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L’âge d’or du balado

Chroniqueur Maxime Johnson
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Longtemps considéré comme un média de niche, la baladodiffusion connaît présentement un véritable âge d’or, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde. Que l’on s’intéresse à l’histoire, au monde criminel, à la techno, au sport ou aux enjeux de société, il y a toujours quelque chose de plus à écouter. Retour sur cette tendance à ne pas rater.

Un lent début

Une émission audio qu’il est possible de télécharger sur Internet et d’écouter à sa guise : le concept de baladodiffusion en soi n’est pas particulièrement novateur. Déjà dans les années 90, plusieurs émissions de radio internet auraient d’ailleurs pu être considérées comme des baladodiffusions, si le mot avait existé.

Le développement et l’adoption de plusieurs technologies ont toutefois entraîné la (lente) transformation de ce média. L’arrivée des fils RSS au début des années 2000 a par exemple permis aux créateurs de pousser leurs nouveaux contenus vers leurs abonnés, plutôt que d’espérer que ceux-ci visitent leurs pages web à la recherche du dernier épisode à écouter.

Plus que tout, l’arrivée de l’iPod et la démocratisation des baladeurs numériques ont facilité l’écoute de ces fichiers. Profiter d’une heure de musique devant son ordinateur est une chose, mais se concentrer sur une émission parlée en est une autre. L’iPod que l’on transportait avec nous dans nos déplacements a complètement changé la donne.

C’est d’ailleurs le baladeur d’Apple qui a inspiré le nom anglophone de la baladodiffusion, podcast. Le terme, proposé pour la première fois en février 2004 par le journaliste Ben Hammersley, a rapidement gagné en popularité. Il est passé de 24 occurrences sur le moteur de recherche Google en septembre 2004 à plus de 100 millions douze mois plus tard.

Boom anglophone

La popularité des baladodiffusions n’a jamais cessé de croître par la suite. D’un côté, l’arrivée sur le Web d’émissions de qualité, comme This American Life, a donné au média ses lettres de noblesse. De l’autre, la démocratisation des téléphones intelligents a fait exploser le nombre d’auditeurs potentiels.

Pendant 10 ans, le média était toutefois considéré comme quelque chose pour les mordus de radio, mais qui ne s’adressait pas au grand public. Parmi les autres gros succès de l’époque, notons le Ricky Gervais Show, du comédien britannique Ricky Gervais et Planet Money du réseau NPR.

La situation a finalement changé en 2014, avec la sortie de l’enquête Serial. Avec plus de 400 millions de téléchargements à ce jour, Serial est à la baladodiffusion ce que l’univers Marvel est aux films de superhéros. La popularité de Serial a entraîné un véritable effet boule de neige. Désormais, la baladodiffusion est considérée comme un média à part entière, qui mérite qu’on y investisse du temps. Ceux qui écoutent des balados le font d’ailleurs beaucoup : en moyenne, les utilisateurs actifs en écoutent pendant plus de six heures par semaine.

Que ce soit sur des plateformes comme Apple Podcast, Google Podcast ou Spotify – des applications qui sont probablement déjà sur votre téléphone –, on retrouve désormais 700 000 émissions actives, avec plus de 29 millions d’épisodes à télécharger.

Et comme dans tous les autres médias, il y a désormais des baladodiffusions pour tous les goûts. Des émissions pour les amateurs d’actualités (l’excellent The Daily, du New York Times), pour les amateurs de hockey (Spitting Chicklets, qui arrive à interviewer des joueurs aussi demandés que Nathan MacKinnon et Sidney Crosby) et même du contenu coquin (le populaire Call Her Daddy, qui figure constamment parmi les baladodiffusions les plus écoutées).

Désormais en français

Même s’il aura fallu attendre plus longtemps qu’ailleurs, les baladodiffusions originales québécoises commencent aussi à gagner en popularité au Québec. Des émissions existent depuis des années, mais tous les gros joueurs l’ont maintenant adoptée, comme Radio-Canada et Québecor.

