Elon Musk Le geek, l’ingénieur, le milliardaire, l’excentrique, le visionnaire
L’entrepreneur visionnaire Elon Musk semble partout. Cet Américain né en Afrique du Sud, qui a vécu quelque temps au Canada, semble derrière les projets technologiques les plus fous, et les plus prometteurs. Ce charismatique ingénieur a notamment cofondé PayPal et Tesla Motors. Il a également créé la compagnie de fusées SpaceX et The Boring Company, une société qui a pour but de construire des tunnels pour la mobilité sous les villes.
À l’été 2021, Musk avait une fortune estimée à 160 milliards $. Il n’est surpassé que par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, qui est considéré la personne la plus riche du monde. De toute évidence, Musk est un incontournable. Regardons brièvement la vie de ce quinquagénaire étant derrière une série d’entreprises qui ont perturbé de multiples industries. SUMMUM vous propose un portrait de l’homme, du scientifique et du visionnaire anticonformiste qu’est Elon Musk.
Un ingénieur précoce
Né en 1971 à Pretoria et élevé en Afrique du Sud, Elon Reeve Musk a passé du temps au Canada avant de finalement déménager aux États-Unis. Formé à l’Université de Pennsylvanie en physique, il a commencé à se mouiller les pieds en tant qu’entrepreneur technologique en série avec des succès précoces comme Zip2 et X.com. Il a ensuite joué un rôle déterminant dans la création de PayPal, une société américaine offrant un système de service de paiement en ligne dans le monde entier. Après son départ de PayPal, les poches bien pleines, il s’est lancé dans le monde de l’automobile électrique.
Musk est l’aîné de trois enfants, tous très performants. Son frère, Kimbal Musk, est un investisseur en capital de risque et un environnementaliste. Sa sœur, Tosca Musk, est une productrice et réalisatrice respectée. Après le divorce de ses parents en 1980, Musk a vécu principalement avec son père. Plus tard, Elon Musk dira de lui qu’il est « un être humain terrible ». Selon lui, il a reçu une éducation épouvantable et une enfance remplie d’adversité.
Aux dires de Musk, qui l’a raconté dans différentes entrevues au cours des ans, ce dernier a été intimidé à l’école. Il est devenu une sorte de rat de bibliothèque. Il lisait de tout et avec voracité, des encyclopédies aux bandes dessinées. Mais, les aptitudes intellectuelles de Musk lui ont rendu peu de services dans son enfance. Il a trouvé peu d’amis chez ses camarades d’école de la communauté des Afrikaans (les blancs de l’Afrique du Sud). Bref, de pénibles années scolaires qui se sont déroulées dans la solitude. Il a été insulté, humilié, rabroué et même parfois battu. Pendant ces années à l’école, il n’y a pas eu de répit.
En filigrane de ce triste parcours scolaire, il y avait la technologie et la science. Quand il n’avait que 10 ans, Musk s’est familiarisé avec la programmation via le Commodore VIC-20, l’ordinateur domestique bon marché que plusieurs Québécois ont connu dans les années 80. En peu de temps, il était devenu suffisamment compétent pour créer Blastar, un jeu vidéo dans le style de Space Invaders. Il a vendu le code du jeu à un magazine appelé PC and Office Technology pour 500 $. Avec son frère, Elon Musk a ensuite voulu ouvrir une salle de jeux vidéo près de leur école. Finalement, leurs parents ont annulé le plan : un adulte devait demander un permis à la Ville, ce que leurs parents ont refusé.
Les années universitaires de Musk
À 17 ans, Musk a déménagé au Canada pour éviter le service dans l’armée sud-africaine, dont la principale tâche à la fin des années 80 était de faire respecter l’Apartheid. Un monde d’inégalités, de tensions et de violences. Il obtiendra plus tard la citoyenneté canadienne par l’intermédiaire de sa mère. Après avoir émigré en Amérique du Nord, Musk s’est inscrit à l’Université Queen’s, à Kingston, en Ontario. C’est là qu’il a rencontré Justine Wilson, une écrivaine en herbe. Ils se sont marié et ont eu cinq fils ensemble, des jumeaux et des triplés, avant de divorcer en 2008.
Après deux ans à l’Université Queen’s, Musk a été transféré à l’Université de Pennsylvanie. À cette époque, il a acheté – avec un autre étudiant – une maison de 10 chambres, qu’ils ont utilisée comme boîte de nuit! En définitive, Musk a obtenu un baccalauréat en physique ainsi qu’un baccalauréat en économie de la Wharton School. Cela dit, c’est la physique qui a fait la plus forte impression chez lui. La physique est un bon cadre de réflexion, dira-t-il plus tard dans sa carrière. D’après lui, il est préférable de réduire les choses à leurs vérités fondamentales et de raisonner à partir de là.
