leurs relations et hiérarchies, illustrent la manière dont les sociétés humaines ont tenté de comprendre et de représenter le mal.

Ce tableau des démons n’est pas seulement un résumé de mythes et de légendes, mais aussi une réflexion sur les peurs, les croyances et les psychologies des peuples à travers les âges. En explorant ces récits, nous obtenons un aperçu non seulement des enfers imaginés par les différentes cultures, mais aussi des préoccupations et des valeurs de l’humanité elle-même face à l’inconnu et à l’invisible.

« L’enfer, c’est les autres », a écrit le célèbre philosophe et athée Jean-Paul Sartre. 

Mais l’enfer, c’est aussi nous autres.

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