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DES PETITES ANNONCES À TINDER Une histoire de l’art de la cruise

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L’art de séduire a tellement évolué au cours des dernières décennies que même le mot pour désigner l’action a changé d’une époque à l’autre : courtiser, faire la cour, draguer, cruiser et, récemment, faire du « tindering ». Tour d’horizon de l’évolution d’une pratique sociale qui est là pour de bon.

L’époque du chaperonnage

Avant 1900, le père choisit le prétendant de sa fille et lui donne sa bénédiction. Les amoureux se fréquentent pudiquement, toujours sous la supervision d’un chaperon. Il faut attendre que notre entourage nous présente quelqu’un ou alors que le destin place la perle rare sur notre route. Ainsi, les membres de la parenté et les amis servent habituellement d’entremetteurs. Les relations libertines sont sévèrement considérées comme inacceptables au sein de la société.

18e et 19e siècles

Il est difficile de rencontrer une personne du sexe opposé. D’abord, les déplacements et les voyages sont moins fréquents. Le cercle social est donc plus étroit. À cette époque, la société impose aux femmes respectables d’éviter les lieux publics, à l’exception de l’église. Si une femme fréquente seule le théâtre ou la taverne, elle est considérée comme une prostituée.

Vers 1800

Il est difficile de rencontrer une personne du sexe opposé. D’abord, les déplacements et les voyages sont moins fréquents. Le cercle social est donc plus étroit. À cette époque, la société impose aux femmes respectables d’éviter les lieux publics, à l’exception de l’église. Si une femme fréquente seule le théâtre ou la taverne, elle est considérée comme une prostituée.

Vers 1800

Les premières annonces de rencontres dans la gazette font jaser : « Recherche une jeune femme âgée de 18 à 23 ans, de stature moyenne, aux cheveux bruns, aux traits réguliers et à l’œil vif. » Ces annonces sont lues dans les cafés et les tavernes. Novateur, ce type de courtisanerie est audacieux pour l’époque.

20e siècle : la libération sexuelle

Avec l’arrivée des salles de cinéma et de l’automobile, les lieux et les occasions de se rencontrer se diversifient. La période champêtre des « filles de Caleb » s’estompe tranquillement au profit de l’exode vers les villes. Comme Ovila Pronovost, les hommes ne partent plus dans le bois, mais dans les « shops », en ville

1960

L’arrivée du réseau des universités du Québec mixtes crée aussi un endroit idéal pour rencontrer des candidats du sexe opposé. Cette mixité met la table à la révolution sexuelle, qui marque encore l’imaginaire collectif… et dont plusieurs d’entre nous sont issus! Les agences matrimoniales font leur apparition dans la vie des Québécois. Elles promettent à leurs membres de rencontrer l’amour, même si le sujet est un peu tabou.

 

1970 : lieux de rencontres dédiés aux jeunes

Rien de mieux que de se déhancher sur un succès de Donna Summer en patin à roulettes pour taper dans l’œil de son béguin du moment! De plus en plus de jeunes possèdent une voiture… et la banquette arrière, bien vaste, est idéale pour une séance de necking au cinéparc. La drague est plus ouverte que jamais!

1980 : cruising bar

Or, un problème sociosanitaire surgit : une épidémie de SIDA, une maladie mortelle qui est transmissible sexuellement, ce qui freine les ardeurs des rencontres fortuites dans les boîtes de nuit. En 1989, on cherche à rencontrer ailleurs que les bars et les discothèques; ce ne sont plus des lieux privilégiés de rencontres. Même Charles Tisseyre en fait mention au journal télévisé Montréal ce soir!

En 1990, j’étais dans la coalition

Les jeunes commencent à se défaire de l’approche des années 80 pour un style encore plus dépareillé, comme le grunge, mouvement contestataire dont l’icône est Kurt Cobain. L’éducation sexuelle se fait grâce à l’émission Bleu Nuit, diffusée tard en soirée. Les rencontres amoureuses et sexuelles se font de plus en plus jeunes.

L’an 2000 et le speed dating

Tout va plus vite, trop vite. L’innovation arrive à vitesse grand V dans tous les aspects de la vie. On cherche désespérément le partenaire idéal à partir de séances de rencontres rapides : le speed dating. Cinq petites minutes pour donner la meilleure impression de soi-même. Le besoin de performance contamine même notre mode de séduction.

