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ROCK ALTERNATIF DES ANNÉES 90

Chroniqueur Charles Laplante
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Chez SUMMUM, on vous parle souvent des sous-genres de la musique de toutes les époques (grunge, punk, hardcore, death metal, etc..) mais, ce mois-ci, plutôt que de faire du cas par cas, on en regroupe plusieurs en vous parlant du rock alternatif des années 90 au sens large du terme!

C’est quoi ça, le rock alternatif?

L’expression « rock alternatif » sert essentiellement à désigner la musique underground qui émerge dans l’éveil du mouvement punk rock depuis le milieu des années 80. Ainsi que son histoire le laisse voir, le rock alternatif est largement défini par le rejet du succès commercial dans la culture générale. Même si ce rejet est aujourd’hui beaucoup moins présent qu’autrefois et que les bris de convention de l’époque sont devenus la norme. C’est en quelque sorte le méga succès populaire et commercial de l’album Nevermind de Nirvana qui établit la viabilité commerciale et culturelle du rock alternatif en 1991. Par la suite, le style est devenu la forme de rock la plus populaire de la décennie et beaucoup de groupes de rock alternatif ont connu eux aussi un énorme succès commercial. Il suffit de penser à tous les groupes qui gravitaient autour de Nirvana. Une fois que la première vague grunge s’est éteinte, le rock alternatif a définitivement pris sa place au sein de la culture de masse.

Le grunge, et puis après?

Nous sommes en 1995. Kurt Cobain est mort et à la radio, on entend presque juste des artistes qui sonnent comme lui ou son rival Eddie Vedder. C’est l’époque des Silverchair, Bush et autres Creed qui commence. Certains parlent alors de la mort du grunge. Toutefois, cela ne signifie pas la mort du rock alternatif, puisque celui-ci fonctionne tout de même à plein régime dans toutes les sphères de la culture grâce au retour du son punk propulsé par des groupes, comme Green Day, Rancid et Offspring. Parallèlement, des groupes comme Third Eye Blind, Goo Goo Dolls et Garbage utilisent le rock alternatif à des fins commerciales. Selon The New York Times en 1993, « le rock alternatif n’a plus l’air si alternatif que ça aujourd’hui ». Cette citation en contexte parlait bien sûr du fait que plusieurs grosses maisons de disques misaient beaucoup sur des poulains rock. Malgré cela, quelques groupes alternatifs préférant rester dans l’underground se réclament des groupes de rock indépendant et développent des mouvements musicaux, comme le lo-fi, un genre qui marque un retour vers l’éthique originale de la musique alternative. Des labels comme Matador, Merge et Dischord, ainsi que des groupes comme Pavement, Liz Phair, Fugazi et Sleater-Kinney, dominent la scène indépendante américaine pendant une bonne partie des années 90.

La domination hip-hop et nü-metal

Dans la deuxième moitié des années 90, le hip-hop est partout et il contribue même à un retour inattendu du métal. On en entend les influences certaines chez Rage Against the Machine, Korn et Limp Bizkit. Ce sont ces groupes qui dominent alors les palmarès reléguant le rock alternatif aux oubliettes pour quelques années. En 1997, la techno devient une partie importante du panorama sonore populaire. C’est cet été-là que The Prodigy fait paraître son succès inégalé The Fat of The Land. Les Chemical Brothers obtiennent beaucoup de succès et se produiront même à Woodstock 99 avec Moby et Fatboy Slim, unis dans le désastre avec les saveurs hip hop et nü-metal du moment.

Le retour du rock alternatif

Au début du 21e siècle, les Soundgarden, Nirvana, Red Hot Chili Peppers et autres sont soit inactifs ou disparus. Cependant, le rock alternatif n’est pas mort et connaît même un nouveau « peak » de popularité. Il demeure plus classique grâce aux groupes Bright Eyes ou Modest Mouse, mais devient aussi plus garage avec The White Stripes, The Strokes, The Vines, et autres groupes en « The ». Il y a même de petits clins d’œil post-punk dans la musique d’Interpol ou The Killers. Bref, sous une forme ou une autre, le rock finit toujours par revenir à l’avant-scène. Comme le disait ce bon vieux Ozzy Osbourne : « You can’t kill rock ‘n’ roll! »

SUGGESTIONS

Voici quelques albums qui ont marqué l’histoire du rock alternatif au fer rouge et aussi quelques trésors un peu moins connus!

