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Pur Génie : TV Dinner

Chroniqueur Michel Bouchard
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Dès le premier jour où la télévision a envahi les chaumières nord-américaines, il est quasi certain que les gens ont immédiatement eu l’idée de manger en regardant leur programme favori.

Il faut savoir qu’alors que la télévision en était à ses premiers pas, il n’y avait pas une multitude de postes et on ne diffusait qu’en raison de 4 ou 5 heures par jour, en fin d’après-midi et en début de soirée. Donc pour regarder la télévision, il fallait être devant cette dernière à l’heure du souper. Devant ce fait, des gens ont eu une idée brillante : créer des repas du soir spécialement élaborés pour permettre une dégustation devant le téléviseur. Il fallait être un pur génie!

L’année 1949 marque le lancement des repas congelés à réchauffer dans des plateaux compartimentés, de l’initiative de Meyer et d’Albert Bernstein. L’idée connaît peu de succès et reste dans l’anonymat… jusqu’à l’apparition du TV Dinner.

C’est à la suite d’un festin de l’Action de grâce que le premier TV Dinner a vu le jour.

En 1952, les Swanson, qui opéraient une entreprise spécialisée en alimentation, se retrouvent avec un léger surplus de dinde au lendemain de l’Action de grâce. Le léger surplus en question se traduit ici par 520 000 livres excédentaires. Ça fait de la dinde en tah! Obligés de stocker le tout dans des wagons réfrigérés le temps de trouver la meilleure idée, les Swanson demandent à leur personnel des solutions potentielles.

Parenthèse semi intéressante : avant d’aller plus loin, il faut revenir en 1923 pour voir les balbutiements en matière de repas surgelés, par un certain Clarence Birdseye. Le beau Clarence met au point un système d’emballage et de « surgelage » rapide de la nourriture. Fin de la première parenthèse semi intéressante.

L’idée mise de l’avant : celle de s’accaparer l’invention des repas surgelés. On élabore donc savamment un menu tout ce qu’il y a de plus festif : un boutte de dinde, de la sauce brune, une farce de pain de maïs, des patates douces, des pois verts, une splouche de beurre sur les patates et les pois.

Le succès a été instantané, pas moins de 10 millions de boîtes s’écoulent lors de la première année de commercialisation. Ça en fait de la sauce brune gluante ça.

Rapidement, les menus évoluent. D’une assiette de dinde toute simple, on passe aux raviolis à la courge, au poulet au coco, au bœuf braisé aux champignons portobello et bien d’autres encore. Puis, plus récemment, on passe aux repas biologiques, aux repas sans gluten, aux repas pour les gens aux prises avec des allergies…

Fait amusant… Les créateurs de ces fameux repas Swanson recevaient des lettres de maris frustrés de voir que leurs épouses ne concoctaient pas des repas comme le faisaient leurs mères et que c’était un danger de voir ces épouses s’habituer à l’idée de la même liberté que les hommes.

Dans les années 60, devant une baisse légère des ventes, on apporte une modification aux TV Dinner : le dessert! Le petit brownie ajouté au plateau relance le produit.

Pour élargir leurs parts de marché, la compagnie se pose une solide question : comment faire en sorte que les gens mangent des repas surgelés à d’autres heures de la journée? Simple : en changeant le nom, si on dit Dinner (souper, en anglais), on indique aux gens que ce n’est pas pour un autre repas. On lance donc, en 1969, les Swanson Breakfasts.

À l’image des américains, on élargit les portions au tournant des années 70. On vise l’homme affamé. Celui qui rentre de sa journée de travail en ayant mal au dos.

Un des fameux plateaux d’aluminium a sa place au National Museum of American History, le TV Dinner est une preuve de la pop culture. L’inscription ajoutée dit que le TV Dinner est symbole d’un changement dans la manière dont les américains pensent la nourriture.

En 2008, on offre un TV Dinner à 30 $ dans lequel se trouve un poulet frit élevé en liberté, un macaroni au fromage avec du vrai asiago et du vrai parmesan et un porc braisé dans du pinot noir… Le tout dans un plateau en porcelaine. Chic!

 

Encore pire, pour un prix se situant entre 500 $ et 800 $, il est aussi possible, depuis l’an dernier, de se payer un TV Dinner dans lequel un grand chef a composé un mix des plus élaborés composé d’escalope de saumon, de turbot, d’huîtres et de queue de homard pochée dans le Dom Perignon. Le tout avec des truffes, du caviar et une garniture d’or 24 carats. Quand on dit chier de l’or, c’est ça.

Malgré toutes ces belles innovations, le TV Dinner a connu une importante baisse de popularité au cours de la dernière décennie, sans doute en lien avec la chute marquée dans le monde du fastfood. Avec des repas peu invitants dans lesquels on retrouve des calories et du gras à la pocheté, c’est un peu normal. C’est aussi la montée en flèche des repas préparés dans les épiceries qui a damé le pion au TV Dinner.

Différentes variants ont ensuite été rendus disponibles sur les tablettes des épiceries. Par exemple, les soupes repas en canne de type Chunky. On a probablement trouvé l’origine de l’appellation soupe repas… Parce que si tu manges une Chunky au dîner… tu soupes-repas!

L’Américain moyen mangeait, à la fin de la première décennie des années 2000, environ 72 repas surgelés de type TV Dinner par an.

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