Ici aussi, il y en a pour tous les goûts, de l’histoire (Les pires moments de l’histoire, Aujourd’hui l’histoire), des enquêtes (Synthèses, Trafic), et de la musique (Pourquoi Julie?) et plus. Pour les nouveaux auditeurs qui commencent à peine à découvrir ce média, la question la plus difficile à répondre est maintenant : par où commencer?

Tout ce qu’il faut pour son balado

Vous avez quelque chose à dire qui mériterait d’être entendu ? Voici le matériel et les outils dont vous aurez besoin pour enregistrer et diffuser une baladodiffusion digne des meilleures séries.

Un bon microphone

Comme à la radio, la voix est au cœur d’une baladodiffusion. Aucun artifice visuel ne peut la masquer. Toute l’attention de l’auditeur est portée sur cette dernière. Choisir un microphone d’une bonne qualité est donc primordial.

On suggère : Yeti Blue

Le Yeti Blue est l’un des microphones les plus populaires chez les créateurs de baladodiffusions et ce n’est pas pour rien. Il se branche directement dans la prise USB de votre ordinateur, sa qualité est très respectable et il offre plusieurs modes d’enregistrement, pour ne capter par exemple que vous, pour enregistrer les sons tout autour ou pour cibler l’enregistrement sur vous et votre invité. Son prix de 160 $ est aussi raisonnable pour un appareil du genre.

Aussi à considérer : Zoom H1n

Vous n’enregistrez peut-être pas toujours votre balado assis autour d’une table. L’enregistreur Zoom H1n (130 $) offre des microphones d’une bonne qualité et permet de capter voix, musique et ambiance sonore, peu importe où vous êtes. À considérer, selon le type d’émission que vous produisez.

Un logiciel audio

Un logiciel audio est nécessaire pour enregistrer son émission, mais aussi pour effectuer un montage par la suite. Bien qu’il soit possible de le faire avec un téléphone intelligent, un logiciel pour PC ou Mac devrait offrir une plus grande flexibilité et permettre de peaufiner son travail avec plus de précision.

On suggère : Audacity

Audacity est un logiciel audio complet, offert sur Mac, PC et Linux. Ce dernier permet d’enregistrer et de monter, mais il est aussi offert avec une multitude d’extensions à télécharger, qui permettent de créer des effets sonores plus poussés, par exemple. Le logiciel n’est pas le plus convivial de tous, mais il est gratuit et ouvert, ce qui en fait une option intéressante pour ceux qui veulent limiter leurs dépenses.

Aussi à considérer : Adobe Audition

Si le prix n’est pas un problème, le logiciel professionnel Adobe Audition est la solution à privilégier. On apprécie particulièrement ses outils de correction, qui permettent d’améliorer automatiquement la qualité sonore d’un fichier en éliminant certains bruits ambiants. À 239,88 $ US par année, Audition est toutefois particulièrement cher, surtout à long terme.

Un habillage sonore

Musique d’intro, effets sonores pour marquer une transition, musique d’ambiance qu’on utilise pour souligner un moment important : un bon habillage sonore ne se remarque pas toujours, mais il est essentiel pour réaliser une émission d’une grande qualité. Idéalement, payez un professionnel qui pourra vous produire une création unique. Si votre budget ne le permet pas, ces services en ligne pourraient toutefois vous être utiles.

On suggère : Soundstripe.com

Soundstripe offre des milliers de pièces musicales, qu’il est possible de classer selon l’humeur, le genre, la vitesse, les instruments et beaucoup plus. L’abonnement coûte 19 $ US par mois, mais les chansons que vous choisissez peuvent être utilisées à perpétuité, même si vous cessez votre abonnement après seulement un mois.

Aussi à considérer : Soundsnap.com

Pour les effets sonores, optez plutôt pour Soundsnap.com, qui rassemble plus de 250 000 effets créés par des designers professionnels (ceux qui ont réalisé les effets pour des films comme The Dark Knight et Baby Driver, par exemple). On paye ici à l’utilisation : 15 $ US pour cinq téléchargements, ou 29 $ US pour 20 téléchargements.

Une plateforme d’hébergement

Une fois que votre épisode est à votre goût, vous devrez le mettre en ligne et le diffuser sur les plateformes comme Apple Podcast, Spotify, Google Podcast et Stitcher. Ici, deux choix s’offrent à vous : utiliser un service automatique payant ou tout effectuer à la main.