La femme se trouve, l’homme se cherche

L’arrivée d’Internet et des sites de rencontres en ligne

On se réfugie derrière l’écran sur les sites de rencontres, tels que Match.com et Réseau Contact. Plus besoin d’offrir un verre et de faire du « eye contact » jusqu’au slow à la fermeture du bar… pour revenir bredouille à la maison.

Les célibataires du nouveau millénaire sont submergés par une panoplie de techniques de rencontres en ligne, dont les salons de clavardage, les sites dédiés et les groupes Facebook. Qu’ils soient dédiés à des relations sérieuses ou libertines, les sites de rencontres se démocratisent et deviennent l’outil de cruise numéro un. Ainsi commence le règne des couples qui se sont connus sur Réseau Contact.

Toutefois, les technologies créent une nouvelle éthique des techniques de séduction : quoi écrire, quoi laisser croire, quand répondre aux courriels? Mélanie Trudel de chez GoSeeYou, un accélérateur de rencontres pour célibataires sérieux, avoue : « Si tu veux me cruiser en ligne, ne commence pas avec un message du type : ‘’Heille, t’es tellement belle! Comment ça tu es célibataire?’’ T’es mort, mon gars, si tu me dis ça! »

Le coaching amoureux

Les hommes étant en perte de confiance, une nouvelle catégorie d’agences matrimoniales voit le jour : des séances de consultation en séduction et des cours privés de drague. Puisque les femmes sont désormais indépendantes financièrement et travaillent aussi fort, l’homme n’est plus le centre d’attraction.

Les applis de rencontres sociales

Le site Match.com devient l’appli Meetic pour permettre à ses membres de se rencontrer dans différentes activités. Les femmes n’ont plus de temps à perdre à attendre une invitation au cinéma. Elles s’inscrivent à différentes activités sociales de rencontres.

Tinder débarque

En 2012, l’application Tinder débarque et bouscule tout sur son passage. Qui dit nouvelles technologies dit nouvelles approches de séduction. Désormais, pour trouver l’âme sœur, on « swipe » à droite, on « swipe » à gauche les profils d’inconnus qui se trouvent à proximité – on connaît même la distance en mètres, rien de moins.

La nouvelle arme ultime de séduction : des mises en scène qui ne paraissent pas toujours naturelles. La séduction par les applis mobiles permet de filtrer les défauts et de viser la perfection physique, mais un phénomène néfaste surgit : celui de la drague sauvage. Harcèlement, « dickpick », hameçonnage sexuel et sexting non consentant peuvent surgir à tout moment dans les messageries personnelles.

Mélanie Trudel raconte : « Bien à l’abri et anonyme derrière l’écran, les hommes envoient à tout vent des messages d’approche copiés-collés en espérant qu’une femme mordra à l’hameçon, sans penser qu’elles pourraient se connaître. »

2017 : le mouvement #MeToo

Les techniques de séduction ont subi un électrochoc avec le mouvement contestataire #MeToo partout dans les médias sociaux. Depuis, Mélanie Trudel remarque un vent de changement : « L’approche est moins directe, moins provocatrice par les hommes au premier contact. #MeToo a eu un impact direct sur la cruise en ligne. »

2020 : la drague virtuelle, l’avenue privilégiée

La jeune génération née dans la foulée de ces innovations technologiques se tournerait directement vers les applications et le virtuel pour séduire.

Aujourd’hui, on drague en trois étapes : repérer un prospect, traquer son profil sur les médias sociaux, puis lui faire une demande d’amitié. On drague aussi avec des filtres sur les différents médias sociaux (Snapchat, TikTok). Les jeunes ne passent plus spécifiquement par les applications de rencontres.

« Un ‘’selfie’’ juste de soi, c’est trop 2012. Surtout si c’est toujours le même angle », confirme Mélanie Trudel.

« Un ‘’selfie’’ juste de soi, c’est trop 2012. Surtout si c’est toujours le même angle »,

La pandémie et le slow dating

Une nouvelle approche émerge sur les applications : le « slow dating ». Mélanie Trudel explique : « On apprend à se connaître davantage intellectuellement que physiquement. Découvrir l’autre petit à petit et de façon plus intense, c’est positif. »

L’évolution des techniques de cruise est aussi rapide que le mode de vie moderne : ce qui était cool en 2015 est dépassé en 2020. Cela laisse présager qu’une nouvelle technique arrivera sous peu – surtout une fois que la pandémie sera derrière nous…

Un sujet à suivre dans un futur numéro de SUMMUM!

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