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TESLA La grande aventure électrique

Chroniqueur Benoit Charette
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Elles sont rares les jeunes compagnies automobiles qui partent de rien et réussissent à tenir tête aux géants bien établis. Considéré à ses débuts comme une jeune pousse à l’avenir incertains, Tesla a réussi, grâce à un PDG visionnaire que d’autres ont qualifié d’un peu fou, à gagner son pari et est aujourd’hui devenu un joueur de premier plan dans le monde automobile.

Les débuts

La société Tesla Motors a été fondée en 2003 dans la région de Silicone Valley par Marc Tarpening et Martin Eberhard. Eberhard était le directeur général de Tesla et Tarpenning son directeur financier. Le financement initial de la compagnie était de 7,5 millions $ et 6,5 millions provenaient d’un seul homme, Elon Musk. Le nom de Tesla provenait de celui qui a inventé le courant alternatif que nous utilisons tous aujourd’hui, Nikola Tesla. L’idée de départ n’était pas de faire une voiture électrique. « Ce n’était pas notre premier choix, affirmait Marc Tarpening lors d’une conférence de presse donnée en 2009 au Almaden Institute. Nous regardions aussi pour un véhicule à hydrogène, mais avec l’équation énergétique qui ne faisait pas de sens, nous avons écarté cette solution. » L’électrique n’était donc pas un choix premier mais bien une décision prise par les investisseurs. Elon Musk est nommé président en 2004.

Un modèle Lotus pour commencer

La première Tesla à prendre la route est la Roadster, qui sera vendue de 2008 à 2012. Construite sur un châssis de Lotus Elise, la Roadster a été le premier véhicule électrique à utiliser des batteries lithium-ion et la première voiture à offrir une autonomie supérieure à 300 kilomètres. C’est aussi la seule voiture dans l’espace. Elle a été transportée en orbite par une fusée Falcon Heavy lors d’un vol d’essai le 6 février 2018. Durant les quatre années de production, Tesla a vendu environ 2450 Roadster dans plus de 30 pays. Pas mal pour une compagnie qui ne vendait que par Internet à ses débuts. Même si elle est basée sur un châssis de Lotus Élise, la Tesla Roadster ne reprend que 7 % de ses composants (les rétroviseurs, le pare-brise, la planche de bord et quelques commandes) et s’en éloigne par des dimensions très supérieures. Il fallait en effet loger les 450 kilos de batteries, le moteur et toute l’électronique sans relever le centre de gravité et remettre en cause l’équilibre recherché dans une voiture de sport. Tesla a donc sensiblement allongé et élargi le châssis de la Lotus, mais le look général demeure.

L’arrivé du modèle S

En 2012, Tesla arrête la production du Roadster lancer son modèle S, dont le style a laissé sa marque. La première version était proposée avec trois options de batterie différentes, qui donnaient une autonomie estimée à 379 ou à 483 kilomètres. L’option de batterie la plus performante permettait une accélération de 0 à 100 kilomètres à l’heure en quatre secondes environ, et une vitesse de pointe qui touchait les 210 kilomètres à l’heure. Contrairement au Roadster, qui plaçait ses batteries à l’avant de la voiture, le modèle S avait les siennes sous le plancher, ce qui offrait un espace de rangement supplémentaire à l’avant et améliorait la tenue de route grâce à son centre de gravité bas. On lui reprochait sa suspension un peu raide, sa finition sommaire et ses sièges inconfortables, mais son style, son silence de roulement et son autonomie – loin devant n’importe quel autre véhicule électrique à l’époque – ont conquis le cœur des amateurs.

C’est aussi en 2012 que Tesla a commencé à construire son réseau de superchargers aux États-Unis et en Europe, représentant un arrêt gratuit pour se ravitailler en carburant pour tous les propriétaires de Tesla S. Le très contesté système Autopilot au nom universellement décrié a fait son apparition en 2014 sur le Modèle S, et ensuite sur d’autres modèles de la famille. En 2015, Tesla a commercialisé le Modèle X, son premier VUS. Le Model X avait une autonomie estimée à 475 kilomètres et pouvait accueillir jusqu’à sept personnes. En raison de la demande pour un véhicule plus économique, le Modèle 3, une berline à quatre portes avec une autonomie de 355 kilomètres et un prix de 35 000 $ aux États-Unis, a commencé à être produit en 2017. Tesla avait déposé le nom de Modèle Y en 2013, mais il aura fallu attendre 2020 avant de voir ce petit VUS basé sur le Modèle 3 faire son apparition.