On suggère : Podbean

Aussi à considérer : Archive.org

Ceux qui recherchent une façon gratuite de diffuser leur baladodiffusion peuvent la mettre en ligne sur le site archive.org. Vous devrez ensuite créer un site, une adresse RSS et vous enregistrer manuellement sur chacune des plateformes où les gens écoutent leurs baladodiffusions.

De bonnes statistiques

Analyser les statistiques d’écoute de sa baladodiffusion permet d’en apprendre plus sur ses auditeurs et sur les moments faibles de ses épisodes. Mais encore faut-il savoir où chercher.

On suggère : Apple Podcast Analytics

En plus d’être la plateforme la plus populaire pour l’écoute de baladodiffusions, Apple Podcast est probablement l’outil offrant les statistiques les plus complètes. L’onglet Episode Overview est particulièrement intéressant, puisqu’il permet de découvrir quand vos auditeurs abandonnent votre épisode (et ainsi corriger votre façon de faire par la suite). L’outil est offert gratuitement à partir du site itunesconnect.apple.com.

Aussi à considérer : Spotify for Podcaster

Le service de musique par abonnement Spotify essaie depuis quelques années de s’imposer sur le marché des baladodiffusions. Son outil d’analyse statistique mérite d’être consulté puisqu’il offre un aperçu intéressant de qui sont les utilisateurs, et même quelle est la musique qu’ils écoutent. Voilà qui pourrait être pratique quand vient le temps de choisir des chansons pour l’habillage sonore de ses épisodes.

Un service tout-en-un

On suggère : Anchor.fm

Anchor impressionne par la quantité de fonctionnalités proposées. Enregistrer et monter son épisode est simple, tant sur PC que sur téléphone, et l’application mobile permet même d’enregistrer avec un animateur ou un invité à distance. Le service est complètement gratuit, mais l’entreprise conserve une partie de vos revenus lorsque vous monétisez vos baladodiffusions. Notez que vous devez aussi céder une partie de votre contrôle, ce qui vous empêche par exemple d’accéder à vos statistiques sur les plateformes comme Apple Podcast.

Aussi à considérer : Speaker

Un autre service qui permet à la fois de créer sa baladodiffusion, de la mettre en ligne et de la publiciser. La version gratuite du service est toutefois très limitée, et il faut payer de 7 $ US à 50 $ US par mois pour profiter des fonctionnalités avancées.

Coups de cœur

À chacun son stabilisateur

Les caméras comme celles que l’on retrouve dans les téléphones intelligents permettent désormais de filmer des images d’une grande qualité. Surtout si elles sont stables. Tremblez devant ces suggestions, tout en en conservant un souvenir net!

DJI Osmo Mobile 3

Lorsque l’on bouge un peu, pour suivre son sujet, l’image saute et devient rapidement désagréable. L’Osmo Mobile 3 de DJI règle ce problème en permettant de filmer une image d’une fluidité exemplaire avec n’importe quel téléphone.

Prix : 129 $

GoPro Karma Grip

Les caméras GoPro permettent de créer des vidéos subjectives époustouflantes, mais le stabilisateur mobile Karma Grip s’assure que vous pourrez aussi suivre vos amis de près et les filmer en toute douceur. L’appareil intègre différentes commandes, pour activer l’enregistrement de sa caméra Hero5, 6 ou 7, ou modifier l’angle de vue, par exemple.

Prix : 399 $

DJI Ronin-SC

Nikon, Canon, Sony, Fujifilm : peu importe la marque de votre appareil photo sans miroir, le stabilisateur Ronin-SC de DJI vous permettra de réaliser des vidéos d’allure professionnelle. Le stabilisateur peut aussi être utilisé en mode trépied, pour créer des films en accéléré et des panoramas. Plusieurs accessoires peuvent aussi être ajoutés, pour ajuster la mise au point ou y installer un téléphone intelligent, par exemple.

Prix : 469 $

(Article publié dans l’édition #167 décembre/janvier 2020 – www.boutiquesummum.com)

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