Beck – Mellow Gold (1994)

Quand Beck Hansen débarque sur la scène musicale avec son hit Loser, tout le monde pense qu’il deviendrait un cas classique de « one hit wonder ». Le reste fait partie de l’histoire, mais quand Mellow Gold a vu le jour, il n’était que le tiers des disques que Beck a fait paraître cette année-là, les deux autres (One Foot in The Grave et Stereopathetic Soulmanure) sont tout aussi excellents.

Sur repeat : Pay No Mind/ Beercan / Nitemare Hippy Girl

Red Hot Chili Peppers – Blood Sugar Sex Magik (1991)

On peut dire ce que l’on veut sur le groupe d’Anthony Kiedis, mais dans les oreilles de beaucoup de jeunes mélomanes, il ne se faisait pas grand-chose de mieux au début des « nineties »! Ce 5e album des californiens demeure la pierre d’assise de leur discographie. C’est un disque long qui ne contient pratiquement aucun temps mort. Qu’on les aime ou qu’on les déteste, ne change rien à l’importance de cet album pour la culture alternative.

Sur repeat : Breaking the Girls / Under the Bridge / Give It Away

Soundgarden – Superunknown (1994)

Le groupe de Chris Cornell et de Kim Thayil était déjà très populaire lors de la parution de son 4e album. En revanche, c’est la qualité indéniable des compositions que l’on retrouve sur ce disque qui a propulsé le groupe dans les hautes sphères du succès populaire! Impossible de sauter une seule chanson de cette œuvre immense!

Sur repeat : My Wave / 4th of July / Black Hole Sun

Jeff Buckley – Grace (1994)

Il se voyait davantage comme un troubadour folk, mais il était bel et bien un grand rockeur! C’est la réflexion que l’on peut se passer à l’écoute du seul album du fils de Tim Buckley. Comme son père, Jeff est décédé prématurément. Il n’avait que 30 ans lors de sa noyade accidentelle. On a des frissons juste à imaginer où aurait pu nous mener ce talent immense qu’il avait. Sans conteste l’un des meilleurs chanteurs des années 90.

Sur repeat : Mojo Pin / Grace / Last Goodbye

Silverchair – Frogstomp (1995)

Même s’ils sont associés à la mort du grunge, force est d’admettre que les compositions du jeune Daniel Johns, alors âgé de 13 ans, ont réussi à convaincre beaucoup de gamins qui s’ennuyaient de Kurt Cobain. À notre avis, l’apport des Australiens au rock alternatif des années 90 doit absolument être souligné.

Sur repeat : Suicidal Dream / Israel’s Son / Tomorrow

Nine Inch Nails – The Downward Spiral (1994)

Voilà un véritable pilier du rock alternatif qui se distingue en étant l’un des premiers albums grand public de rock industriel. C’est un disque très important et l’une des œuvres les plus significatives du projet de Trent Reznor qui sera aux commandes des premiers et des meilleurs albums d’une autre vedette rock des années 90 qui a moins bien vieillie : Marilyn Manson.

Sur repeat : Piggy / The Becoming / Hurt 

Radiohead – OK Computer (1997)

Vers la fin de la décennie, le rock n’a plus trop la cote auprès du grand public, mais Radiohead arrive tout de même à surprendre tout le monde avec ce véritable joyau devenu instantanément un classique! À ce jour, aucun des albums du groupe anglais ne lui est arrivé à la cheville en termes de popularité. Il faut également souligner le fait qu’il ne prend pas une ride, année après année depuis bientôt 25 ans!

Sur repeat : Airbag / Paranoid Android / Electioneering

Rival Schools – United by Fate (2001)

On triche un peu avec celui-ci, puisqu’il est sorti après 1999, mais avant le retour du rock, en pleine mode nü-metal. Résultat : ce projet de Walter Schreifels est vite sombré dans l’oubli même si l’indie rock qui a suivi s’en est largement influencé. C’est un disque parfait du début à la fin, même si la perfection n’existe pas.

Sur repeat : Used for Glue / The Switch / Good Things

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