Musk avait 24 ans lorsqu’il a déménagé en Californie pour y poursuivre un doctorat en physique appliquée à l’Université de Stanford. Mais, avec l’explosion d’Internet et l’essor de la Silicon Valley, Musk avait de grandes visions entrepreneuriales. Il a donc quitté le doctorat en début de programme.
X.com
En 1995, avec 28 000 $ et son frère cadet Kimbal à ses côtés, Musk a lancé Zip2, une société de logiciels qui aiderait les journaux à développer des guides de ville en ligne. En 1999, Zip2 a été racheté par le moteur de recherche Web AltaVista de Compaq pour une somme énorme de 340 millions $ US. Musk a alors utilisé cet argent pour créer X.com, en 1999, qui était une sorte de banque sur Internet. Elle a plus tard fusionné avec une société de transfert d’argent appelée Confinity. Cette nouvelle entreprise fusionnée est devenue PayPal. Plus tard, Musk a ensuite été évincé de la société avant qu’elle soit rachetée par eBay pour 1,5 milliard $. Musk, pour sa part, est parti avec 180 millions $ en actions boursières. Soulignons que Musk a racheté le nom de domaine X.com à PayPal, en 2017, parce qu’il avait une valeur sentimentale!
Le constructeur Tesla
Après l’épopée PayPal, Elon Musk a concentré son énergie sur une start-up de voitures électriques appelée Tesla Motors. Tout d’abord, il a contribué au financement – environ 70 millions $. Puis, en 2004, Musk a rejoint les ingénieurs Martin Eberhard et Marc Tarpenning pour aider à faire fonctionner Tesla Motors. En fait, il a fait partie intégrante de la conception de la première voiture électrique : la Tesla Roadster. Après qu’Eberhard ait été évincé de l’entreprise en 2007, à la suite d’une série de désaccords, Musk a pris le contrôle de la gestion en tant que PDG et concepteur des produits Tesla.
Sous sa direction, l’entreprise est devenue l’une des marques automobiles les plus populaires et les plus convoitées au monde. Aujourd’hui, cette voiture, malgré les doutes qui ont perduré durant quelques années, est devenue l’une des marques les plus en demande sur le marché automobile. Le bémol : la capacité de production de la compagnie, qui peine à fournir la demande des clients, de plus en plus nombreux.
SolarCity
En plus de produire des véhicules électriques, Tesla assure sa présence dans le domaine de l’énergie solaire, grâce à son acquisition de SolarCity. Fondée en 2006, cette société de services d’énergie propre produit actuellement deux batteries solaires rechargeables, principalement utilisées pour le stockage d’énergie stationnaire. Le plus petit, Powerwall, a été développé pour une alimentation de secours domestique et une utilisation hors réseau, tandis que le plus grand,, Powerpack, est destiné à une utilisation commerciale ou sur un réseau électrique.
SpaceX
Musk a utilisé une bonne partie des revenus issus de la vente de PayPal pour fonder Space Exploration Technologies Corporation, communément appelée SpaceX, une société de voyage galactique. Musk souhaite ardemment développer une industrie du tourisme spatial. Il a dépensé 100 millions $ pour fonder SpaceX en 2002. Avec cette société, Musk a décroché plusieurs contrats de grande envergure avec la NASA et l’US Air Force pour concevoir des fusées et mener des missions militaires. Musk a exprimé son intention d’envoyer un astronaute sur Mars d’ici 2025 dans le cadre d’un effort de collaboration avec la NASA. Il a aussi affirmé au printemps 2021 qu’il rêve de bâtir la première ville à l’extérieur de l’atmosphère terrestre.
The Boring Company
En mars 2019, The Boring Company, une entreprise fondée par Elon Musk pour creuser des tunnels destinés à décongestionner les grands centres-villes, avait annoncé un premier projet commercial à Las Vegas. Finalement, la compagnie a fini par se rabattre sur une solution plus basique, pour commencer.
En avril 2021, les représentants de divers médias ont été conviés à découvrir le premier tunnel creusé par l’entreprise sous le centre des congrès de la capitale du jeu. À lire et à entendre de nombreux reporters, les premières impressions n’ont guère été positives : la plupart d’entre eux se sont dit déçus de leur expérience quant à ce système de transport révolutionnaire promis par le milliardaire. Le concept : des voitures Tesla, munies de roulettes de guidage qui se déploient de chaque côté des roues, à l’avant, sillonnent un tunnel sous-terrain qui connecte divers endroits de la ville.