Le Cybertruck, qui devrait commencer à être construit d’ici la fin de 2021

Le modèle qui a sans doute le plus fait parler de lui est le Cybertruck. Bien des gens croyaient que cela était une farce lorsque Musk a présenté ce véhicule en marge du Salon de l’auto de Los Angeles en novembre 2019. Eh bien non, c’était du sérieux. La pandémie a mis le projet sur la glace pendant pratiquement un an et demi. Mais, au lendemain de la présentation du Ford F-150 Lightning 100 % électrique, Musk s’est empressé d’annoncé que Tesla allait finalement commencer la production de son Cybertruck à la fin de 2021.

Ce camion aux allures futuristes semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Fabriqué d’acier inoxydable (comme une DeLorean), il est capable d’un 0 à 100 kilomètres à l’heure en 2,9 secondes. Le Cybertruck est plus rapide qu’une Porsche 911. Le camion fait 5,9 mètres de long et offre de l’espace pour 6 passagers.

Trois différents modèles

Vous aurez droit à trois versions. Il y a la version de base avec un seul moteur électrique et une autonomie de 400 kilomètres qui se vendra à 39 900 $ US. Il y a ensuite une version 4×4 avec deux moteurs pour 10 000 $ de plus, qui offrira 480 kilomètres d’autonomie et, finalement, la version la plus puissante avec trois moteurs et 800 kilomètres d’autonomie, du jamais-vu, pour 69 900 $. La boîte derrière fait 6 pieds 5 pouces, et la capacité de remorquage va de 7500 livres en version de base à 14 000 livres pour le modèle à trois moteurs. Vous avez une capacité de charge de 3500 livres.

Des performances à couper le souffle

La chose la plus surprenante qui vient de la bouche de tous ceux qui ont pris place à bord d’une Tesla est l’accélération. À ses débuts, le modèles Roadster annonçait un 0 à 100 kilomètres à l’heure en 3,9 secondes. Une accélération digne d’une voiture exotique. Avec les piles plus puissantes, les temps d’accélération ont baissé. Les modèles S 100D étaient capables de faire un 100 kilomètres à l’heure en 3,1 secondes. Avec ses 792 chevaux, la plus performante des Tesla S est maintenant à 2,5 secondes. Mais vous n’avez encore rien vu. Le futur modèle Roadster, le deuxième du nom, offrira en option le SpaceX package, qui ajoute des fusées à air comprimé derrière le véhicule qui, selon Tesla, permettra une accélération de 0 à 100 kilomètres à l’heure en 1,2 seconde. C’est complètement dément. Et toute l’opération est très facile; vous pesez sur l’accélérateur à fond sans oublier de bien tenir le volant, et voilà. Ce secret d’une accélération très rapide provient de l’absence de l’arbre de transmission, qui permet une poussée instantanée, et de l’énorme couple, qui permet une livraison de puissance immédiate. Il faut aussi savoir que la moyenne d’efficacité d’un moteur électrique tourne autour de 90 %, alors qu’elle est de 10 % dans un moteur à essence.

Et la conduite dans tout cela

À bord de la Tesla, c’est le monde du silence. Un tour de clé, le bouton Drive appuyé et voici que la voiture décolle comme par enchantement. Tout juste perçoit-on le roulement des pneus sur l’asphalte qui, d’ordinaire, se fond dans l’environnement sonore. Les seuls bruits perceptibles sont ceux des roues et du vent à plus haut régime. L’accélération est de loin l’élément le plus surprenant, elle va aussi vite qu’une Ferrari ou une Porsche Turbo, le bruit en moins.

La tenue de route grâce à son centre de gravité très bas est excellente. Tesla a réussi une excellente répartition du poids des batteries. L’accélération du moteur électrique se fait sans à coup, contrairement à une voiture à combustion sur laquelle on passe les vitesses. Quand vient le moment de freiner, elle le fait pratiquement toute seule, car les freins régénèrent l’énergie cinétique pour recharger les batteries, un peu à la manière d’un dynamo. Du moment que vous relâchez l’accélérateur, vous avez l’impression d’avoir mis les freins, il faut s’y faire. J’ai aussi eu l’occasion de conduire quelques modèles S et un modèle 3. Les premiers modèles S cognaient un peu dur et le confort des sièges laissait à désirer. La suspension pneumatique et de meilleurs sièges ont réglé ce problème. Elon Musk a eu raison de lancer le Modèle 3, qui est devenu le véhicule électrique le plus vendu au monde en 2018.

Les hauts et les bas d’une jeune compagnie

Elon Musk est reconnu pour être le meilleur « gambler » de la planète. Il ne pose par la question si la chose se fait. Il le fait et affronte les conséquences ensuite. Cette attitude le place à des années-lumière de l’attitude généralement prudente et conservatrice du monde automobile. C’est un atout qui a joué en sa faveur durant bien des années. Au moment où personne ne croyait aux véhicules électriques, Elon Musk s’est lancé à fond sans jamais regarder derrière et a profité d’un marché qui lui était grand ouvert.

Le parcours atypique d’Elon Musk

Le cheminement de Tesla n’a pas été facile. Malgré un début prometteur pour la Roadster, Tesla rencontre des problèmes financiers dès 2009. La société disposait de moins de 10 millions $ de liquidité, soit potentiellement moins que ce dont elle avait besoin pour livrer les voitures qu’elle avait déjà vendues. En mai de la même année, Daimler AG (DDAIF) a acheté une participation de 10 % dans l’entreprise pour 50 millions $. Un prêt ultérieur de 465 millions $ accordé par le ministère de l’Énergie en juin a donné à la société le fonds de roulement dont elle avait besoin pour survivre. En août de la même année, la société a déménagé vers son siège actuel, à Palo Alto. La société a trouvé une solution plus stable à ses problèmes de capitaux à court terme lorsqu’elle est entrée en bourse en 2010. Introduite au NASDAQ à 17 $ l’action, Tesla a levé 226 millions $ lors de son introduction en bourse. Sa valeur en bourse a atteint des sommets stratosphériques.

Dans les jeux vidéo à 12 ans

Elon Musk a vendu son premier produit à l’âge de 12 ans. Il s’agissait d’un jeu vidéo qu’il avait codé lui-même. Il a réussi à empocher 500 $ en espèces après l’avoir vendu à une publication sur les jeux en ligne. Alors qu’Internet commençait à prendre forme, Musk a créé Zip2 avec son frère Kimbal. L’objectif de Zip2 était de créer des guides de villes disponibles pour les journaux en ligne. Environ cinq ans plus tard, en 1999, Compaq a racheté le logiciel et Musk a empoché 300 millions $.

On passe aux choses sérieuses

Avec autant d’argent en poche, Musk cofonde la banque en ligne X.com la même année. Celle-ci a fusionné avec Confinity en 2000 pour former PayPal, et a ensuite été rachetée par eBay en 2002 pour 1,5 milliard $. Pour célébrer dignement cette vente, Musk s’achète une McLaren, qu’il a accidenté l’année suivante.

SpaceX

Avec des milliards dans ses poches, Musk s’attaque à l’espace, rien de moins. Il fonde SpaceX, qui se donne comme mission de construire des fusées abordables. C’est ainsi que la société Space Exploration Technologies Corp. est née en 2002. Au cours de ses presque deux décennies d’existence, Musk a réalisé ce qui semblait être l’impossible pour une entreprise privée.

Quatre ans après sa création, SpaceX a entamé une collaboration à long terme avec la NASA. En 2012, le SpaceX Dragon est devenu le tout premier engin spatial de fabrication commerciale à lancer et à amarrer des véhicules à la Station spatiale internationale (ISS). Le 16 avril dernier, la NASA a attribué à SpaceX le contrat d’une valeur de 2,9 milliards $ pour la réalisation d’un atterrisseur lunaire; contrat qui a été résilié le 3 mai à la suite de plaintes des concurrents qui ont perdu le contrat.

Tesla

Vous avez compris qu’Elon Musk aime les paris un peu fous. Après le commerce en ligne et l’espace, pourquoi pas la voiture électrique? Tesla était une jeune pousse en 2003 lorsque Elon Musk décide d’investir 6,5 millions $. Comme plus grand bailleur de fonds, Musk rejoint le conseil d’administration de la société en tant que président. Il supervise le développement du Roadster pour ensuite aller vers d’autres modèles et une usine de batteries pour soutenir la production de voitures.

Climat favorable

Il semble que tout ce que touche Elon Musk se transforme en or. De 2020 à aujourd’hui, la valeur nette estimée de Musk a grimpé à un niveau sans précédent de 120 milliards $ US (contre environ 20 milliards $ l’année précédente). Cela est causé en grande partie à la hausse du cours de l’action Tesla. En mars 2020, le cours de l’action était de 85 $ contre un peu moins de 850 $, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il a caressé le projet de faire un train rapide qui passerait sous l’océan Atlantique pour se rendre en Europe. Et pourquoi pas?

 

 

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