Ce projet a coûté 53 millions $ US. Il a été financé en bonne partie par le Las Vegas Convention Center and Visitor Authority. Deux ans auparavant, Musk avait laissé entendre que le tunnel comporterait sept arrêts pour desservir le Las Vegas Convention Center, le palais des congrès de la ville, avec une capacité de 11 000 passagers à l’heure. Toutefois, ce n’est pas le cas pour l’instant. La version finale s’avère bien moins enthousiasmante et futuriste que ce à quoi Elon Musk avait fait allusion dans le passé. C’est la raison pour laquelle les journalistes qui ont essayé ce système de transports ont été déçus. Ils ont d’ailleurs souligné la lenteur du déplacement et la banalité de l’expérience.
Malgré cette mauvaise critique, Musk ne baisse pas les bras. Il a affirmé que ce tunnel sous Las Vegas n’est qu’un début. Il compte améliorer son concept et le proposer à bien d’autres dirigeants et investisseurs dans les prochaines années.
Le travail acharné
Son étonnant succès au fil des deux dernières décennies n’est pas né en claquant des doigts. Si Elon Musk est aujourd’hui comparé à d’autres hommes d’affaires visionnaires, comme Steve Jobs, Howard Hughes, Henry Ford et Bill Gates, c’est qu’il a travaillé dur. Après une enfance relativement difficile, Musk a développé une éthique de travail implacable. Il d’ailleurs reconnu pour travailler jusqu’à une centaine d’heures par semaine.
Excentricités personnelles
Au cours de sa vie, Musk s’est parfois comporté de manière excentrique et il a fini par avoir une réputation d’homme imprévisible aux idées et aux comportements impulsifs, farfelus, voire erratiques.
Le 7 septembre 2018, lors d’une entrevue avec l’animateur d’un populaire balado aux États-Unis, Joe Rogan – célèbre commentateur de l’Ultimate Fighting Championship, il est spécialiste d’arts martiaux, animateur et écrivain –, Musk a fumé de la marijuana. Le podcast, publié notamment sur YouTube, des millions et des millions de personnes dans le monde entier. Cette histoire a entraîné une chute des actions boursières de Tesla. Et ce n’était qu’un autre ajout à la série de mauvaises nouvelles pour l’entreprise durant cette année.
Mentionnons qu’une poursuite en justice contre Musk et Tesla avait été entreprise pour son tristement célèbre tweet du 7 août 2018. Musk avait écrit dans une publication sur Twitter qu’il désirait voir sa compagnie se retirer des marchés boursiers. La Commission américaine des opérations en bourse avait alors déposé une plainte pour fraude à son endroit. Plus tard, il avait été forcé de démissionner du conseil d’administration de Tesla. Musk, qui a des dizaines de millions d’abonnés sur Twitter, avait alors décidé de faire une pause sur le réseau social. Il est néanmoins demeuré le grand manitou de Tesla.
Par ailleurs, lors d’une apparition à la populaire émission télé américaine Saturday Night Live, en mai 2021, Musk a révélé qu’il souffrait du syndrome d’Asperger, une forme bénigne d’autisme officiellement connue sous le nom de trouble du spectre autistique. « Je suis en train d’entrer dans l’histoire ce soir en tant que première personne Asperger à animer SNL. Du moins, je suis la première personne à l’admettre », a-t-il déclaré avec ironie.
« Je n’ai pas toujours beaucoup d’intonation ou de variation dans ma façon de parler, ce qui, me dit-on, fait de moi un excellent comédien », a ajouté Musk. Visiblement, il a un bon sens de l’autodérision, ce qui n’est pas toujours le cas chez les hommes d’affaires milliardaires. D’ailleurs, dans son mémorable entretien avec Joe Rogan, il a confié qu’il était avant tout un ingénieur, bien avant d’être un homme d’affaires, précisant qu’il était normal d’expérimenter dans la vie et de commettre des erreurs.
Par ailleurs, une autre histoire rocambolesque a démontré l’an passé à quel point cet homme ne soucie guère de ce que certaines personnes pensent de ses choix et agissements. En mai 2020, la compagne de Musk, la chanteuse montréalaise Grimes (de son vrai nom Claire Boucher, qui est âgée dans la trentaine), a donné naissance à leur premier enfant, un sixième garçon pour Elon Musk. Ils l’ont baptisé X Æ A-12. Ce n’est pas un modèle de Tesla, ni celui d’une fusée de SpaceX…
Grimes et Musk ont évidemment dû expliquer le choix de ce bizarre prénom à différents médias. Leur réponse : X est la variable inconnue; Æ est l’orthographe elfique de Ai (amour et/ou intelligence artificielle); A-12 signifie précurseur du SR-71 (leur avion préféré, un appareil espion américain supersonique). Le « A » fait également référence à Archangel, la chanson préférée de Grimes! Contraints par les autorités américaines de remplacer les chiffres dans le prénom de leur fils, un mois plus tard, la chanteuse et l’ingénieur ont pensé à une solution de rechange tout aussi bizarre : X Æ A-Xii. Le chiffre 12 ayant seulement été remplacé par le chiffre romain XII. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?